Un grand Tournai

Après avoir déposé son bilan, le Racing devrait fusionner avec l’Union…

A l’heure où l’Union Belge instaure un exigeant système de licence, les mariages les plus improbables sont programmés. A Tournai, les bans ont été publiés mais le Racing et l’Union ne devraient se passer la bague au doigt que dans deux ou trois ans. Complètement surréaliste il y a à peine un an, comment cette fusion a-t-elle subitement été décidée?

Primo, les deux clubs ne se portent pas bien sur le plan financier. L’Union stagne en Promotion tandis que le Racing a déposé son bilan. Longtemps opposé à se faire hara-kiri, Jean-Claude Stocman, jusqu’à il y a peu administrateur-délégué et principal bailleur de fonds du Racing, s’y est résolu.

« Nous ne pouvons pas obtenir la licence nécessaire pour rejoindre la D2 à cause d’une lourde dette auprès de l’ONSS. Une charge financière qui remonte aux années 75 à 89. Nous devons exactement 5.535.000 francs de cotisations auxquels il faut ajouter les intérêts et les amendes. Ce qui porte notre ardoise à près de 14 millions. Malgré un plan d’apurement de 50.000 francs par mois, le club n’a réglé ces dernières années que des…intérêts. Personne ne nous a assignés en justice. Je tiens donc à dire que nous avons volontairement choisi de mettre en liquidation l’ASBL Royal Racing Club Tournai ».

Le Racing connaît le tarif pour une liquidation d’ASBL: la rétrogradation administrative. Autrement dit, le club devrait l’année prochaine, sauf dérogation d’une saison, évoluer en Promotion alors que l’équipe coachée par le Français Jean-Marc Varnier joue la montée en D2. « J’ai lancé un défi aux joueurs, relate Stocman. Rejoindre sportivement la D2 via le titre, mais je pense que ce sera Renaix, ou le tour final afin de recommencer la saison prochaine en D3 et de viser d’emblée le titre. Ils ont tous adhéré. Ils sont payés tous les quinze du mois et personne ne songe actuellement à la Promotion ».

Pourtant, dans les semaines à venir, des transactions vont débuter. Les Rats possèdent une équipe qui fait des envieux. Et la situation précaire du club pourrait inciter des joueurs à filer à l’anglaise : « C’est évidemment de bonne guerre. Moi aussi, je reluque des éléments de Courtrai, un club qui va disparaître ».

Il aura donc fallu l’instauration drastique de la licence pour que le Racing regarde sa comptabilité en face. Jean-Claude Stocman en a gros sur la patate car il aurait pu effectuer une telle liquidation il y a dix ans lorsqu’il a débarqué au club.

« Nous avons perdu une décennie. Dès mon arrivée, j’avais demandé au président Devos de liquider les dettes et de redémarrer en P1. Deux ans plus tard, nous montions en D3 et je réclamais à nouveau la liquidation mais personne ne m’a suivi. Si nous avions pris nos responsabilités à l’époque, je suis certain que le club évoluerait aujourd’hui en D2. Ce qui m’a totalement convaincu de mettre l’ABSL en liquidation, c’est un récent contrôle de deux inspecteurs de l’ONSS qui veulent désormais nous taxer sur des joueurs amateurs! »

Deuxième raison du futur mariage: la nouvelle politique sportive de la ville. Il y a cinquante ans que les comités de l’Union et du Racing n’avaient plus été réunis autour d’une même table. Cela a été chose faite en février dernier à l’hôtel de ville par le nouveau bourgmestre, Christian Massy.

« Il a été très clair dans son discours: il veut une réunion des deux clubs de l’entité. Il y a un an, j’avais déjà rencontré le président de l’Union Tognelli afin de discuter de la situation de nos deux clubs. Nous nous connaissons bien mais il y avait encore trop de réticences à l’époque. D’ici deux ans, le stade de la Drève du Maire ne sera plus conforme. Un devis a été établi concernant les travaux et il est… énorme. Le bourgmestre s’est investi pour la construction d’un nouveau stade communal sur la Plaine des Manoeuvres. Dans un premier temps, la ville doit vendre notre terrain pour y construire un parking tandis que le CPAS, propriétaire du terrain de l’Union, en fera de même. La Région Wallonne apportera un subside pour ériger une nouvelle enceinte. Celle-ci devrait être partagée avant le mariage dans deux ou trois ans ».

C’est un souhait du bourgmestre, qui se dit prêt à soutenir le nouveau club.

Jean-Marc Ghéraille

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