Un Scholes en dreadlocks

Voici pourquoi Manchester United tient la première star brésilienne de Premier League.

Il ne possède pas la même palette d’arabesques techniques que Ronnie, ou le dribble rectiligne de Kakà, et certainement pas le sens du but clinique d’un Ronaldo (période Liga…). Manchester United ne s’en est toutefois pas offusqué. L’été dernier, pour acquérir le meneur de jeu du FC Porto, alors âgé de 19 ans, les Red Devils ont sorti les biffetons. Prix de la transaction : 30 millions d’euros. Anderson, petit gabarit d’1,76m, tout en muscles, n’a pas tardé à faire son trou sur le vieux continent. Bon à tout faire de l’entrejeu mancunien, il a comme particularité de n’avoir jamais évolué en D1 brésilienne. Avant d’atterrir sur la péninsule Ibérique, ses antécédents avaient pour nom Porto Alegre et le club de Gremio qui végétait alors en D2, et où un certain Ronaldinho a effectué toutes ses classes.

Son premier titre de noblesse, c’est en 2005 qu’Anderson l’acquiert. Sacré meilleur joueur du championnat du monde des -17 ans au Pérou, il devance Giovanni, la pépite mexicaine arrivée cet été à Tottenham en provenance du Barça, et succède à Cesc Fabregas au palmarès. Joli baromètre. Depuis lors, le nombre de matches d’Anderson parmi l’élite n’est toutefois pas détonnant. Loin s’en faut. Seulement une quarantaine de joutes, Superliga et Premier League mises ensemble. En cause (notamment), un genou brisé, des £uvres de Kostas Katsouranis lors du classico portugais Porto-Benfica, qui l’écarta des terrains plus de quatre mois lors de la saison 2006-2007. Ajoutez-y aussi une concurrence des plus accrues chez les actuels champions d’Europe avec Michael Carrick, Owen Hargraeves, Darren Fletcher, Paul Scholes pour réguler le milieu de terrain. Il n’empêche, Anderson a convaincu son monde. Et récolte même les louanges de ses équipiers et entraîneur.  » Anderson diffère de Scholes. Il est plus agressif, plus rapide « , souligne Sir Alex Fergusson.  » C’est le type de milieu central qui ressort avec le ballon pour apporter un plus offensivement, alors que Scholes ressort sans le ballon et apporte d’autres solutions « .

Pour mettre tout le monde d’accord, il lui reste à gagner en efficacité (0 but l’an dernier en Premier League !) et à renvoyer sur le banc l’éternel Scholes. Mission ô combien délicate quand on connaît la reconnaissance outre-Manche pour le divin rouquin, qui vient d’ailleurs de prolonger tacitement ses états de services de deux ans. Anderson devra sans doute prendre son mal en patience, être plus décisif, et s’installer dans un rôle qui est le sien depuis un an en Angleterre, celui de milieu relayeur, voire récupérateur. Un positionnement qui contraste avec celui de ses années brésiliennes et portugaises où il officiait comme numéro 10.

Populaire sur le terrain comme en dehors

Ses premiers pas en Premier League ont été épineux. Sunderland, Everton, autant de matches où le Brésilien au look de chanteur de RnB se loupe. Son rôle défensif et son acclimatation à la vitesse du jeu anglais pouvant expliquer ces ratés. Et pourtant, Anderson possède toutes les qualités pour se régaler sur le sol britannique. Rapide, fort dans les duels, explosif, vitesse d’exécution, vista, ce pur gaucher est complet, telles les icônes anglaises Steven Gerrard, Frank Lampard, et… Scholes. Tiendrait-on enfin la star brésilienne de Premier League ? Car si le Brésil rime avec football, jamais aucun ressortissant carioca n’a laissé de trace indélébile dans la Perfide Albion. En tous cas, son style plaît. Le public d’Old Trafford a rapidement adopté Anderson et son fighting spirit fait de technicité et de virtuosité. Les tabloïdes l’ont également à la bonne depuis la fin de championnat où le Brésilien s’est distingué dans des soirées aux écarts typiquement  » foot anglais « . News of the World a pu notamment conter les divers penchants du bonhomme…

Au pays, Anderson est starifié. Et depuis plusieurs années, puisque ses premiers éclats datent de ses débuts sous les couleurs bleue et noire de Gremio. Principal fait marquant : un but d’anthologie et décisif inscrit dans le match pour l’accession à la D1. Question sélection, ce n’est par contre pas encore la panacée. En 2007, Dunga le convoque pour la première fois lors de la Copa America organisée au Venezuela. Le Brésil remporte l’édition sans qu’Anderson n’y laisse une empreinte ; il n’entre au jeu que quelques minutes face au Mexique. Depuis lors, il n’est jamais titulaire, souvent sélectionné et trois fois monté au jeu. Le tournoi olympique se profile donc comme une occasion d’asseoir encore un peu plus sa flatteuse réputation au niveau mondial. Au grand dam des Belges ? Réponse demain soir…

par thomas bricmont – photo : reuters

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