Un premier bilan

A mi-parcours du premier tour, les Limbourgeois comptent un point, contre deux aux Flandriens. Leurs capitaines tirent les leçons de ces trois matches.

1. Méritiez-vous davantage de points? Dany Verlinden : Oui, nous méritons plus que deux points. Nous avons certainement trop peu retiré de notre match à domicile contre le Lokomotiv Moscou, avec un petit point, compte tenu de ce que nous avons montré. Ce match-là, nous pouvons le rejouer 100 fois et nous le gagnerons toujours. Nous ne comptions guère sur le point pris à Galatasaray, après l’avoir vu à l’oeuvre contre Barcelone: il n’est vraiment pas facile sur ses terres. Mais c’était mérité. Josip Skoko : Lors des deux premiers matches, contre l’AEK Athènes et au Real Madrid, nous n’avons obtenu que ce que nous méritions, ce qui n’est pas le cas du match contre l’AS Rome. S’incliner face au Real est logique. Contre les Grecs, avec un brin de chance, nous aurions pu prétendre à mieux mais n’oubliez pas qu’ils se sont créés de bonnes occasions qu’ils n’ont pas concrétisées. Si nous avons perdu contre les Romains, c’est parce que nous avons été en infériorité numérique pendant 80 minutes. A 11, nous aurions sans doute pu évoluer davantage dans leur camp et nous forger plus d’occasions. Nous étions capables de gagner. 2. Quels furent les plus beaux et pires moments? Dany Verlinden : Il n’y a pas encore eu de véritable coup d’éclat, à l’exception, peut-être, de ce point à Galatasaray, bien que je n’en ai pas le sentiment, parce que nous pouvions prétendre à mieux. Nous n’avons pas eu de déception non plus, si ce n’est d’avoir galvaudé deux unités à domicile contre le Lokomotiv Moscou. A Barcelone, nous avons évidemment couru 70 ou 80 minutes après le ballon, au point de nous demander ce que nous étions venus faire là mais le résultat n’est pas tellement négatif. Josip Skoko : Deux moments resteront dans nos mémoires: notre premier point en Ligue des Champions contre l’AEK Athènes et le fait de jouer au stade Bernabeu. Jamais je n’oublierai ce match. J’ai déjà joué dans des grands stades, devant plus de spectateurs qu’à Madrid, mais nous avons affronté un club au riche passé, un club établi dans le gotha. Au début, il nous était difficile de prévoir ce dont nous étions capables et le fait d’avoir conservé le nul lors du premier match nous a donné une base sur laquelle bâtir. Le plus dur a été cette défaite 6-0 à Madrid. Avec notre style de jeu, nous ne méritions pas de nous incliner sur un tel score. 3. Quelle est votre plus grave carence? Dany Verlinden : Le seul manquement a été l’absence de buts quand nous devions marquer. Contre le Lokomotiv Moscou comme face à Galatasaray, nous avons eu un certain nombre d’occasions que nous n’avons pas exploitées. C’est regrettable. A ce niveau, on ne se crée que deux ou trois occasions. On a moins de temps qu’en championnat de Belgique. Tout va un rien plus vite, on défend plus durement, mais qu’il s’agisse de la Ligue des Champions ou du championnat, une occasion reste une occasion. A Barcelone, lors de notre premier match, nous sommes menés au bout de cinq minutes et nous sommes obligés de courir, tout en sachant les Espagnols capables d’exploiter une perte de balle, inévitable. Nous avons tout fichu en l’air dans les cinq dernières minutes de la première mi-temps. Commettre une fauteaux alentours du rectangle, comme sur le deuxième but contre, peut être fatal. Nous le savions. C’est une fois de plus une question d’expérience. On peut difficilement espérer que Birger Maertens ne commette plus du tout de faute et ne perde plus le moindre ballon. Il devra encore se casser le nez quelques fois mais enfin… Il a le droit de commettre des erreurs: après tout, c’est sa première année en D1. Il n’est évidemment pas question de lui dire qu’il doit porter l’équipe. Et au moment où on botte ce coup franc, nous sommes encore en train de discuter, regardez bien. Ce n’est pas lemoment, même si je ne pense pas que ça ait joué un rôle sur le but. Josip Skoko : Parfois, nous perdons notre concentration, pour commettre des erreurs de gamins. éa nous a déjà coûté des buts et des points. Jamais nous n’avons été confrontés à une telle différence de niveau en championnat. Nous n’avons même pas pu marquer, ce qui est très décevant. En Ligue des Champions, tout se déroule à une vitesse folle. On a moins de temps car ils sont directement sur vous. A ce niveau, il se passe des choses qu’on ne voit pas un cran en dessous. En résumé, tout est plus difficile. On n’obtient qu’une ou deux occasions. Il s’agit d’être très concentré pour les concrétiser. En outre, Sonck et Dagano doivent travailler davantage et revenir plus loin en perte de balle, au point de n’avoir plus d’énergie devant le but. La seule chose qui peut nous aider, c’est la patience. 