Un nuage de joints en Jamaïque

Vous arrivez tout doucement en fin de carrière : des regrets ?

Ne jamais avoir participé à une compétition d’envergure comme la Coupe du Monde. Le Canada a toujours été arrêté par un gros bras, genre Etats-Unis ou Mexique. Cette fois encore, c’est plutôt mal engagé : nous devons quasiment réaliser un neuf sur neuf si nous voulons préserver toutes nos chances pour 2010. Avec des déplacements au Honduras et en Jamaïque et une partie chez nous contre le Mexique, ce n’est pas gagné d’avance, tant s’en faut. Tout aurait été différent si j’avais été sud-africain. Et dire que j’aurais pu l’être ( il rit).

Ah bon ?

Après avoir mis le cap sur l’Allemagne, au départ de la Pologne, au beau milieu des eighties, ma famille était à nouveau à l’heure des choix au début de la décennie suivante. Deux possibilités s’offraient alors à nous : l’Afrique du Sud ou l’Amérique du Nord. Ma mère et ma s£ur étaient favorables à la première destination, tandis que les hommes, à savoir mon père, mon frère et moi, aurions aimé traverser l’Atlantique. Finalement, les mâles ont gagné de justesse : 3-2. Si nous avions été un peu plus cavaliers, nous nous serions retrouvés à Johannesburg au lieu d’Ottawa et ma carrière eût peut-être tout autre.

Ne vous êtes-vous jamais mordu les doigts d’avoir opté pour l’équipe nationale canadienne ?

Compte tenu de la réglementation actuelle, j’aurais l’embarras du choix si j’étais en début de carrière. J’aurais pu opter pour l’un des quatre pays où j’ai séjourné puisque je n’avais toujours que 20 ans au moment d’aboutir en Belgique et que la FIFA tolère encore une passerelle à cet âge. Il y a 15 ans, ce n’était pas encore le cas. Mais je ne me plains pas. Le Canada a été le premier à m’accorder une chance et c’est à lui que je dois d’avoir eu l’occasion de réaliser une carrière intéressante. Sportivement, je n’ai probablement pas accumulé les succès avec mon pays. Mais j’ai joint l’utile à l’agréable en découvrant de magnifiques coins comme les Iles Grenadines, Trinité & Tobago, etc. C’est mieux que le Kazakhstan ou l’Azerbaïdjan… mais parfois moins calme !

Des exemples ?

Au Honduras, je me souviens qu’on était resté quatre jours cloîtrés dans un hôtel de la capitale, Tegucigalpa. Chaque fois qu’on voulait sortir, on avait besoin des forces de l’ordre. Passe encore pour se rendre à l’entraînement ou au stade. Mais même dans un centre commercial il fallait se faire accompagner. Lors de l’entrée sur le terrain, le jour du match, nous étions protégés de la tête aux pieds de boucliers en plexiglas. La plupart du temps, malgré tout, l’ambiance est plus fun. En Jamaïque, à Kingston, il y avait un nuage au-dessus des populaires. Ils fumaient des joints et si les joueurs avaient été soumis à un contrôle antidopage, bien peu auraient été négatifs…

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