Un scandale sans fin

Le cyclisme n’est pas débarrassé de ses démons.

Cela devait être l’édition du retour à la normale. Celle qui allait permettre au Tour d’être reconnu patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Malgré toutes les affaires qui ont ébranlé le monde du cyclisme, la ferveur du public n’a pas diminué. Ils étaient toujours aussi nombreux à suivre la Grande Boucle même si, sur le parcours, certains prétendaient qu’ils étaient plus attirés par le côté à la fois grandiose et populaire de l’événement que par les coureurs. Et puis si, en 104 ans, le Tour a connu quelques périodes sombres, cela ne pèse pas lourd par rapport aux moments de joie et d’enthousiasme.

Mais tous les protagonistes (les coureurs et leurs dirigeants) en ont décidé autrement bien qu’ils aient signé une charte éthique. Un geste aussi hypocrite qu’inutile vu qu’il ne s’agissait que d’une simple déclaration de bonnes intentions. Le Tour 2007 a été un long scandale sans fin. Contrôlé positif à la testostérone, Patrick Sinkewitz a été le premier à quitter la scène. Et vu que dans la foulée, les chaînes nationales de son pays ont décidé d’interrompre la transmission de l’événement, les téléspectateurs allemands n’avaient plus qu’à couper leurs télés.

Le samedi 21 juillet, alors qu’il est à la ramasse depuis quelques jours, Alexandre Vinokourov met une pilule (!) à tous ses adversaires dans le contre-la-montre. Incroyable ! De nombreuses personnes chantent la gloire du Kazakh. Manifestement, ces admirateurs n’ont toujours pas tiré les leçons du cas FloydLandis, qui avait retrouvé toutes ses forces suite à une petite discussion avec son directeur sportif durant laquelle il avait bu deux bières… Comment ne pas avoir compris que de tels revirements ne sont pas possibles sans subterfuge. Vino, qui soit dit en passant a investi 1,3 million d’euros dans un institut de remise en forme pour sportifs professionnels près de Cannes, a eu recours à une transfusion sanguine.

Mexico, Mexico

Entre ces deux épisodes, la fédération danoise annonce que le maillot jaune MichaelRasmussen était écarté de la sélection nationale en vue du prochain championnat du monde de septembre. On reproche au coureur de ne pas avoir communiqué son programme d’entraînement. Au moment de prendre le départ du Tour, il était déjà au courant de l’intervention de la fédération internationale. Et pourtant, il n’a cessé de mentir :  » J’étais au Mexique en vacances et c’est involontairement que j’ai raté deux contrôles « .

Tout faux : il était en Italie (on a cité le docteur MicheleFerrari, le même qui conseille Vinokourov) et c’est au moins quatre contrôles qu’il a éludés !  » Sinon, la fédération internationale ne serait jamais intervenue vu que la sanction ne tombe qu’à partir de la troisième sanction « , a lancé le patron de la Vuelta au terme d’une réunion avec les patrons des trois grands tours. Sans la citer nommément, l’homme rageait à l’égard de l’UCI qui, en lançant les nouvelles à des moments bien précis, sabotait le Tour. Il ne fallait pas rêver, les organisateurs des grands tours et la fédération mondiale n’ont pas enterré la hache de guerre.

Avant que la nouvelle ne soit officielle, le public avait compris : il a hué Rasmussen tout au long de sa cavalcade victorieuse sur l’Aubisque. Tous ces soupçons ont donc logiquement poussé le Danois vers la porte de sortie. Il faut toutefois éviter de ne charger que lui : le jour de l’annonce, cela faisait cinq semaines que ses dirigeants avaient été avertis par la fédération internationale et, s’ils avaient été soucieux de l’éthique, ils n’auraient pas sélectionné le Danois.

Les affaires Vinokourov et Rasmussen ont eu le plus de retentissement mais on ne peut oublier que d’autres bombes ont explosé sur l’épreuve comme celle de l’arrestation de ChristianMoreni (35 ans, positif à la testostérone) et la fuite de son équipe. Et dire que la journée du coureur italien avait commencé par un sit-in sur la ligne de départ où il a manifestait son soutien à lutte contre le dopage suite à la – juste – exclusion de Vinokourov et de l’équipe Astana !

Tout ce désordre a profité à AlbertoContador. L’Espagnol, vainqueur de l’édition 2007, bénéficie de la présomption d’innocence. Mais jusqu’à quand ? Son nom est un de ceux qui ont été les plus régulièrement cités dans l’affaire Puerto au même titre que ceux de JanUllrich ou d’ Ivan Basso.

PAR NICOLAS RIBAUDO

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