UN SYSTÈME À DEUX TÊTES
» Ce n’est pas une mafia. Il y a plein de clubs qui respectent les règles, mais dans le monde du football il vaut toujours mieux se taire « , explique Marc*. Des paroles d’évangiles qui reviennent souvent quand on s’adresse aux présidents de clubs du royaume. Se faire discret pour ne pas attirer l’attention. Autre méthode d’auto-défense traditionnelle : » Quand on voit des scandales comme Publifin et la fuite des capitaux qu’il y a dans tant d’autres domaines, je me demande parfois pourquoi on s’acharne sur le foot amateur « , signé Pierre*. Pareil pour Luc* : » Il faut arrêter de stigmatiser le foot amateur. Il n’y a pas de noir… ou pratiquement pas. »
Le noir est pourtant monnaie courante depuis des décennies dans le foot amateur. Il suffit pour s’en convaincre de se pencher sur les revenus plafonds imposés pour comprendre qu’ils ne coïncident pas avec de nombreuses rétributions évoquées. Fréquemment victime consentante des pratiques frauduleuses de son » employeur » de président, le footballeur amateur reste le fruit d’un système à deux têtes.
Rémunéré aux points. Soumis au précompte libératoire (16,5 % pour les moins de 26 ans, 33 % pour les plus de 26 ans) ou défrayé en frais réels, notamment aux kilomètres. Employé classique ou soumis à une convention de volontariat. Deux écoles, deux politiques de transparence mis en lumière par la récente affaire opposant le RFC Liège à Châtelet-Farciennes en D2 amateurs.
Si le CBAS a repoussé l’action en opposition du Matricule 4 par rapport au dossier de licence du champion, qui avait été avalisé par la Commission, les questions d’ordre éthique entourant l’affaire sont toujours bien d’actualité.
Concrètement, le RFC Liège s’offusquait de voir un club concurrent ne pas être soumis aux mêmes lois fiscales. Et pour cause, puisqu’en accumulant les conventions de volontariat, le club carolo a trouvé le moyen d’éluder cotisations sociales et précompte professionnel de vigueur pour tout employeur.
En Belgique, un club qui fonctionne comme Châtelet, sans employé réel mais avec des volontaires, ne peut défrayer ses joueurs qu’à hauteur de 1350 euros par an en plus des indemnités de déplacement. Ces dernières sont limitées à 2000 kilomètres annuels. Alors qu’un club soumis au précompte libératoire ne se verra plafonner qu’à partir de 8635 euros. Un monde de différence qui, s’il n’empêche pas l’argent au noir de circuler, crée des différences importantes entre ceux qui cotisent auprès de l’ONSS et les autres.
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