Un vestiaire toujours à fond

Monologue du coach des Canaris.

J acky Mathijssen :  » Nous nous sommes appuyés cette saison sur les acquis de la précédente à une nuance près : là où nous alignions deux attaquants, nous en avons souvent placé trois, ce qui a empêché notre adversaire d’entrer dans le match. Il peut sembler bizarre qu’une option offensive constitue une arme défensive. Je m’explique. En Belgique, peu d’équipes peuvent compter sur leurs défenseurs centraux pour relancer le jeu. La majorité des actions se déroulent par les flancs. Si ceux-ci sont paralysés, il faut procéder par longs ballons. Or, nous avons des défenseurs capables de s’occuper de ces ballons. Cette tactique, facilitée par la présence d’automatismes, nous a permis de signer un parcours brillant, surtout au premier tour. J’étais évidemment conscient que nous ne tiendrions pas ainsi toute l’année : nos adversaires ont analysé notre équipe et trouvé des parades.

Un autre atout, c’est qu’à St-Trond, chacun court et travaille de bon c£ur pour les autres. Il faut veiller à la pérennité de cette mentalité car elle a fait la force de cette équipe. Nous avions assuré le spectacle la saison passée aussi. C’est finalement un choix délibéré, même si les points priment. Je prône généralement un football offensif mais je ne suis pas naïf : je peux mettre le verrou aussi. Soyons clairs : les supporters veulent des victoires. Une fois les points obtenus en nombre suffisant, les qualités de certains joueurs frappent les imaginations.

Quand j’étais gardien ici, je pensais souvent : – Ils peuvent beaucoup mieux que ce qu’ils montrent. Finalement, nos bons résultats ont libéré les joueurs et les ont révélés aux yeux du public. Défensivement, nous avons pris plus de risques, car nous avions de bons arrières. Nous avons plus de possibilités offensives, ainsi « .

Les joueurs

 » Bram Vangeel a émergé cette saison. L’année dernière, je pense qu’on ne parlait guère de lui, dans les rangs adverses, dans la préparation des matches contre nous. Cette saison, on a relevé ses points forts et ses faiblesses. En championnat, Lommel et La Louvière ont carrément mis un homme sur Boffin. Cela n’a marché que pour Lommel.

En général, nous sommes parvenus à nous créer des occasions et à marquer. Nous avions une réponse à toutes les situations simples. Neutraliser Boffin n’a jamais suffi à paralyser St-Trond. Evidemment, aussi longtemps qu’il a été à son meilleur niveau (ce dont certains doutaient après le Mondial), nous avons joué sa carte. Quand ça ne marchait pas, nous avons pu nous adapter et confier plus de responsabilités à d’autres.

Tous nos attaquants ont des occasions de s’illustrer, Marcos Pereira peut-être un peu moins au début, mais il y avait une bonne raison : le forfait de Thomas Caers à l’arrière droit, avec qui il était très complémentaire.

DésiréMbonabucya est un bon avant, capable de jouer et de marquer dans n’importe quelle équipe. Il sait se démarquer, attaquer, jouer en profondeur. Il faut juste que le ballon arrive près de lui car le lancer n’est pas efficace. C’est pour ça qu’il jouerait encore mieux dans une meilleure équipe.

L’année dernière déjà, nous avions bien joué contre les grandes équipes, sans toujours faire la différence. Nous avons connu plus de succès cette fois, contre Bruges, contre Anderlecht… Même contre des équipes dans un bon jour, nous avons été capables de contrer efficacement. Le club a bien sûr fait une fixation sur la Coupe de Belgique. Le président la voulait absolument et je n’appréciais pas parce que notre vestiaire vit chaque jour à fond.

Nous avons toujours pris tout ce qu’il y avait à prendre car compter est dangereux. L’année dernière, nous étions à une victoire de la finale et nous avons échoué. Pareil pour l’Intertoto. Notre huitième place et nos 53 points û un record pour le club û avaient généré une certaine euphorie. Il nous a fallu trois semaines pour la dissiper. C’était trop.

Le départ de Davy Schollen n’a pas endormi Dusan Belic, même s’il aurait pu éviter certains buts. Je sais évidemment que ça arrive à tout le monde mais Dusan doit tout faire pour arrêter ces ballons. A son âge, il est meilleur sans une doublure de son niveau.

Je n’ai pas été un grand gardien mais j’ai toujours essayé de trouver des solutions avant que le danger ne surgisse, en dirigeant les autres, en anticipant rapidement. Si j’ai une meilleure vision du jeu parce que je voyais tout du but ? C’est différent, en tout cas. Quand je pense l’occupation de terrain, je pars toujours de mon ancienne perspective. Je joue vers le haut et je pense vraiment haut. A mes yeux, l’équipe joue toujours du bas vers le haut. D’ailleurs, notre tableau est vertical, pas horizontal « .

Le coaching

 » Je suis capable de jauger la dureté de mes entraînements : je suis régent en éducation physique. J’ai toujours su comment organiser une préparation physique et les cours d’entraîneur m’ont confirmé que j’avais raison. En plus, nous avons Eric Roeckx, qui est à la disposition du noyau A le lundi et le mardi. C’est un professionnel. Nous sommes une des meilleurs équipes du championnat, sur le plan physique.

Ma formation m’a appris à me présenter devant un groupe. Peu importe qu’il s’agisse d’enfants, de footballeurs ou d’adultes, j’ai appris à quoi je devais prendre garde, combien de temps parler à quelqu’un… Pourtant, il y a deux ans et demi, passer d’un vestiaire à l’autre a été difficile. Mon genou était guéri, je m’étais donné à fond pendant la préparation hivernale et j’avais envie de jouer. Mais il fallait une solution : Guy Mangelschots ne voulait plus entraîner et Jules Knaepen ne pouvait se débrouiller seul. De qui avait-on le moins besoin ? Mes qualités de gardien venaient peut-être en second lieu.

Je n’ai jamais eu de modèle, ni comme gardien ni comme entraîneur. Je ne prends pas de notes et je ne retiens des entraîneurs que ce qui m’énerve, afin de ne pas reproduire ces schémas. Ainsi, je n’affiche jamais un papier avec la sélection lors du dernier entraînement. J’explique tout sur le terrain. Peut-être en serai-je un jour réduit à afficher ce papier avant de m’enfuir mais jusqu’à présent, j’ai toujours pu expliquer clairement ce que je pensais. J’insiste sur le je car il s’agit de ma vérité, pas de la vérité absolue. D’autres peuvent avoir une opinion différente, tout aussi valable.

Tactiquement, j’estime qu’il faut tenter d’être dominant, en alignant chacun de façon à ce qu’il s’épanouisse. A l’examen d’entraîneur, on m’a demandé mon système préféré. Je n’ai rien inscrit. Le style de jeu dépend du matériel dont on dispose. Je ne sais pas combien de points ça m’a coûté !

Ma plus grande satisfaction, c’est qu’on ne pourra jamais dire que j’ai freiné la progression du club. Celle-ci était à mes yeux une de mes missions les plus importantes, dès mon arrivée. Il faut rester dans le G14, aménager le stade en fonction des normes requises et accroître le confort des sponsors, malgré la récession économique. Finalement, l’équipe a été un moteur pour ce club « .

Peter T’Kint

 » Le président exigeait la Coupe :

je n’appréciais pas trop ça car c’était devenu une idée fixe « 

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