Un faible pour la Task Force !

Le 5 mars dernier, sur proposition/FIFA, l’International Football Association Board avait déjà inscrit à l’ordre du jour de son assemblée générale la révision éventuelle de la triple peine. A savoir si être à la fois puni d’un penalty, exclu et ensuite suspendu n’était pas une sanction trop lourde. Mais le point avait été reporté, comme d’ailleurs l’adoption d’une technologie sur la ligne de but. Les mages du Board avaient préféré statuer sur le port de collants et de caches-cous, sur l’explosion d’un ballon au moment d’un botté de penalty ou sur l’intrusion d’un animal sur l’aire de jeu ! Ton mélanome est malin ? Ce n’est pas urgent, soignons d’abord ton ongle incarné. Ainsi vit le Board…

Le 3 mars prochain, la FIFA (qui n’est pas l’IFAB) reviendra donc à la charge en formulant les propositions de sa Task Force 2014 : laquelle a notamment planché, voici huit jours, sur cette triple peine.

Task Force : terme militaire désignant une force opérationnelle temporaire . 22 baroudeurs/FIFA pour tenter d’améliorer l’attractivité du foot d’ici le prochain Mondial ! Dont la moitié d’ex-stars, de quoi composer un dream team de vétérans : Ivan Curkovic dans les bois. Franz Beckenbauer au libero. Devant lui Cafu, Fernando Hierro, Demetrio Albertini et Christian Karembeu pour quand même défendre un peu. Bobby Charlton à la man£uvre. Attaquants : Kalusha Bwalya et Dejan Savicevic pour soutenir Pelé (à 70 piges ce sera nécessaire !). Ils ne sont que dix, mais ce sont de tels caïds que ça a quand même fière allure : suffira d’ajouter Sepp Blatter en le priant de demeurer dans le rond central, juste pour bougeotter face à l’adversaire qui s’y aventurerait.

Seulement voilà : phosphorer sur la triple peine, ce n’est pas tripoter un ballon ! Beckenbauer et ses gars se contentent de trouver l’actuelle sanction trop lourde, et estiment qu’un penalty agrémenté d’un carton jaune doit suffire dans la majorité des cas : argumentation sommaire qui a peu de chances de convaincre le Board, et qui ne parviendra pas à objectiver les sanctions futures !

D’abord, mieux vaudrait parler de double peine car, que le sanctionné soit ensuite suspendu, on s’en fiche un peu. La peine est surtout lourde parce que tout à coup, on se retrouve (peut-être) menés suite à un penalty ET réduits à dix pour courir après le score : autant dire passeport pour foirer, démobilisation, exit le suspense ! C’est vrai que c’est moche, d’autant que les penaltys sifflés sont régulièrement contestables et contestés. Ensuite, faudra définir pour le Board ce qu’est dans la surface de réparation un coup franc direct impliquant clairement du jaune plutôt que du rouge, alors que la couleur des cartons engendre des polémiques toujours irrésolues partout sur le terrain ! Mission impossible, qu’on s’appelle Kaizer Franz ou Roi Pelé : demeureront dans le rectangle des occasions manifestes qui ne l’étaient peut-être pas, des hands involontairement volontaires, des agressions crapuleuses que tel arbitre ne jugera que téméraires…

Franz, Edson, je vous propose un tout autre angle d’attaque pour séduire le Board : au moment où le penalty est sifflé, suggérez que l’arbitre ne brandisse rien du tout ! Mais après ( !) le botté, il brandirait du jaune au fautif si le péno a été converti, et du rouge si le péno a été raté : dans les deux cas, il y aurait donc sanction effective et simple ! Là, je sais, vous me riez au nez sous prétexte que pareille farfeluterie ne trouvera jamais grâce aux yeux des vieux sérieux du Board. Vous avez tort, c’est justement là qu’est l’astuce : le Board ne pourra pas refuser, parce qu’une sanction similaire figure déjà dans ses Lois du Jeu, si, si !

Lisez la fin des directives relatives à la Loi 12. Il y est question d’une occasion de but manifeste qu’un attaquant parvient à se ménager par une longue course vers le but, malgré le hands préalable d’un défenseur ou malgré une faute meurtrière à laquelle il a résisté : si l’arbitre a appliqué la règle de l’avantage, le défenseur sera ensuite exclu au cas où l’attaquant a loupé son coup, mais ne sera ensuite qu’averti au cas où l’attaquant a mis la balle au fond ! Comme quoi l’idée de simple peine que défend la Task Force existe déjà aux tréfonds du règlement ! Incroyable mais vrai. Si Charly Musonda garde encore contact avec Kalusha, ce serait chouette qu’il fasse suivre.n

PAR BERNARD JEUNEJEAN

Edson, et si c’était jaune au fautif si le péno a été converti et rouge s’il a été raté ?

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