© GETTY

Un étranger au PSV

L’été prochain, l’Allemand Roger Schmidt remplacera Ernest Faber, l’entraîneur intérimaire du PSV. Il prône un foot spectaculaire et offre une chance aux jeunes.

Tout le monde connaît Jürgen Klopp et Thomas Tuchel mais Roger Schmidt (53 ans) n’a pas ce privilège. Pourtant, l’Allemand vient de signer un contrat de deux ans au PSV, qu’il coachera à partir de la saison prochaine. Le premier club d’Eindhoven n’est que quatrième après 26 journées. Cette place lui donne accès au deuxième tour préliminaire de l’Europa League mais n’est pas conforme au statut du club, 24 fois champion des Pays-Bas, d’autant qu’avec un budget de 78,5 millions, il n’est précédé que par l’Ajax (110 millions).

Pleins gaz

Comment le PSV a-t-il pensé à un Allemand qui, en plus, est ingénieur de formation et a travaillé pendant huit ans dans cette branche ? Pour le comprendre, il faut remonter dans le temps, plus précisément au jeudi 20 février 2014. Ce jour-là, Frank de Boer et l’Ajax essuient une défaite 0-3 contre le RB Salzbourg, en seizièmes de finales de l’Europa League.

Le fier Amstellodamois est découragé :  » Nous avons peut-être opté pour la mauvaise tactique.  » L’ancien défenseur minimise ainsi les mérites de son adversaire car son équipe n’est pas parvenue à se libérer de la pression autrichienne l’espace d’un seul instant. L’architecte de ce pressing terrible est Roger Schmidt, qui a parfaitement exploité la vitesse du Sénégalais Sadio Mané et le sens du but de l’attaquant espagnol Jonathan Soriano. En plus, il a pu compter sur la sobriété de son gardien hongrois, Peter Gulacsi.

 » Nous ne sommes contents que quand le match est intense « , affirme Schmidt.  » A quoi sert-il de laisser du temps et de l’espace à l’adversaire ?  » Il fait référence au style de jeu – un football spectaculaire avec une forte pression vers l’avant, dans le camp adverse – inspiré par son grand modèle, Jürgen Klopp.

Il a simplement troqué le terme de Gegenpressing (contre-pressing) contre celui de Vollgass-Fussball (football à fond les gaz), un concept qu’on associe depuis lors systématiquement à Roger Schmidt. Celui-ci est très exigeant sur le plan tactique et dialogue beaucoup avec ses joueurs.

Hors pair

Sa philosophie va chambouler les principes du PSV, et ce à plusieurs égards : ces dernières saisons, le club a toujours fait appel à des entraîneurs issus de son école des jeunes : Phillip Cocu, Mark van Bommel et Ernest Faber, ad interim.

Schmidt a remporté le doublé avec Salzbourg en 2014. Les deux saisons suivantes, il a terminé troisième puis quatrième de Bundesliga avec le Bayer Leverkusen. En outre, il a permis à Kai Havertz d’effectuer ses débuts à seize ans et a également octroyé du temps de jeu à de futurs internationaux allemands, Benjamin Henrichs, Jonathan Tah et Julian Brandt.

Ça n’a pas empêché le Bayer Leverkusen de le renvoyer, suite à de moins bons résultats durant sa troisième saison.  » Je continue de penser qu’il est un tout grand coach mais nous étions obligés d’intervenir pour préserver nos objectifs « , avait déclaré Rudi Völler, alors directeur sportif, à Kicker.

L’ancien médian offensif n’a évolué que pour des clubs amateurs : le Kiersper SC, R-W Lüdenscheid, le TuS Plettenberg, le TuS Paderborn-Neuhaus, le SC Verl, le SC Paderborn 07 et le SV Lippstadt 08). L’étranger ne le rebute pas. Du 1er juillet 2017 au 31 juillet de l’année passée, il a ainsi entraîné Beijing Sinobo Guoan, en Chine.

Il y a implanté son style de jeu, un football dominant et particulièrement énergique qui a valu à son équipe la victoire en coupe et une deuxième place en championnat. Comme il a refusé de prolonger son contrat, il a logiquement été remercié.  » Je pense qu’il éprouvait l’envie de réentraîner un club européen de renom « , estime Huub Stevens, un monument du PSV.  » Je connais Schmidt. Il est large d’idées et je m’attends à ce qu’il s’adapte aisément aux habitudes d’Eindhoven.  »

Idées fraîches

Schmidt devient le premier entraîneur non néerlandophone du PSV depuis Bobby Robson.  » Je comprends que le PSV doive toujours lutter pour des trophées. Mes équipes jouent toujours pour gagner. Toujours « , a annoncé l’Allemand dès sa présentation à la presse. Des entretiens avec Faber et le conseiller du club, Guus Hiddink, lui apprendront que le PSV ne peut se permettre, financièrement, de conserver l’arrière droit et capitaine Denzel Dumfries (23 ans), malgré un contrat courant jusqu’en 2023.

Mohammed Ihattaren, qui n’a encore que 18 ans, doit devenir un pilier du PSV new look. Le club dispose d’un joli bas de laine grâce aux transferts lucratifs de Hirving Lozano à Naples (38 millions) et de Steven Bergwijn à Tottenham(30 millions). Il pourra donc se lancer sans trop d’hésitations sur le marché des transferts. Une chose est certaine : le club a enrôlé un entraîneur qui va rafraîchir le championnat néerlandais, par ses idées.

Sur les traces d’Eric Gerets

Kees Mijnders senior a été le premier entraîneur du club d’Eindhoven en 1914. Le Britannique John Leavy est devenu le premier coach étranger du PSV lors de la saison 1922-1923. Roger Schmidt ne sera que le deuxième Allemand à s’asseoir sur le banc du club, après Kurt Linder de 1968 à 1972. Jusqu’à présent, le club n’a eu recours qu’à une poignée de coaches étrangers : Jack Hall (qui lui a offert un deuxième titre en 1935), Sam Wadsworth (lauréat de la première Coupe en 1950), George Hardwick et, bien sûr, le charismatique Bobby Robson, mais aussi les Yougoslaves Ljubisa Brocic et Milan Nikolic, l’Autrichien Franz Binder et l’ancien international belge Eric Gerets.

De 1999 à 2002, notre compatriote a offert deux titres et deux Supercoupes au PSV. Gerets a ensuite été relayé par Guus Hiddink, maintenant âgé de 73 ans et conseiller du club. Son palmarès à Eindhoven est inégalé : en deux mandats (1987-1990 et 2002-2006), il a remporté six titres, quatre Coupes des Pays-Bas et la Coupe d’Europe des Clubs champions, durant la saison 1987-1988. Le PSV a pris la mesure de Benfica à Stuttgart, devant 70.000 personnes, aux tirs au but (6-5), au terme d’un nul blanc. Gerets, alors capitaine du PSV, était devenu le premier Belge à brandir la fameuse coupe aux grandes oreilles.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire