Un Villain resplendissant

Le club de Birmingham peut miser sur son feu follet, nouvelle coqueluche anglaise.

Une révolution est en marche dans le foot anglais. Le Big Four (Arsenal, Chelsea, Liverpool et Manchester United) est tout doucement en train de devenir le Big Five car, depuis l’arrivée de Martin O’Neill en août 2006, Aston Villa ne fait que grandir et pointe actuellement son nez entre Manchester United et Arsenal.

Le club de Birmingham le doit certainement à son sorcier écossais mais aussi à ses jeunes pousses anglaises. Aston Villa, au contraire des autres grosses écuries de Premier League, a décidé de miser sur le produit local, au point d’être devenu un des clubs préférés des Anglais. L’attaquant Gabriel Agbonlahor a ouvert la voie. Ont suivi Luke Young et James Milner (transféré cet été de Newcastle). Mais c’est l’autre Young, Ashley qui affole les compteurs. Dernièrement, c’est le Real Madrid qui était prêt à délier les cordons de la bourse (25 millions d’euros) pour s’attacher les services du nouveau chouchou des Anglais. Celui qui, avec David James était le seul à intégrer l’équipe type de la Premier League 2007-2008 sans faire partie d’un club du Big Four.

Car Ashley Young a tout pour plaire. A 23 ans, il a un jeu qui passionne les supporters des Villains par ses débordements, dribbles, percussions et surtout sa vitesse. Sur le flanc, difficile de faire mieux hormis Cristiano Ronaldo. Sa gueule d’ange a déjà attiré les tabloïds qui n’ont pas manqué de dégoter une de ses anciennes conquêtes, qui, convaincue par les liasses sonnantes et trébuchantes, n’a pas hésité à déballer les frasques sexuelles de son étalon d’un soir. C’est bon signe : c’est le début de la notoriété.

Young plaît car il allie technique et coffre physique.  » Quand j’étais jeune « , affirme-t-il,  » le boulot de l’ailier c’était de baisser les épaules, de descendre la ligne, et de centrer le ballon. Aujourd’hui, il faut aussi qu’on fasse des gestes techniques, qu’on repique vers l’intérieur, vers l’extérieur, etc.  » Et son parcours est à l’image de ce qu’il est sur un terrain : volontaire. Comme lorsqu’à l’école on lui demanda quel métier il voulait faire.  » Footballeur « , répondit-il.  » Et si cela ne fonctionne pas ? », renchérit la maîtresse d’école.  » Cela fonctionnera car je ne veux rien faire d’autre. « 

Volontaire comme lorsqu’il fut recalé au centre de formation de Watford. Mais il persista à vouloir évoluer pour les équipes de jeune de ce club. Et avec courage, il força les portes de l’équipe première. Avec un but pour ses débuts en 2003 contre Milwall, équipe robuste de la banlieue londonienne.

 » Êtes-vous sûr d’être Steve McClaren ? (ex-sélectionneur anglais) « 

Une fois dans l’équipe, plus question de lui prendre sa place. Entre 2003 et 2007, Young, ailier moderne, parfois considéré comme attaquant, parfois comme médian, allait empiler 32 buts en 87 matches. Il participa à la promotion des Hornets en 2006. Avec Watford, il découvrit donc le haut niveau mais aussi les aléas de la lutte pour le maintien. Pas bien longtemps car la carrière de Young ressemble à une marche triomphale. Quatre mois après ses débuts en Premier League, les offres affluaient. West Ham proposa 15 millions mais il choisissait les 12 millions d’Aston Villa car il voulait à nouveau éviter de lutter contre la relégation.

Le 31 janvier 2007, premier match sous la vareuse d’Aston Villa. Et comme avec Watford, il marqua le coup en trouvant le chemin des filets. La consécration arriva par la magie d’un coup de téléphone fin août 2007.  » Ashley, c’est Steve McClaren ( NDLR : l’ancien sélectionneur anglais) « . Réponse :  » Etes-vous sûr qu’il ne s’agit pas d’une blague ? ». En voiture, Young gara sa BMW série six et resta 20 minutes sur le bas-côté à s’en remettre et à appeler toute sa famille. Il dut cependant attendre le 16 novembre 2007 pour fêter sa première entrée au jeu contre l’Autriche. Et fait bizarre : pour son premier match, il ne marqua pas. Depuis lors, il n’a plus quitté le noyau de l’équipe à la Rose.

Bref, de quoi en faire l’idole de sa petite ville (Stevenage) et de son ancien collège (le John Henry Newman School) ? Ben non. Car, Young a fait toutes ses classes avec un autre surdoué du sport, Lewis Hamilton, le dernier champion du monde de F1, plus vieux que lui de six mois. De là à être un grand pote…  » Il fait ce qu’il doit faire et j’en fais de même « , explique-t-il aujourd’hui. Sans commentaires. Il se borne donc à incarner la fierté de sa famille : un père jamaïcain (fervent supporter de Tottenham alors que son gamin préférait Arsenal et plus particulièrement Ian Wright), une mère anglaise et deux frères qui évoluent au centre de formation de Watford. Manifestement, chez les Hornets, on tire les leçons du passé…

par stéphane vande velde – photo: reporters

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