Un conte de fées

Un jeune Belge a saisi pleinement sa chance dans les buts du club d’Eindhoven.

Y ves Lenaerts :  » Une aubaine dans mon malheur « . C’est ainsi que ce jeune de 20 ans décrit son transfert du FC Turnhout au PSV, il y a deux ans. Le fils du président des jeunes était déjà devenu la doublure de Jan Mertens, quand l’équipe était entraînée par Stéphane Demol. Pendant le tour final, il a fait banquette cinq matches. La relégation et un match amical contre les juniors UEFA du PSV, perdu 7-0, lui ont valu un transfert inespéré à Eindhoven. Au bout d’une saison en A1, sous la direction de Willy van der Kuijlen, puis d’un semestre en Espoirs, avec Pim Verbeek, le jeune Belge, supporter de Michel Preud’homme, a effectué son baptême du feu début mai contre l’AZ. Il a ensuite joué contre l’Excelsior avant d’affronter le Feyenoord de Thomas Buffel.

 » Ça ressemble à un conte de fées, non ? Mais c’est chouette. Parfois, je dois me pincer pour être sûr de ne pas rêver. Heureusement qu’en bon Campinois, je suis réaliste. Je ne plane jamais. Je sais très bien que je ne dois ma chance qu’aux blessures conjuguées de Waterreus et de Kooiman et au départ de Rouwelaar, Budziak et Coutinho. Je saisis pleinement cette opportunité. Je la savoure. J’ai déjà obtenu ma promotion pour la saison prochaine : de numéro six, je deviens le numéro trois des gardiens du PSV. Je préfère que le club enrôle un portier chevronné pour doubler Waterreus car j’ai encore beaucoup à apprendre « .

Encadrement professionnel

Après cinq tests, Lenaerts a obtenu un délai d’une saison. Il a interrompu ses études pour relever le défi.  » En accord avec mes parents, j’ai décidé d’essayer pendant un an. J’avais achevé avec succès mes humanités en sciences et langues modernes. C’était un risque calculé. Je préfère l’élite néerlandaise à la D3 belge. Au PSV, même les jeunes bénéficient d’un encadrement professionnel. Nous nous entraînons deux fois par jour et nos entraîneurs ont une forte personnalité. Le principe de base est clair : tout le monde est égal devant la loi. Seules comptent vos qualités footballistiques. Ce ne sont pas les plus doués mais les plus forts et les plus malins qui réussissent. Je n’ai jamais oublié ce message « .

Lenaerts a rapidement découvert la redoutable concurrence qui sévit au PSV, comme certaines coutumes bataves.  » Le premier mois, on m’a considéré comme un intrus. Les deux autres gardiens étaient d’excellents amis depuis longtemps. Ils acceptaient difficilement que ce petit Belge vienne prendre leur place. Mais dès que je suis devenu titulaire, j’ai été accepté. Ils n’avaient pas le choix non plus. La différence avec le FC Turnhout est énorme, même si je me suis entraîné avec l’équipe fanion depuis la trêve hivernale. J’ai dû travailler mon jeu de position et améliorer mon jeu des pieds. La vitesse d’exécution est nettement supérieure, je dois davantage participer au jeu et je n’ai presque pas de balles à reprendre des mains. J’ai même dû adapter mon vocabulaire. Lorsque j’ai crié à mes défenseurs de dégager le rectangle, ils ne m’ont pas écouté. J’ai compris ensuite que le gardien est toujours maître des 16 mètres, ici « .

En A1, l’équivalent des juniors belges, Yves Lenaerts a disputé la plupart des matches de championnat. Le PSV a terminé troisième. Il a été promu en Espoirs et a obtenu un contrat professionnel jusqu’en 2004, avec option pour deux saisons supplémentaires. Il a affronté les Ajacides Ahmed Mido Hossam, Nigel de Jong et Wesley Sneijder, des garçons qui ont pu étaler leur talent en Ligue des Champions.  » Je ne dois ma réussite qu’à moi-même et c’est ce qui m’apporte le plus de satisfactions. Au début, Coutinho jouait beaucoup mais Pim Verbeek m’a dit de prendre patience, car j’aurais ma chance, tôt ou tard. Il était manifestement très content de mes prestations dans la deuxième équipe. Suite à la location de Coutinho au FC Den Bosch, le club a pris Kooiman, mais il a déjà 32 ans et n’avait pas vraiment envie de jouer en Réserve. J’ai donc pris du galon et j’ai pu suivre les entraînements spécifiques du noyau A, dispensés par Joop Hiele. Monsieur Hiddink veut toujours avoir trois gardiens à l’entraînement « .

Numéro 20

Lenaerts a fait de grands yeux. Il a découvert un autre monde.  » Tout a changé depuis mars. J’ai reçu une armoire dans le vestiaire, un survêtement d’entraînement et un maillot frappé du numéro 20 et de mon nom. Depuis, je vis avec le sentiment que ma carrière ne fait que commencer mais que je récolte les fruits de tout mon travail. Je suis passé de l’anonymat des matches des Espoirs, le lundi, aux matches du week-end, qui suscitent tant d’intérêt. Joop a une méthode d’entraînement spéciale. Il ne faut pas sauter ou plonger cinq fois à droite et cinq fois à gauche. Pour lui, tout est une question de concentration. Ses exercices sont très particuliers, souvent réalisés en fonction des matches. Il s’agit de bien estimer le déroulement du jeu et le comportement de ses coéquipiers. Ça a peut-être l’air moins dur mais mentalement, c’est quelque chose « .

Le PSV est un grand club. Il est sous pression chaque semaine. Il n’a pas le droit à l’erreur. Lenaerts n’a pourtant pas peur de l’échec.  » Je préfère appeler ça un stress positif. Quand je prépare un match, je suis un rien plus nerveux et je dois me rendre plus souvent à la toilette, mais dès que je monte sur le terrain, même s’il y a 35.000 spectateurs dans les tribunes, ce stress s’envole. Et puis, quand Van Bommel ou Kezman viennent me trouver en disant : – Profite du moment présent, je me sens encore plus fort. Jusqu’à présent, je n’ai pas vraiment eu l’occasion de m’énerver. A l’entraînement qui précédait le match contre l’Excelsior, par exemple, il y avait énormément de journalistes. L’entraîneur a été malin : j’ai été dispensé des séances de l’après-midi, le mardi et le jeudi, pour me reposer chez moi, faire le vide, me détendre. Ainsi, j’ai pu me préparer dans d’excellentes conditions, même si je constate que je suis fatigué. J’essaie de tenir le coup et de repousser mes limites « .

Yves Lenaerts est la locomotive des jeunes talents belges qui sont formés au PSV. 38 joueurs sont affiliés au PSV. La doublure actuelle de Lenaerts est un autre Belge, Nick Vermeiren, ce qui porte le total des Belges au PSV à 40. Cette saison, Lenaerts et Vermeiren ont bénéficié du suivi personnel de Pim Verbeek.  » Ils étaient tous deux prêts à franchir un autre cap « , constate Verbeek.  » Nous avons une sorte de plan de carrière pour chaque joueur. Nous tenons compte de son expérience, de sa résistance mentale et de ses aptitudes physiques. Nous sommes rapidement arrivés à la conclusion que tous deux étaient prêts pour l’élite. Nous avons choisi de promouvoir directement Nick et Yves, bien que les circonstances nous aient obligés à accélérer le processus. Ils ont un avenir mais évidemment, le PSV ne peut se permettre de prendre des risques en accordant trop tôt leur chance à des jeunes « .

Pro jusqu’au bout des ongles

Verbeek connaît par c£ur les qualités de Lenaerts.  » C’est simple ! Il est professionnel jusqu’au bout des ongles. Jour après jour, il est là, il s’entraîne toujours avec la volonté de progresser. C’est un trait de caractère plus manifeste chez les Belges. Les Néerlandais sont d’un naturel moins patient. Vous devez savoir que Guus ne sélectionne pas un joueur parce que sa tête lui revient. Non, il faut qu’il ait quelque chose. Yves et Nick ont rapidement progressé. Cette saison, Yves a nettement amélioré sa participation au jeu. Il est difficile à passer, il a des réflexes brillants et il est bon dans les duels. En plus, il reste concentré très longtemps. Le dernier aspect n’est pas le moins important : il a de la personnalité. Au début de la saison, il n’était encore qu’un junior, quelqu’un qui débarquait des catégories d’âge et ouvrait de grands yeux en découvrant les adultes. Mais il a bien digéré cette étape. Il est rapidement devenu un homme « .

Le joueur de conclure :  » Il m’appartient de confirmer ce que j’ai montré ces dernières semaines. Je dois encore progresser, même si je suis très polyvalent. Je dois être plus puissant dans les duels et améliorer mon jeu de la jambe gauche. Frank Arnesen m’a dit que j’entamerai la saison prochaine comme numéro trois. Si nous remportons le titre, ce sera un sérieux honneur car j’y aurai eu ma part. (D’un ton tout fier). Ce trophée sera donc un peu le mien aussi. Peu de Belges peuvent en dire autant. Si ma mémoire est bonne, il y a seulement eu Eric Gerets, Luc Nilis, Marc Degryse et Davy Oyen. Et bientôt Yves Lenaerts, le petit Campinois. Quel honneur !  »

Frédéric Vanheule

 » Ce ne sont pas les plus doués mais les plus forts et les plus malins qui réussissent « 

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