Un destin qui TOURNE

Le destin est décidément parfois trop cruel. Dimitri de Condé le sait mieux que quiconque. Pro à 18 ans, il lui avait suffi d’une bonne trentaine de rencontres en D1 avec Lommel pour convaincre Robert Waseige de l’embrigader au Standard. Il y disputera 123 matches en quatre saisons avec 16 buts à la clé. Capitaine de l’équipe nationale des Espoirs, il y côtoiera les Baseggio, Deflandre, Bisconti, Vermant et autre Goossens. La voie royale semblait donc toute tracée.

Hélas, pour devenir meneur de jeu du Standard, il lui aurait fallu à la fois une autre expérience et surtout des épaules beaucoup plus solides. Ce fut sans aucun doute l’erreur de départ. Bon garçon et bon équipier, il sera mis à toutes les sauces. Sous Tomislav Ivic, on en fera même un flanc droit offensif. Il sera ensuite gentiment prié de chercher son bonheur ailleurs. Et ce sera à Charleroi où il sera encore moins chanceux. Jamais il n’y trouvera ses marques en dépit des 59 rencontres disputées en deux saisons. Pas plus qu’il n’avait résisté à l’instabilité et à l’inconstance du Standard, il ne survivra à la désintégration de la formation carolorégienne.

Et puis ce fut la descente aux enfers : la banqueroute avec Alost et la faillite, douze mois plus tard, avec son club d’origine, Lommel. Deux fois, coup sur coup, Dimitri se retrouvera à la rue sans indemnité de départ et sans droit au chômage. Héritier d’une grosse entreprise de pneus qui emploie près de 200 ouvriers, Dimitri est fort heureusement à l’abri du besoin. Il n’empêche que sa cote de footballeur en prit un sacré mauvais coup à la bourse des valeurs : trois années de perdues et retour à la case départ avec Heusden-Zolder où les perspectives d’avenir ne sont guère folichonnes.

Et pourtant, à titre personnel, la saison est réussie. Avec ses six buts et six assists avant le week-end dernier, Dimitri s’est réaffirmé compétitif pour un club de l’élite. Il a retrouvé sa confiance et augmenté son assurance. Et il n’a rien perdu de son débit de jeu. Dès lors, il jouera à Genk la saison prochaine.

Les galères endurées et accumulées ces dernières saisons pourraient compenser une formation incomplète qui fut, comme pour beaucoup d’autres, la cause première d’un épanouissement difficile et donc d’une carrière un peu ratée. Mais il n’est pas trop tard. Père d’un gamin et d’une fille, il affirme : » J’ai l’impression que ma carrière ne fait que commencer. L’introverti et le trop gentil garçon a changé. A présent, je sais diriger des équipiers « . Dont acte !

Il n’empêche que cette déficience dans la formation ne se rattrape jamais complètement. Je pense par exemple à son manque de changement de rythme et son déficit de force et de puissance athlétique qui doivent se travailler entre 14 et 16 ans. En difficulté contre les joueurs vifs, il ne sera jamais un meneur de jeu ni un médian défensif. D’autant que par son gabarit et son manque de détente, il est insuffisant dans les duels aériens. Et pour un joueur axial ce n’est pas négligeable. Enfin, son pied gauche est quasi inexistant. Ce qui nous donne, à l’arrivée, un excellent relayeur passeur : une race où on se bouscule au portillon. Heureusement qu’il est travailleur, qu’il a le sens du but, qu’il est très fort tactiquement et que son centre du pied droit est redoutable et précis. Sans quoi, il y a longtemps qu’il se serait dilué tout simplement dans la masse.

Il était tombé très bas et il a su rebondir. Il a prouvé qu’il savait se battre pour ne pas couler. C’est incontestablement une grosse garantie pour un entraîneur qui voudrait mais surtout qui saurait l’utiliser. Pour cela, il faut qu’il puisse s’exprimer dans une équipe bien en place et qui joue juste où ses qualités de joueur collectif peuvent s’exprimer en touchant le plus de ballons possibles.

Et si, en plus, vous êtes capables de lui trouver, en qualité de soutiens offensifs, les clones de HarmVan Veldhoven et RonnyVan Geneugden, ses deux compères de début de carrière à Lommel, vous aurez toutes les chances de retrouver alors le vrai de Condé. Un joueur utile et précieux.

par André Remy

Héritier d’une grosse entreprise, Dimitri est À L’ABRI DU BESOIN

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