Un maçon à 40 briques

Acheté 40 millions d’euros, le médian en provenance de l’Athletic Bilbao est le transfert le plus cher de l’histoire de la Bundesliga. Présentation.

Javier Martinez Aguinaga (né à Ayegui, le 2 septembre 1988) a créé le buzz en cette fin de mercato estival en signant au Bayern Munich. Alors qu’il est déjà présenté comme le successeur naturel de Xabi Alonso au sein de la Roja, Martinez n’a pourtant pas exactement les mêmes cordes à son arc. Son physique est plus impressionnant que l’ex-Red, fort de ses interminables 190 cm pour 86 kilos. JM est un milieu défensif de formation mais peut aussi dépanner dans l’axe de la défense. Le néo-Bavarois, c’est 13 cartons jaunes pour 3 expulsions et 4 buts lors du dernier exercice en Liga. Autant dire que ce n’est pas un clone du gentil Xavi. Mais davantage un rugueux maçon du milieu du jeu.

Le médian est habitué des gros chèques puisqu’il débarque de sa Navarre natale (où il militait dans les rangs de l’Osasuna B) à 17 ans pour la coquette somme de 6 millions d’euros. Le gaillard n’est pas rancunier puisque peu de temps avant, son frère aîné Alvaro, jugé trop faible, avait été prié de quitter Lezama, le centre de formation de l’Athletic Bilbao. Le frangin tombe alors en dépression et leur maman, Fortu, s’était pourtant juré que jamais Javi n’irait garnir les rangs de l’Athletic. Il faut croire que l’argent a fait la différence…

La progression de Javitxu est imparable. Aujourd’hui, il fait partie de la Selección championne d’Europe après avoir aussi été du voyage en Afrique du Sud lors du sacre mondial. Quand le chaval (l’enfant) d’Ayegui a officiellement fait partie de la liste des 23 convoqués par Del Bosque pour l’Afrique du Sud, des feux d’artifices ont retenti dans cette petite localité de 2.000 habitants située près de Pampelune. On dit que Del Bosque lui voue un affect non dissimulé :  » Javi est un super joueur et un grand leader. Il a toujours tout le terrain de jeu en tête « , peut-on lire dans Bild. Seuls points noirs à son profil : déjà trois finales (2 Copa del Rey et l’Europa League) jouées pour autant de perdues.

Martinez, c’était la pierre angulaire du  » projet  » Marcelo Bielsa. îuvre inachevée au demeurant : l’Athletic s’est hissé jusqu’en finale de l’Europa League, laminé par l’Atlético Madrid. Les Basques n’ont pas eu plus de chance quelques jours plus tard en finale de la Copa del Rey face au Barça.

Ni le Real ni le Barça… le Bayern !

Le médian défensif a été cité tour à tour au Real puis au Barça. S’il est vrai que les Merengues semblaient intéressés par le Navarrais, tout a basculé le jour où les Madrilènes ont été sacrés champions l’an dernier dans La Catedral de San Mamés, antre de l’Athletic. Javi Martinez invective Cristiano Ronaldo près du banc de touche après les trois coups de sifflets :  » Va fêter ton titre chez toi, espèce de fils de p…  » Et le transfert devenait impossible. Pour le Barça par contre, être l’ennemi de son ennemi devenait une très bonne raison de l’attirer au Camp Nou. Inflexible, Bilbao ne voulait rien lâcher des 40 millions d’euros prévu par sa clause libératoire. Le Barça jette l’éponge estimant sans doute que dans ce rôle, il y a plus fort à la maison : Sergio Busquets.

Karl-Heinz Rummenigge, président du Bayern, a reconnu dans El País :  » S’il est vrai que c’est une somme énorme, je rappelle que Javi a accepté de ne pas percevoir 2 millions d’euros par an initialement pactés avec lui. Et ce, sur les cinq ans que prévoit le contrat.  » Le joueur ferme donc les yeux sur 10 millions d’euros. C’est ce qui s’appelle avoir l’amour du maillot… avant même de l’avoir porté !

« Indécent ! « , voilà pourtant l’adjectif utilisé par la direction du Bayern lorsqu’elle s’est intéressée au prix du dernier bijou de Bilbao, il y a quelques mois. La nouvelle recrue bavaroise a finalement paraphé son contrat suite à une course effrénée digne de 24 h Chrono : vol en jet privé, limousine noire, et visite médicale secrète.

Javi Martinez se serait lui-même adressé à son président après l’EURO pour lui confirmer son désir ferme de partir. Le bras de fer était engagé. Fernando Llorente encore sous contrat avec Bilbao a tenté le même forcing mais sans succès. Les supporters n’ont pas été tendres et l’ont fait savoir. Le départ des figures emblématiques du club y est quasi interdit. Il se chuchote même qu’à l’époque, Julen Guerrero, courtisé par les plus grands, avait finalement dû rester dans son Pays Basque natal, cédant aux menaces du groupe terroriste ETA. Espérons pour Martinez qu’il ne subisse pas les mêmes pressions du mouvement indépendantiste subies par Bixente Lizarazu après son départ de l’Athletic pour le Bayern..

PAR DANIEL MORENO

 » Va fêter ton titre chez toi, espèce de fils de p… « 

Javi Martinez à Cristiano Ronaldo

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