4. Quelle est la principale qualité de votre équipe ? Dany Verlinden : Si on excepte Barcelone, nous avons formé un bon bloc. Notre force, c’est que l’équipe sait ce dont elle est capable ou non. A 11, nous pouvons être très forts mais nous ne devons pas essayer quelque chose individuellement car nous n’avons pas la classe nécessaire. Si nous fonctionnons bien en groupe, ce dont nous sommes capables, nous pouvons battre n’importe quelle formation de l’élite européenne. Josip Skoko : Le groupe reste soudé. Nous l’avons encore constaté contre la Roma quand nous avons été réduits à dix unités, de même que durant les 40 premières minutes contre le Real et face à l’AEK Athènes. On ne peut pas relever une qualité bien précise. Il s’agit plutôt de la somme des différentes qualités réunies. Ensemble, nous sommes très forts. Nous ne réussissons rien si nous ne le tentons pas en groupe. Nous ne devons donc pas nous départir de notre 4-4-2. Pas question de changer de système mais nous pouvons le retoucher, notamment en optant pour un médian plus défensif. C’est une nuance, en fait. Ce système nous permet d’affronter les ténors aussi. 5. Quelle est l’influence de la LC sur votre championnat? Dany Verlinden : Disputer la Ligue des Champions n’a que des avantages. Evidemment, quand on prend une raclée, il faut parvenir à recharger les accus en championnat mais notre équipe est de plus en plus forte. Nous avons un noyau de 30 joueurs. En principe, nous pouvons laisser l’un ou l’autre au repos. Pour l’instant, nous avons quelques blessés, Marek Spilar et Bengt Saeternes , qui peuvent nous apporter un plus, bientôt. Josip Skoko : La Ligue des Champions vous pompe de l’énergie et la fatigue nous joue déjà des tours en championnat. La motivation générale croît en Ligue et nous devons essayer de conserver cette mentalité en championnat car l’essentiel reste de prendre un maximum de points en Belgique, afin d’être à nouveau européens la saison prochaine. Ensuite, que vous perdiez 6-0 ou 0-1 à la dernière minute, sans l’avoir mérité, même si vous conservez un sentiment positif grâce aux bons moments, ces défaites et elles vous poursuivent. Comme il y a un match tous les trois jours ou à peu près, il est difficile de les oublier. éa vous trotte dans la tête. Par contre, les remous suscités par les déclarations du président nous laissent de marbre. Nous savons ce qui c’est passé et ça ne nous atteint pas. Ce qui est sans doute plus ennuyeux, c’est que des adversaires belges relèvent plus facilement nos manquements grâce à la Ligue des Champions. L’AEK, par exemple, s’est déplacé avec un libero. Je peux m’imaginer que ça fasse des émules. En Belgique, on joue plus défensivement contre nous que l’année dernière. Toutefois, nous ne nous laissons pas influencer. Nous continuons à développer notre jeu. 6. Quel est votre avenir en LC? Dany Verlinden : Tout dépendra de notre prochain match à domicile contre Galatasaray. Si nous gagnons, nous pouvons viser la deuxième place. Une défaite nous obligerait à nous battre pour la troisième place qualitative pour la C2 jusqu’à la dernière journée car je ne pense pas que Moscou aille gagner à Barcelone ou à Galatasaray. Une autre question: Barcelone sera-t-il déjà qualifié au moment de se déplacer à Bruges, lors de la cinquième journée? Enfin, il y a une différence: on ne nous sous-estimera plus, ce qui est sans doute arrivé à Galatasaray. Je pense qu’au cours des trois prochains matches, tout le monde saura qui est Bruges et se méfiera. Josip Skoko : Peut-être pouvons-nous encore grappiller quelques points et repousser nos limites, individuelles et collectives. La troisième place, synonyme de Coupe UEFA, reste à notre portée, et nous pouvons tenter de signer quelques résultats marquants. Pourquoi ne réussirions-nous pas quelque chose contre le Real, à domicile? Nul ne sera déçu, même si nous restons sur la touche. Nous la voulions, cette Ligue des Champions. Nous aurions pu faire mieux mais nous devons accepter nos résultats. Nous ne devons pas perdre de vue le fait qu’atteindre cette épreuve constituait déjà un bonus pour nous. 7. Qu’avez-vous appris? Dany Verlinden : Que tout va plus vite, qu’on n’a pas le temps de contrôler un ballon, qu’en principe, comme Barcelone nous l’a montré, il faut conserver beaucoup de monde autour du ballon. La vitesse d’exécution est supérieure. On peut s’y exercer. Jouer en un temps et bouger beaucoup, ça s’apprend aussi. Tout devient plus facile quand on a deux ou trois possibilités pour passer le ballon. Nous avons tendance à rechercher la solution la plus difficile, qui n’est pas la meilleure, comme de vouloir éliminer seul un homme, sans voir un coéquipier. Je pense que c’est important. Josip Skoko : On apprend tous les jours mais c’est encore mieux quand on voit à l’oeuvre tous ces grands footballeurs et la manière dont ils se comportent et agissent en Ligue des Champions. Je vise ici le rythme, l’organisation sur le terrain, tout. Inconsciemment, nous allons progresser car nous prenons l’habitude d’évoluer à un niveau supérieur. éa nous servira en championnat: la Ligue des Champions nous a appris à nous livrer davantage, comme le fait de jouer deux matches par semaine. La saison passée, en championnat, c’était toujours: go, go, go ! Même quand nous menions, nous continuions à attaquer alors que maintenant, nous essayons de ralentir le jeu quand nous nous sentons fatigués.

Raoul De Groote et Christian Vandenabeele

« Seule la patience peut nous aider » (Josip Skoko)

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