Un succès à savourer

Pierre Bilic

Emilio Ferrera et Michel Preud’homme ont joué aux échecs durant 90 minutes.

Le coach des Coalisés était aux anges après le succès de ses troupes face au Standard. Cette victoire mettait un terme à des doutes et à une semaine difficile. La défaite encaissée sur les terres d’ Enzo Scifo avait fait mal.

« J’ai cru que c’était la crise en lisant la presse », dit Emilio Ferrera. « Je n’en revenais pas et j’ai même senti des doutes autour de moi, dans le groupe. La presse avait raison de dire que le RWDM avait été battu quatre fois. Si on s’en tenait à ces chiffres-là, c’était gênant. Mais, moi, je devais bien sûr inscrire ce bilan dans le temps. Il y a trois mois, le RWDM était dans le rouge. Ce n’est plus le cas et c’est ce qu’il fallait mettre en exergue malgré de récentes défaites. Au fil de son redressement, le RWDM a peut-être oublié le chemin parcouru. Or, c’était à force de volonté et de travail que nous avions quitté la zone dangereuse. Nous avons oublié cette évidence avant de penser d’abord à produire un beau football. C’était une erreur: le RWDM n’a pas les armes pour ce genre d’exercice. Il fallait retrouver à tout prix les recettes de notre renouveau: agressivité, organisation, présence dans les duels, motivation, etc. En semaine, j’ai répété tout cela mille fois afin de briser la spirale négative. Maintenant, il faut savourer ce succès tout à fait mérité. Pour moi, il n’y avait pas photo, surtout après le repos. Le RWDM ne doit rien à personne et j’ai aussi utilisé les armes qui me furent offertes par le Standard ».

Promenade de santé?

Le Standard a fait reporter le match au GBA, car plusieurs joueurs étaient retenus pour la CAN mais n’en a pas fait autant pour le voyage au RWDM. A Molenbeek, le coach a expliqué à ses troupes que c’était une façon de ne pas les tenir en haute estime.

« Excellent pour la préparation mentale », dit Emilio Ferrera. « On a la rage quand on en découd face à un club qui s’attend à une promenade de santé ».

Michel Preud’homme a tout de suite réagi à cette remarque: « C’est faux, le match au GBA se situait dans un autre contexte. J’ai dû prendre ma décision dix jours avant GBA-Standard. Pour le RWDM, j’avais une vision plus globale de mon effectif. Tout le monde utilise ces stratagèmes. Emilio a dit à la presse que le Standard ne terminerait que cinquième à la fin de ce championnat. J’en ai aussi parlé.

La vérité du match se situe tout de même ailleurs: sur le terrain. J’étais plus ou moins satisfait de la première mi-temps mais le Standard est ensuite hélas retombé dans de vieilles habitudes. Nous avons reculé, cédé du terrain face à toute une équipe qui a mis le paquet dans l’engagement physique. Mais je dois dire que Kris Vandeputte a réalisé l’exploit du match en sortant dans les pieds de Gonzague Vandooren.

Le fait de ne pas avoir joué la semaine passée ne constituait pas un problème. Le championnat est régulièrment arrêté pour les besoins de l’équipe nationale ».

Pas de cas Kolotilko

Ferrera avait promis des surprises: la présence d’ Alexandre Kolotilko sur le banc en fut une très grosse. On a dit qu’il avait eu une explication orageuse avec son coach en cours de semaine.

Ferrera dément: « Si les joueurs avec qui je me dispute devaient s’asseoir sur le banc, je n’aurais finalement plus personne sur le terrain ». Le Russe souffrait des adducteurs et cela explique son absence dans l’équipe de base.

« Il est vrai que j’avais envie d’essayer autre chose », dit Emilio Ferrera. « Je m’attendais à voir un duo Eric Van Meir Laurent Wuillot au centre de la défense du Standard. Kolotilko allait tenter de passer en force à travers ce mur liégeois. Le Standard n’attendait que cela. Je voulais avoir plus de finesse dans notre jeu. Ivica Jarakovic pouvait m’offrir cet élément de surprise. Jarakovic a utilisé sa tête et signé deux assists. Quand j’ai vu que Rabiu Afolabi jouait à la place de Wuillot, je n’ai pas changé ma conception. Il fallait poser des problèmes techniques à une défense de fer mais qui peut avoir des problèmes dans la circulation au ras du sol ».

A travers ce succès, le RWDM a retrouvé du souffle et a même découvert que le succès était possible sans Kolotilko.

« Une équipe ne se résume pas à un seul homme », conclut Emilio Ferrera. « Si nous ne pouvions compter que sur Kolotilko, ce serait très dur. Alexandre fait partie d’un groupe. Nous nous sauverons ensemble. Nous avons atteint la barre des 20 points. Qui aurait pu y penser en septembre? Alors, quand on me parle de crise, je cite mes chiffres ».

Dias 1 et 2

Pierre Bilic

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