UN MOZART ET DES SOLISTES

Il n’y a pas que Chelsea qui a transféré !

Depuis deux saisons, Chelsea domine le championnat d’Angleterre. Au vu de son marché estival ( Michaël Ballack, Andriy Shevchenko et peut-être bientôt Ashley Cole), Chelsea devrait une nouvelle fois tenir le haut du pavé. Mais la concurrence, qui ne possède pas les deniers des Blues, fourbit ses armes. Voici les six transferts qui doivent servir à mettre à mal l’hégémonie des hommes de José Mourinho.

Michael Carrick (Manchester United)

Le débat fait rage depuis quelques années du côté de Manchester. Mais qui sera le successeur de Roy Keane ? Sir Alex Ferguson s’est déjà cassé les dents sur la question. Les échecs se sont multipliés à cette place. Pourtant, les Red Devils se sont attelés à la tâche pour le début de la prochaine campagne. En transférant Michael Carrick de Tottenham pour 27 millions d’euros, Manchester a débusqué un médian moderne, un orfèvre de la dernière passe et quelqu’un capable de fournir un brillant travail défensif. Pourtant, le débat a repris de plus belle. Certes, les qualités de Carrick ne sont pas remises en question, mais pour succéder à Keane – il a repris le numéro porté par l’Irlandais -, il faut du caractère. Savoir aboyer, rugir et titiller les tibias de l’adversaire.

Avec Roy Keane, les supporters de Manchester se montraient confiants en toute occasion car ils savaient que leurs couleurs entamaient la rencontre avec un homme en plus sur le terrain. Or, Carrick est plutôt effacé dans les vestiaires et n’a pas le caractère d’un roquet sur un terrain. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Ferguson a transféré Marcos Senna, le Brésilien de Villarreal, pour évoluer aux côtés de l’ancien joueur de West Ham.

Ils seront deux pour faire oublier la légende Keane et Carrick pourra se concentrer sur son propre talent. Car, celui qui fut formé à West Ham, n’en manque pas. Comme l’a démontré son parcours. A 19 ans, il faisait déjà son apparition en équipe nationale. A 23 ans, après un transfert fracassant à White Hart Lane, il régentait l’entrejeu des Spurs dès sa première rencontre. Avec une maturité exceptionnelle.  » Tout le monde me croit plus âgé même ma petite copine « , disait-il à l’époque,

Pourtant, après des débuts encourageants, Jacques Santini, alors à la tête de Tottenham, le renvoya sur le banc. La première tâche de Martin Jol, après le départ du coach français, fut de lui redonner la baguette de chef d’orchestre. Celui-ci ne se fit pas prier, réalisant une saison parfaite qui le conduisit à la Coupe du Monde en Allemagne. Le train est en marche et il compte bien, à présent, améliorer son nombre de sélections (6) sous le maillot anglais.

Fabio Aurelio (Liverpool)

En signant à Liverpool, Fabio Aurelio a déjà marqué l’histoire du club. Il devient le premier Brésilien à porter la vareuse rouge. Arrivé en 2000 dans l’anonymat à Valence, en provenance de Sao Paulo où il avait évolué durant quatre ans, il mit une saison à s’imposer en Espagne. Dans une défense de fer, ce Brésilien allait ensuite arpenter inlassablement son flanc gauche. Seule la saison 2003-2004 ne lui laissa pas un souvenir impérissable. Miné par des blessures à répétition, il ne disputa que deux rencontres.

Et c’est sans doute pour cette raison que Rafaël Benitez ne réussit pas à l’imposer dans ses bagages lors de son arrivée à Liverpool. Car entre les deux hommes, un lien très fort s’est noué. Pendant deux saisons, le nom de Fabio Aurelio circula dans les travées d’Anfield Road. Désormais, il n’y a plus que le nom qui hante les couloirs.  » Rafa fut un des facteurs clés dans ma venue en Angleterre. Nous avions travaillé ensemble à Valence et cela avait coïncidé avec une période faste pour le club. Quand un entraîneur vous fait confiance et insiste pour que vous le rejoigniez dans un club du calibre de Liverpool, la décision n’est pas longue à prendre « .

