Un choc à tous niveaux

John Baete

L’une des plus belles leçons du sport est que les choses changent en permanence. Au cours d’un match, d’une saison… ou entre deux championnats. C’est le cas pour le Standard et Anderlecht, en lice pour le choc le plus traditionnel de notre football, le week-end prochain dans le mythique enfer de Sclessin.

Les manieurs d’ironie n’ont plus le droit de comparer le vestiaire des Rouches à la salle de départ de l’aéroport de Bierset. Le transit des joueurs était tellement intense que, systématiquement, les espoirs de trophées jouaient aux pigeons voyageurs : ils revenaient mais toujours le bec vide. Cette saison, rien de tout ça. Aucun départ cruel l’été dernier. Plus même, la bouderie de Milan Rapaic à l’entame du championnat a vécu et n’a pas entamé la solidité du Standard. Son retour constitue un bonus et le club doit avoir confiance pour la suite et aborder le choc prestigieux contre Anderlecht pour ce qu’il est : un test sur le chemin du titre.

Parce que le Standard a haussé le niveau pendant alors qu’Anderlecht baissait le sien ? C’est une façon de décrypter mais elle n’est pas la seule. A l’opposé de la réussite liégeoise, Anderlecht donne l’impression de marquer plus souvent le pas (en Coupe et en Ligue des Champions). Pourtant, aucun gros calibre n’est parti l’été dernier et le club s’était renforcé avec Marius Mitu, Laurent Delorge, Serhat Akin, Bart Goor et Silvio Proto… le meilleur transfert devant normalement être celui du coach Frankie Vercauteren.

Le constat est clair : Anderlecht n’a pas dans ses rangs un inspirateur du niveau de Sergio Conceição et un athlète/footballeur dans l’entrejeu comme Karel Geraerts. Et l’accès à la profession semble enfin être accordé sans rechigner par les suiveurs de la D1 à Dominique D’Onofrio, alors que l’on avait peut-être eu tort d’attendre un rendement messianique des options de Vercauteren.

On attendait beaucoup d’Anderlecht cette saison tandis qu’on était un peu blindé par rapport aux hauts et bas du Standard, soit. Mais est-ce la seule explication du fait que l’ambiance est bien plus sereine dans les coulisses de Sclessin ?

Le flamboyant vice-président Luciano D’Onofrio a été souvent critiqué pour chambouler son noyau mais les faits lui donnent raison aujourd’hui. Savait-il exactement ce qu’il faisait ou est-il le roi de l’improvisation ? On pencherait plutôt pour la seconde proposition, son filet de protection étant constitué par sa connaissance du marché européen et ses connexions. Quant aux deux autres membres du triumvirat liégeois – Michel Preud’homme et Pierre François, on remarque que les activités fédérales du premier et la gestion quotidienne parfois théâtrale et colérique du second ne perturbent en rien le maintien du cap. Et puis, tout le monde connaît maintenant la pathologique relation amour/haine de Sclessin avec les arbitres, hein ! Charleroi souffre du même mal, d’ailleurs.

La question qui s’impose, donc : Sclessin a-t-il aujourd’hui de meilleurs dirigeants qu’Anderlecht ? On peut répondre oui après l’épisode tout sauf banal de la semaine dernière quand le président Roger Vanden Stock mettait les points sur les i par rapport aux déclarations d’ Herman Van Holsbeek après la défaite en Coupe de Belgique. Le directeur général du club avait dit que des têtes allaient rouler au sein du noyau A et que le mercato servirait de moment expiatoire. On aurait cru que Johan Vermeersch avait écrit les paroles !

RVDS a mis les déclarations de son directeur sur le compte de la déception. Une appréciation qui fendille forcément le professionnalisme d’un Van Holsbeeck qui porte désormais une étiquette de grand émotionnel alors qu’il s’est attaché jusqu’à présent à la jouer froide voire glaciale. RVDS va même plus loin en affirmant que, pour lui, personne ne doit partir mais que si un joueur ne se sentait pas bien dans le club, il pouvait venir le trouver… la porte étant toujours ouverte. Ça c’est de la psychologie de vestiaires ! Mais qui va jouer au pompier de service chez les Mauves quand il sera président de l’Union Belge ? A sa place, on réfléchirait quand même.

john baete

SCLESSIN A-T-IL AUJOURD’HUI DE MEILLEURS DIRIGEANTS QU’ANDERLECHT ?

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