Un mariage de raison

Bruyneel ne parvient pas à mater Andy Schleck.

Dans 25 jours, la 99e édition du Tour de France s’ébranle à Liège mais on attend toujours un premier signe positif d’ Andy Schleck. La méforme du Grand-Ducal fait tache d’huile. Son équipe a remporté, dimanche au Tour du Luxembourg, sa première victoire de l’année dans une course par étapes. L’année dernière, la formation de Johan Bruyneel avait déjà dix succès a son compteur et en janvier dernier, on la considérait comme le Real Madrid des courses à étapes.

Quand Lance Armstrong a effectué ses adieux, le Flandrien a compris qu’une période de vaches grasses prenait fin. Fin 2007, quand Discovery Channel s’est retiré du peloton, il a annoncé son propre départ. Depuis lors, c’est surtout la nostalgie qui anime sa carrière. Avide de nouveaux succès au Tour, Bruyneel s’est d’abord lancé dans une folle aventure avec Astana, pour assister, impuissant, à la lutte de pouvoir entre la fédération cycliste et l’Etat du Kazakhstan.

L’hiver dernier, l’opportunisme a jeté le manager de RadioShack-Nissan-Trek dans les bras d’Andy Schleck, qui ne ressemble en rien à Armstrong. La nonchalance du candidat à la victoire au Tour fait le désespoir de Bruyneel, qui était habitué à préparer l’épreuve dans ses plus infimes détails, avec l’Américain.

Pas plus que chez Astana, Bruyneel n’a de prise sur son équipe. Il a déjà tout essayé pour faire filer Andy Schleck droit. Il a écarté de la sélection du Tour Kim Andersen, un proche des Schleck, il a concocté un programme différent pour Andy et Fränk et il s’est même tourné vers la presse pour fouetter l’orgueil de son leader. Si Andy ne parvient pas à redresser la barre cette semaine au Dauphiné, il risque de galvauder son talent au Tour, une fois de plus.

L’histoire de l’équipe est à la base des tensions actuelles. La fusion entre RadioShack et Leopard a été un mariage de raison entre des cultures radicalement opposées, le fabricant de cycles Trek fonctionnant comme courroie de transmission. Bruyneel n’a jamais toléré qu’on remette en cause son autorité mais Leopard s’appuie sur le dialogue avec la base et les Schleck n’ont encore jamais été confrontés avec une telle forme d’autorité.

RadioShack-Nissan est le produit de l’impatience. Flavio Becca, le mystérieux homme d’affaires qui a créé Leopard, voulait des résultats rapides. L’année dernière, il s’est donc adressé à Bruyneel, qui cherchait des fonds. La fusion inattendue a suscité frustration et mécontentement auprès de nombreux coureurs et autres membres du personnel. Il est difficile d’obtenir des résultats avec une base aussi peu solide et les pannes de l’équipe ne font que confirmer une vieille vérité : une équipe est davantage que l’addition des vedettes achetées, comme le BMC du mécène Andy Rihs a déjà dû le constater ce printemps. Comme quoi les caprices d’un mécène et la pression inhérente à la recherche du profit immédiat peuvent miner la politique à long terme d’une entreprise.

BENEDICT VANCLOOSTER

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