Si Fabio Aurelio avait envie de retravailler avec Benitez, il en va de même pour le manager qui n’a pas tari d’éloges sur son joueur :  » Son habileté technique est impressionnante, son pied gauche est un des meilleurs d’Europe et il dispose d’une mentalité exemplaire. Lui, il sait donner de la rage de vaincre à ses coéquipiers « .

Liverpool a donc décidé de se donner des airs sud-américains cette saison puisque Fabio Aurelio est arrivé en même temps que le Chilien Mark Gonzalez et l’Argentin Gabriel Paletta.

Tomas Rosicky (Arsenal)

Quand il était arrivé à Dortmund pour 12,7 millions d’euros, le club de la Ruhr nourrissait encore de grandes ambitions. C’était en 2001. Depuis lors, les dettes n’ont plus fini de s’accumuler et Rosicky a vu partir les stars une à une. Il ne restait plus que lui et son compatriote Jan Koller. A 25 ans, le médian tchèque a décidé de passer un cap, d’aller rejoindre la Ligue des Champions et de servir de guide à la jeune colonie d’Arsenal. Il formera une charnière médiane avec l’Espagnol Cesc Fabregas.

Le Tchèque a percé dans son pays, à 18 ans, lorsqu’il frappa aux portes du 11 de base du Sparta Prague où il avait été formé. A partir de ce moment, tout s’accéléra : après trois ans (et trois titres), il signait un transfert record pour Dortmund. Une année de grâce plus tard, Rosicky offrait à ses supporters un titre de champion d’Allemagne et une finale de Coupe UEFA (perdue contre Feyenoord). Mais les années de galère n’allèrent pas tarder à poindre le bout du nez. Si Dortmund plongeait, Rosicky résistait, offrant toujours de belles prestations aux supporters. Au point de se voir affubler du surnom de Mozart du football.

Pourtant, devant les offres du Real Madrid, de l’AC Milan et de Chelsea, Dortmund ne pouvait pas résister plus longtemps. D’autant plus que la menace d’une crise financière se faisait toujours plus précise. Ce fut finalement Arsenal qui emporta le jackpot pour 10,2 millions d’euros.  » Je l’ai toujours dit. Si je pouvais choisir, j’opterais pour les Gunners. Pourquoi ? Parce que c’est dans ce club qu’évolue le plus grand joueur du monde : Thierry Henry « .

Le fils de Jiri Rosicky, qui a remporté le championnat national avec le Sparta Prague en 1967, sera donc la première nouvelle étoile à évoluer dans le stade flambant neuf d’Arsenal. Il portera le numéro 7, dévolu autrefois à Robert Pirès.

Didier Zokora (Tottenham)

Depuis l’arrivée de Martin Jol, Tottenham a retrouvé de l’ambition en formant une formation soudée. Les grandes équipes se reconnaissent par leur don d’anticipation. Le départ de Michael Carrick pour Manchester United n’a ainsi soulevé aucune vague du côté de Londres car les Spurs disposaient déjà en magasin de la solution rechange en la personne de Didier Zokora.

Une fois n’est pas coutume, c’est sous nos latitudes que Maestro a été formé. Arrivé en droite ligne de l’Académie de Jean-Marc Guillou, Zokora aboutissait en 2000 à Genk (et non pas à Beveren).  » C’est Guillou qui m’a découvert dans la rue. Je peux être fier d’avoir été le premier de l’Académie à rejoindre l’Europe « .

Repéré par Johan Boskamp, il resta quatre saisons dans le Limbourg comme défenseur central. Pas à pas, il franchit les échelons et obtint en 2004 un transfert à Saint-Etienne où Elie Baup le reconvertit comme médian défensif. A ce poste-là, il fait un tabac et s’inscrit comme meilleur milieu du championnat français. On le cite à Manchester, au Real. Il choisit finalement Tottenham.  » Il est tellement rapide qu’il peut intercepter un avant en commettant un minimum de fautes « , dit de lui Sef Vergoossen qui l’a dirigé à Genk.  » Il lit très bien le football, est fort de la tête et délivre de bonnes passes « , ajoute Martin Jol, son nouvel entraîneur qui l’a débauché pour 12 millions d’euros.

A 25 ans, Zokora a atteint le top aussi bien en club qu’en sélection nationale où, avec Didier Drogba, il est le leader des Eléphants.

Andy Johnson (Everton)

Après une saison exceptionnelle ponctuée par l’obtention d’un ticket pour la Ligue des Champions, Everton a connu une année 2005-2006 beaucoup plus laborieuse. Pourtant, la formation de David Moyes a conservé ses ambitions intactes. La preuve : l’arrivée d’ Andy Johnson. Ce joueur de Crystal Palace (D2) ne vous dit plus rien ?

Pourtant, ce crâne rasé avait défrayé la chronique en 2003-2004, lorsque Palace militait en Premiership. Certes, les Londoniens ne parvinrent pas à se maintenir mais Johnson avait décroché le titre de meilleur buteur. Cela n’avait pas échappé à Sven-Goran Eriksson qui lui offrit sa première sélection anglaise.

Sollicité de toutes parts, Johnson décida pourtant de poursuivre son parcours à Selhurst Park. En D2, avec un salaire revu à la hausse (30.000 euros par semaine). Son rêve secret était de revenir parmi l’élite avec son club mais les Eagles ont échoué lors des playoffs.

A 25 ans, Johnson évoluera donc pour son troisième club après avoir débuté à Birmingham. A l’époque, il était considéré comme un attaquant trop petit pour percer au plus haut niveau. Son parcours chez les Blues fut définitivement voué à l’échec lorsqu’il rata la conversion d’un penalty en finale de la Coupe de la Ligue contre Liverpool en 2001.

C’est donc par la petite porte qu’il aboutit à Crystal Palace où il fut adopté définitivement par les supporters grâce à son hat-trick réussi contre les ennemis héréditaires de Brighton & Hove Albion. En quatre ans, Johnson allait trouver le chemin des filets à 84 reprises.

Son retour au sein de l’élite anglaise a pourtant un prix : 12,75 millions d’euros pour le transfert et un salaire de 60.000 euros par semaine. Ce qui en fait le joueur le mieux payé d’Everton.

Martin O’Neil (Aston Villa)

Et si le meilleur transfert n’était pas un joueur ? Eloigné des terrains depuis un an et demi, l’ancien manager à succès du Celtic de Glasgow (3 titres, une finale de Coupe UEFA), Martin O’Neil, qui avait refusé le poste de sélectionneur d’Irlande et qui était souvent cité comme successeur d’ Alex Ferguson à Manchester, a repris le collier comme manager d’Aston Villa.

A 54 ans, O’Neil, armé d’une solide réputation de boute-en-train, a donc décidé de revenir au football, qu’il avait provisoirement mis entre parenthèses pour s’occuper de sa femme Geraldine, malade.  » Je suis au courant de l’histoire du club. Essayer de retrouver les temps glorieux semble un chemin ardu mais pourquoi ne pas tenter le coup ? », a-t-il déclaré en arrivant.

Pour revenir à l’ambiance des Coupes d’Europe – Aston Villa a remporté un trophée européen il y a 25 ans -, le président a donc misé sur la passion et la capacité de motivation de l’ancien international nord-irlandais. Six ans après avoir quitté la Premiership (il avait alors conduit Leicester en Coupe d’Europe), l’ancien joueur de Nottingham, victorieux de la Coupe d’Europe en 1979 et 1980, succède à David O’Leary qui a dépensé beaucoup sans obtenir grand-chose comme résultat.

STÉPHANE VANDE VELDE

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