Un passé turbulent

Le cheminement sportif de Stuttgart en trois ans est aussi spectaculaire qu’étrange. Durant la saison 2000-2001, l’équipe a longtemps lutté contre la relégation, terminant péniblement à la 15e place. L’exercice suivant, ponctué d’une huitième place, a été sensiblement meilleur et la saison passée, le VfB a surpris tout le monde en conquérant la deuxième place en Bundesliga, derrière le Bayern, au détriment du Borussia Dortmund. Le Verein für Ballspiele s’est ainsi directement qualifié pour la Ligue des Champions. C’est son plus beau succès depuis le titre de 1992.

On a d’abord cru cette envolée passagère mais elle n’est pas étrangère à l’arrivée de Felix Magath, qui a remplacé le terne Ralf Rangnick le 23 février 2001. Son arrivée a pourtant été accueillie avec scepticisme : l’ancien international du grand Hambourg n’avait guère eu de succès comme entraîneur, jusqu’alors. Il avait certes maintenu le HSV, le 1. FC Nuremberg, le Werder Brême et l’Eintracht Francfort parmi l’élite mais il ne semblait pas en mesure de conserver son emprise sur un groupe de manière durable. Surnommé Quälix en raison de la dureté de ses entraînements, de la discipline de fer qu’il imposait et de son regard noir, Magath paraissait incapable de poser les bases d’une équipe. Suite à son renvoi de Francfort, en janvier 2001, amer, il a pris une résolution : c’en était fini de ses méthodes barbares et à côté de l’entraînement, il allait aussi laisser place à la détente. Stuttgart lui a offert l’occasion d’appliquer ses résolutions. Son cheminement correspondait exactement à ce dont l’équipe, inexpérimentée, avait besoin. Magath a accordé leur chance à de jeunes talents comme Timo Hildebrand (24 ans), Andreas Hinkel (21 ans), Aliaksandr Hleb (22 ans), Kevin Kuranyi (21 ans) et Ioannis Amanatidis (21 ans). Ses fougueux poulains l’en remercient maintenant.

Le succès de Magath clôt un chapitre douloureux pour le VfB. Champion en 1992, le club paraissait mûr pour l’élite absolue mais, la saison suivante, une énorme bourde de son entraîneur d’alors, Christoph Daum, avait semé la graine du malaise. Au match retour du premier tour préliminaire de la Ligue des Champions contre Leeds United (3-0, 1-4), Daum a aligné, un moment, quatre étrangers, soit un de trop. L’UEFA a alors décidé d’organiser un troisième match, sur terrain neutre, et les Anglais se sont imposés 2-1 à Barcelone. Stuttgart a vu filer le pactole européen et n’a pu rivaliser financièrement avec Dortmund et le Bayern.

Mais l’équipe a connu un regain au milieu de la décennie, grâce à son fameux triangle magique, composé du meneur de jeu bulgare Krassimir Balakov et des avants Fredi Bobic et Giovane Elber. Ils ont offert au VfB la Coupe d’Allemagne en 1997 (2-0 contre Energie Cottbus). Las, faute d’argent, le club n’a pu conserver ses meilleurs joueurs ni, évidemment, renforcer le noyau. Stuttgart a entamé une insidieuse descente aux enfers. De 1998 à 2001, il a changé d’entraîneur à quatre reprises.

Le noyau actuel a permis de tourner la page et suscite les espoirs les plus fous. Franz Beckenbauer a son explication sous forme du plus beau des compliments à Magath :  » Peu d’entraîneurs parviennent à montrer directement leur apport. Felix est un de ceux-là « .

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