Un paresseux qui a le sens du but

L’attaquant revit depuis que Houwaart entraîne l’Antwerp.

Pourquoi Wim De Coninck a-t-il été limogé?

Patrick Goots: Un entraîneur ne l’est pas si les résultats suivent. Notre lourd revers face au Lierse, l’équipe de Regi Van Acker, notre ex-entraîneur, a évidemment été durement ressenti. Si l’Antwerp avait pris 15 unités de plus au premier tour, je ne serais peut-être plus ici car j’avais l’impression que De Coninck n’avait pas besoin de moi. N’oubliez pas que le week-end où j’ai marqué deux buts contre Anderlecht, j’aurais dû jouer à Ingelmunster avec Geel!

C’est Eddy Wauters qui a insisté pour vous conserver.

Je lui en serai éternellement reconnaissant, sans vouloir lui frotter la manche. Le lendemain, il m’a d’ailleurs téléphoné pour me féliciter, un geste dont il n’est pas vraiment coutumier. Je suis ici depuis deux ans et demi. Je n’ai pas un seul reproche à adresser au président. Pas un seul!

En général, on ne le fait qu’au moment où on part.

Peut-être (il rit). Jusqu’à présent, on m’a versé ce qu’on me devait, au franc près. Tous les engagements ont été respectés. J’attends maintenant de voir ce qu’on va faire de mon option. Cinq ou six équipes m’ont déjà contacté, y compris de Chine, mais je respecte l’option qu’a l’Antwerp jusqu’au 15 avril car c’est mon club depuis mon enfance. Récemment, j’ai montré à un supporter l’album de poésie que je tenais à l’âge de dix ans. Mon père avait découpé une photo d’Alfred Riedl de la Gazet van Antwerpen et avait écrit, en dessous: -Tu joues en Minimes à Dessel mais j’espère que quand tu seras grand, tu évolueras dans ton équipe favorite, l’Antwerp. Le garçon, qui est pourtant un dur à cuire, en a eu les larmes aux yeux. Dommage que mon père, qui a tant fait pour moi, ne puisse partager ces moments. Une fois par semaine, je me rends au cimetière. C’est mon devoir. Cette visite fait partie du rituel qui précède un match.

HH: un bon choix

Qu’est-ce qui a changé grâce à Houwaart?

Nous avons un entraîneur expérimenté. Il comprend très bien le jeu comme la façon dont vit un groupe, ce qui est nécessaire d’approfondir à l’entraînement, sans oublier les quelques exploits tactiques qu’il a déjà réalisés. D’emblée, il a déclaré: -Je travaille avec les 24 gaillards du noyau. Ses séances sont plus variées, bien que celles de De Coninck n’étaient pas mauvaises. Wim expliquait toutes les arcanes tactiques d’un match, mais il a rarement effectué des changements tactiques en cours de match. Je parle de trucs comment ce qu’a réussi Henk Houwaart à La Gantoise: nous étions menés 3-1, il a aligné quatre attaquants et nous avons arraché un point. Wim manquait parfois d’audace. Le président a fait un bon choix en enrôlant Houwaart.

Il y a un an et demi, vous avez déclaré au Laatste Nieuws: « J’ai un oeuf à peler avec Houwaart. Il prétend qu’avec moi, l’équipe joue en fait à dix. Houwaart n’est pas un grand entraîneur. Où a-t-il travaillé ces six dernières années? A Harelbeke, une équipe de café ».

Oui. Le monde du football est vraiment petit, n’est-ce pas?

En revanche, vous avez toujours été copain avec son fils.

Il a été un de mes meilleurs compagnons durant l’année passée au Beerschot. Nous sommes même partis ensemble en vacances en Autriche. Houwaart m’a dit, il y a quelques semaines: -Mon fils m’a dit qu’avant, tu courais déjà bien… Tu étais toujours le premier au café. J’ai répondu : -C’est bien possible. (Il rit). Mais en débarquant, il a dit qu’il voulait des joueurs d’expérience. A son arrivée, Houwaart m’a déclaré, d’emblée, qu’il me faisait totale confiance et jusqu’à présent, je ne l’ai pas trahi. Je sais pourtant que Goots ne sera pas toujours dans l’équipe de base…

Et l’entraîneur deviendra mauvais?

N’oubliez pas que j’ai fait banquette sous l’ère de Regi Van Acker, un homme qui a eu un impact énorme sur moi et qui figure certainement dans le top-trois des 26 ou 27 entraîneurs que j’ai déjà connus. D’ailleurs, j’ai franchi un cap contre La Louvière. Je me suis dit: -Pat, tu disputes tes dernières saisons, tu ne dois pas bouder sur le banc. Que je joue ou pas, c’est aussi bien mais quand je suis aligné, je livre tout ce que j’ai. Depuis lors, je me sens mieux et tout est devenu plus facile. Si je suis écarté, je n’émettrai plus de critiques.

Vous allez fêter vos 36 ans en avril. Ne sentez-vous pas le poids des années?

J’ai perdu un peu de vitesse mais pour un avant, ce sont les trois ou quatre premiers mètres qui comptent. Et là, je ne suis pas encore usé.

Une santé

Et votre force de frappe?

Tout le monde sait que c’est mon atout et l’adversaire s’y adapte. J’ai appris qu’un seul nom figurait sur le tableau tactique d’Alost, le mien, assorti de trois points d’exclamation. Cette saison, j’ai souvent évolué seul en pointe, dos au but. Dans ces conditions, on n’arrive pas facilement en position de tir. Mais jamais je ne me suis senti aussi bien que ces trois ou quatre dernières années. J’en reviens à Regi Van Acker. Il m’a appris à travailler très spécifiquement, avec un pulsomètre. Avant, dans les bois, j’essayais de suivre et j’étais tout le temps en anaérobie.

Je ne suis pas un coureur de fond, mais je suis capable d’abattre des distances appréciables, à mon rythme. On m’a toujours dépeint comme un fainéant qui avait le sens du but. Je ne suis toujours pas présent pendant 90 minutes. Goots suscitera donc toujours la controverse mais jamais ma condition n’a été aussi bonne qu’avec De Coninck, qui s’est servi de trucs de l’athlétisme. Pendant la préparation, un test a d’ailleurs révélé que je figurais parmi les six meilleurs du groupe! Le médecin lui-même s’est demandé comment c’était possible. Après le match de Coupe de Belgique contre Bruges, Guy Thys a dit: -J’ignorais que c’était encore possible à cet âge-là.

Pour combien de temps encore?

J’espère jouer encore un an ici. Dans ma forme actuelle, je peux encore évoluer deux saisons parmi l’élite. Ensuite, je suis prêt à descendre en D2, en D3 ou même en Promotion. Je me vois même jouer en Provinciale. J’achèverai ma carrière dans mon équipe de café, le FC De Kempenzonen (les Fils de la Campine). Je pourrai sûrement jouer jusqu’à 48 ans.

Christian Vandenabeele, ,

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