Un peu de recul

Rentré de Bucarest, le gaucher est de retour dans le club qui l’avait vu débuter en D1.

La boucle est bouclée pour ManuGodfroid (32 ans) : après quatre saisons à l’Antwerp, quatre saisons au Standard et deux saisons et demie au Rapid Bucarest, il est de retour dans le club qui l’avait vu débuter en D1, il y a une quinzaine d’années : le FC Liège. Dans le milieu de terrain liégeois, il est chargé de guider les jeunes.  » C’est là qu’on voit qu’on a pris de l’âge « .

Le club qui incarnait une valeur sûre de l’élite au moment où il l’avait quitté, végète aujourd’hui en Promotion avec un avenir assombri par de lourds nuages noirs. La semaine dernière, il y a eu le limogeage de DidierQuain, remplacé par RaphaëlQuaranta.  » J’ai encore joué avec Rapha, jadis, en D1 « , dit Manu. Et Liège jouera peut-être son avenir, le 9 avril, à l’Union Belge :  » J’ai lu que la dette serait tout de même assez importante. J’espère que le club s’en sortira. Mais je suis revenu en connaissance de cause. Même en Roumanie, je m’étais tenu informé des résultats de mon ancien club et j’avais suivi, de loin, sa lente descente aux enfers. Ce qui me fait encore le plus mal, c’est la disparition du stade : Rocourt, où j’avais effectué mes premiers pas en D1, a laissé la place au complexe Kinépolis. Tous mes souvenirs visuels ont disparu. Je me souviens encore de ce moment où RobertWaseige m’avait lancé, en fin de match, contre le Cercle Bruges. On avait partagé 2-2. J’ai peu joué cette saison-là, sous la direction de l’actuel entraîneur du FC Brussels. C’est surtout la saison suivante que j’ai explosé, grâce à EricGerets, un meneur d’hommes dont je garde un souvenir indélébile. Avec sa poigne, il a su me guider et m’imposer la rigueur nécessaire pour me frayer un chemin en D1. Lorsque j’ai effectué mon come-back sous le maillot liégeois, il y a deux mois, on a aussi partagé 2-2. C’est le seul point commun avec mon premier match. Car pour le reste : Liège a désormais trouvé asile au complexe sportif d’Ans et affrontait… Meux ce jour-là « .

Une carrière minée par les blessures

Godfroid n’avait-il pas d’autre possibilité que de descendre en Promotion ?  » Un moment, on avait vaguement évoqué un intérêt de St-Trond. En fait, il y avait surtout Visé qui pouvait devenir une option concrète. J’ai finalement opté pour Liège, peut-être pour des raisons sentimentales, mais surtout parce que ce club m’offrait la possibilité de décrocher un job de vendeur dans un magasin d’articles de sports où je m’occupe du rayon fitness. Ma reconversion est assurée. Car, j’ai beau avoir joué pendant une longue période en D1, je n’ai pas amassé assez d’argent pour pouvoir vivre de mes rentes. C’est fort bas, la Promotion ? De toute façon, avec mes problèmes de hanches, le football de haut niveau, c’était terminé. Plus question de m’entraîner tous les jours. J’avais été opéré en décembre 2003, et je pensais pouvoir revenir. Malheureusement, la douleur réapparaissait à chaque fois que je fournissais des efforts intenses. Désormais, je ne joue plus que pour le plaisir. Je vais peut-être reprendre les cours d’entraîneur que j’avais commencés lorsque je jouais au Standard « .

La carrière de Godfroid a été minée par les blessures :  » Une pubalgie a freiné ma progression lorsque je jouais à l’Antwerp, où j’ai connu une très belle période. Une sale blessure au tendon d’Achille m’a écarté des terrains pendant deux ans alors que j’avais signé un beau contrat au Standard. On m’a même versé dans le fameux noyau C, avec IvicaMornar, DavidBrocken et tous les joueurs dont le club voulait se séparer. La seule différence, c’est que j’avais l’autorisation de pouvoir m’aligner avec l’équipe Réserve. C’est parce qu’aucun club belge ne croyait plus à mon rétablissement que j’ai dû m’exiler en Roumanie. Par quel miracle, quel microclimat ou quel traitement ai-je subitement ressuscité à Bucarest ? Tout s’est passé pour le mieux pendant un an et demi. Puis, la poisse m’a rattrapé. D’abord avec ces problèmes de hanches. Puis, cette saison-ci, avec une nouvelle opération au tendon d’Achille… mais l’autre tendon. Qui peut dire quelle aurait été ma carrière sans toutes ces blessures ? J’ai été international Espoir, mais jamais A. Bucarest, c’était sans doute trop loin pour le coach fédéral. Malgré tout, je ne regrette rien : j’ai joué en D1, j’ai vécu une belle expérience à l’étranger, j’ai été champion et je suis entré dans l’histoire comme premier joueur belge du championnat roumain… dont j’ai été élu meilleur étranger, un an plus tard sur une bonne trentaine de candidats Un beau petit palmarès, malgré tout « .

 » Je n’oublierai pas la Roumanie  »

A l’entendre, sa période roumaine reste la plus belle.  » Je garde de très bons souvenirs de ce pays. D’aucuns, confrontés à leurs préjugés, avaient froncé les sourcils lorsque j’avais annoncé mon exil là-bas. Je savais que je ne risquais pas grand-chose, puisque j’avais été choisi par MirceaRednic et qu’il me prendrait sous son aile protectrice. Je ne le remercierai jamais assez de m’avoir fait confiance, là où tant d’autres m’avaient déjà enterré. J’ai directement joué la Coupe de l’UEFA. Après avoir éliminé les Slovènes de Nova Gorica, on est tombé face aux Néerlandais de Vitesse : 1-1 à Arnhem, mais 0-1 à Bucarest. A la fin de la saison, on a remporté le titre. Le championnat n’est pas aussi mauvais que cela. Oublie-t-on que le Steaua Bucarest a battu le Standard et éliminé Valence de l’UEFA ? J’ai été élu meilleur étranger puis, on a joué le tour préliminaire de la Ligue des Champions… contre Anderlecht ! Au retour, au stade Constant Vanden Stock, on menait 0-2. J’étais aux anges. Le Sporting s’est finalement imposé 3-2 et a ensuite éliminé le Wisla Cracovie pour participer aux poules de la C1. Ce qui aurait pu devenir mon meilleur souvenir est devenu mon plus mauvais. Je me suis beaucoup plu en Roumanie. Mon fils aîné fréquentait le Lycée Français de Bucarest et j’ai ainsi noué connaissance avec des Français et des Belges qui habitaient la capitale et qui sont devenus des amis. J’ai aussi découvert d’excellents restaurants italiens. J’étais à trois heures de route de la mer et à deux heures de la montagne. Je vivais, bien, même s’il y avait de grosses différences entre les plus riches et les plus pauvres dans le pays « .

Désormais, ce seront les petits terrains de la Promotion D.  » J’ai eu le temps de m’y faire en Roumanie : là-bas, au sortir de l’hiver, les terrains n’étaient pas toujours dans un état impeccable non plus. Celui d’Otelul Galati en particulier « .

Daniel Devos

 » Je suis revenu en connaissance de cause : j’espère que LIèGE S’EN SORTIRA  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire