Un imposant chantier

L’OL version 2009-2010 suscite son lot de questions. Les nombreux changements intervenus cet été ont relooké l’équipe de Claude Puel. En bien ? Pas sûr…

Après un septennat au sommet du football français, l’OL a cédé l’an dernier son graal aux Girondins de Bordeaux et a même vu l’Olympique de Marseille passer devant lui.  » Lyon troisième « , le club du président, Jean-Michel Aulas , n’avait plus connu pareil déshonneur depuis 2001 et une place de vice-champion. C’est pourquoi cet été, JMA a, dit-il,  » sorti les trésors de guerre pour retrouver notre rang « . Si Aulas est critiqué pour ses excès en tous genres (pression sur les arbitres, clash avec plusieurs présidents français, arrogance, mauvaise foi, etc.) personne en France ne lui reproche un manque d’ambition. 72 millions en transferts pour se refaire une santé, voilà qui pèse lourd, très lourd, surtout quand en face, Anderlecht lâche moins d’un million d’euros pour sa seule véritable arrivée, Ondrej Mazuch . Indiscutablement parents pauvres de cette double confrontation, les Mauves doivent-il pour autant craindre outre mesure ce nouvel OL ?

Pourquoi Lyon fait peur

Lisandro Lopez , 24 millions, Bafe Gomis , 15, Michel Bastos , 18 et Aliou Cissokho , 15. Quatre signatures, quatre nouvelles têtes venues renforcer l’effectif de Claude Puel , dont le débours total équivaut à plus du double du budget annuel d’Anderlecht. Financièrement, l’OL reste, et de loin, la place la plus forte du football français avec un budget de 143 millions d’euros. Depuis les années 2000, l’OL est un habitué à la dépense durant le mercato estival. Mais cette fois-ci, les Gones ont atteint des sommets. Si le départ de la star du club, Karim Benzema , pour 35 millions au Real Madrid a certes mis du beurre dans les épinards, la balance reste largement négative. L’ambition de renouer au plus vite est à ce prix estime la direction lyonnaise.

Etiqueté plus gros transfert de l’histoire du club (et deuxième de l’histoire du foot français après celui d’ Anelka de Madrid à Paris pour 30 millions), Lisandro Lopez est l’attraction principale de l’OL new look. Meilleur buteur de la Superliga 2007-2008 avec 24 buts et auteur de 6 réalisations l’an dernier en Ligue des Champions avec Porto, l’Argentin est arrivé pour redonner du punch à l’attaque lyonnaise, trop dépendante l’année passée de la forme de Benzema. Rapide, excellent de la tête malgré son 1,75m, doté d’une frappe lourde, et toujours en mouvement, Licho devrait époumoner l’axe défensif Juhasz Deschacht , pas toujours des plus rassurants. A gauche, c’est la révolution. Cissokho remplace Fabio Grosso et Bastos passe de Lille à Lyon comme avant lui Eric Abidal , Jean II Makoun , Mathieu Bodmer , Kader Keita . Cissokho, dont le transfert cet été au Milan AC a capoté pour un problème… dentaire, doit apporter rigueur et puissance à l’arrière gauche, ce que l’Italien n’a pas su faire en deux ans. Devant lui, le Brésilien Bastos, auteur de 14 buts et 10 assists l’an dernier (meilleur ratio de la L1) devrait faire fureur dans le 4-4-2 (voire le 4-5-1 comme face au Mans lors de la première journée de championnat) de Puel. Car c’est là que réside la principale révolution. Le passage de Juninho cet été vers Doha a signifié la fin du 4-3-3, marque de fabrique du club depuis Paul Le Guen et 2002 ; un système façonné pour le Brésilien. Cet important départ autant sportif qu’extra sportif est censé libérer les créateurs Miralem Pjanic et Ederson , trop peu à leur avantage la saison passée, mais dont personne ne remet en cause le talent.

Pourquoi Anderlecht doit y croire

11 mars 2009, huitième de finale de la Ligue des Champions, Barcelone-Lyon : 5-2. Cette date est synonyme de claque (le score était de 4-0 à la mi-temps) et la bande à Puel, éliminée en Coupe d’Europe, ne s’en remettra pas. Marseille et Bordeaux larguent les Lyonnais en championnat, mais c’est davantage l’image du club qui en prend un coup. Aulas, qui clame depuis des années son objectif de remporter la C1, doit pour la première fois admettre que son club n’émerge pas à l’élite européenne (il n’est d’ailleurs jamais parvenu à passer les quarts de finale de la C1).

Depuis des années déjà, Lyon manquait de glamour pour attirer les stars tant recherchées. On espérait Samuel Eto’o , Andriy Shevchenko , mais débarquaient Giovanni Elber , Milan Baros , John Carew . Autant de flops. Cette saison à la pointe de l’attaque, c’est Gomis qui arrive alors que la priorité allait pour André-Pierre Gignac de Toulouse, voire Loïc Rémy (ex-joueur du club vendu à Nice l’an dernier pour 6 millions et dont l’OL était prêt à débourser 15 millions pour le rapatrier !). Même sur son territoire, Lyon n’a pas été en mesure de faire la loi. Gomis, dont la saison 2007-2008 avait été efficiente et l’avait introduit chez les Bleus pour l’Euro 2008, n’a pas confirmé l’an dernier avec seulement 10 buts en championnat. En cause notamment, un excès pondéral chez la Panthère . Benzema n’a donc pas de successeur à sa hauteur même si Lisandro Lopez peut aussi évoluer en pointe.

Autre sujet d’inquiétude pour Puel : la défense. L’axe central Cris -Bodmer est comme son vis-à-vis bruxellois encore en réglage. Cris, dit le policier , a connu d’importantes blessures et ne sévit plus comme avant. Bodmer, ex-milieu de terrain, a pour lui une très belle relance mais connait encore trop d’absences au haut niveau. Et puis au milieu de terrain, si Jérémy Toulalan , marathonien de l’OL et des Bleus, fait figure d’indéboulonnable, son comparse, Jean II Makoun, n’est pas de la même veine que ses prédécesseurs, Mahamadou Diarra ou Mickael Essien .

Toutes ces craintes n’ont certainement pas été apaisées en préparation : l’OL n’a connu qu’une victoire pour trois nuls et deux défaites. Confirmation au Mans pour la première journée de L1 où Lyon a arraché un point dans les derniers instants par Lisandro Lopez (2-2). Pour booster encore un peu plus le moral des Bruxellois, rappelons certains chiffres. Anderlecht n’a connu qu’une seule élimination en sept duels face à un club français (en 93 face au PSG en Coupe de l’UEFA) et qu’une défaite en quatorze rencontres : c’était à… Lyon (1-0) en 2003 lors des poules de la Ligue des Champions. Enfin les hommes d’ Ariel Jacobs ne devraient pas connaître l’enfer mercredi prochain. Autant le Parc des Princes, le Vélodrome ou Geoffroy-Guichard s’enflamment aisément, le public de Gerland (40.494 places) est à l’image de la ville, plutôt bourgeois. lsul

par thomas bricmont – photo: reuters

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire