Un prince

Jacques Sys
Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Pierre Hanon n’est plus. Raffiné, le médian était taillé à la mesure d’Anderlecht.

Y a-t-il eu médian plus élégant, plus gracieux, à Anderlecht que cet homme qui a ravi cinq titres d’affilée avec les Mauves dans les années 60 ? Jef Jurion était le patron de l’équipe. Il alliait technique et lecture du jeu. A cette époque, où on jouait en 4-2-4, Pierre Hanon évoluait aux côtés de Jurion. Un footballeur princier, pour reprendre une expression du livre écrit par Walter Pauli et Jan Wauters sur le top cent du football belge. A lire leur description, un étranger au milieu aurait cru qu’Hanon portait le maillot du Real. Car on vantait encore cette belle grande silhouette aux cheveux soigneusement peignés, ce teint bronzé, l’équipement d’un blanc impeccable. Pierre Hanon respirait la classe par tous ses pores.

Pierre Hanon, employé à la commune d’Anderlecht, était capable de renverser le jeu d’un beau mouvement. Il s’était affilié à Anderlecht à la fin de la deuxième guerre mondiale. On le surnommait Poep, comme son père. Hanon a effectué ses débuts chez les Mauves à 19 ans. Il allait y rester seize saisons. Hanon,

qui possédait un formidable tir à distance, n’était pas précisément un travailleur. Il n’aimait pas participer à la défense, voulant surtout étaler sa technique. Certains le jugeaient trop fragile pour l’élite absolue. Pierre Hanon avait deux visages : s’il était modeste et s’abstenait de fêter ses buts avec ostentation, il n’était pas des plus faciles à vivre.

Après Anderlecht, Hanon s’est encore produit pour le Cercle Bruges, au poste de libero, et il a entraîné Mons une saison. Pierre Hanon compte 48 sélections en équipe nationale. Il était une certitude aux yeux de Raymond Goethals, qui a continué à le sélectionner même quand il faisait banquette à Anderlecht. Pierre Hanon avait 80 ans.

Jacques Sys

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