Un Norvégien trop TRANQUILLE

A Bruges, on estime généralement que Trond Sollied joue sa tête ce soir contre Shakhtar Donetzk. Mais le Norvégien la garde toujours aussi froide. Rarement un coach aura été autant contesté au sein même de son club malgré les succès engrangés.

En vrai Scandinave, Sollied ne crache pas sur une chope, c’est connu. Mais il est également hyper-professionnel et les résultats sont là. Dès son arrivée dans la Venise du Nord, il a imposé son style de jeu rationnel et ses joueurs ont toujours donné physiquement le meilleur d’eux-mêmes ; ce qu’il fit au préalable à La Gantoise où les Blauw Zwart avaient été suffisamment clairvoyants pour l’y dénicher.

Sollied est un ancien joueur professionnel, un entraîneur diplômé et un licencié en éducation physique avec l’un ou l’autre doctorat en physiologie du sport. Qui dit mieux en Belgique ? Personne. Sollied se retrouvera tôt ou tard dans un grand club européen où il réussira.

En attendant, il a déjà gagné un titre et deux coupes en quatre ans à Bruges. Mais il se dit que si le président Michel D’Hooghe et le manager sportif Marc Degryse étaient arrivés plus tôt, jamais le contrat de Sollied n’aurait été prolongé. Ce fut le dernier geste important posé par le directeur général Antoine Vanhove avant que D’Hooghe accepte la présidence et nomme Degryse dans la foulée.

Pourtant, quand on pose directement la question de confiance à ces deux derniers, ils se défendent ouvertement d’entretenir une quelconque animosité à l’égard du Norvégien. Dans une interview accordée l’hiver dernier à S/FM, Degryse avait dit :  » Il en va de Trond comme de tous les entraîneurs. Tout va bien tant que les résultats sont là « .

Reste à voir si une éventuelle élimination de la Ligue des Champions par Shakhtar Donetsk briserait définitivement la confiance avec une direction échaudée par un comportement qu’on pourrait qualifier d’éternel étudiant. A-t-il une vie plus dissipée que Sir Alex Ferguson, le pape de Manchester United depuis des années ? On en doute.

Mais il est vrai, aussi, qu’en Belgique, les joueurs n’ont pas l’habitude de travailler à long terme avec le même coach et que Sollied entame à Bruges sa cinquième saison. Tous les entraîneurs expérimentés le diront : après un certain temps, ils ont toujours l’impression qu’ils énervent les joueurs par le seul fait d’être là. Résultats ou pas. Alors, à Bruges, quand Sollied arrive en retard à l’entraînement, ça râle et ça grogne. Mais toujours aussi maître de lui, le Norvégien réplique :  » Tout est parfaitement organisé, les entraînements et le travail de tout le staff. Si je ne suis pas là au début de la séance, la belle affaire. C’est moi le chef, jusqu’à preuve du contraire, et j’ai toujours travaillé comme ça. Mais je promets que je n’arriverai pas en retard à mon enterrement…  »

Comment ne pas s’entendre avec un bonhomme pareil qui tient à avoir des rapports simples et directs avec ses joueurs, à les traiter d’homme à homme et les yeux dans les yeux ? Qu’on ne soit pas d’accord avec certaines options tactiques, c’est autre chose.

Ses opposants disent qu’il n’est pas capable d’influencer le cours d’un match avec une idée soudaine. Il serait un très bon entraîneur, mais pas un grand coach. Impérial en semaine durant la préparation, mais besogneux sur le banc. Et puis, il serait très fort pour tracer la ligne d’une équipe pratiquant un football puissant en 4-3-3 mais trop peu soucieux d’adapter sa formation à chaque adversaire spécifiquement. Pas spécialement intéressé par les joueurs créatifs, non plus…

Cela devient évidemment n’importe quoi. On trouve toujours un bâton pour battre son chien. Si le duo D’Hooghe-Degryse décidait de se débarrasser de Sollied (et de payer son dédit jusqu’à la fin de son contrat), il faudrait qu’il ait de très bonnes raisons. Car le Norvégien, lui, a déjà prouvé ce qu’il pouvait apporter au Club.

par John Baete

 » Je ne serai pas en RETARD à MON ENTERREMENT  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire