UN CHAMPIONNAT CAPRICIEUX

Il y a cinq mois, la visite d’Anderlecht au Club Bruges avait donné le coup d’envoi d’une grande fête. Le Club s’était imposé 4-0 et avait été sacré champion de Belgique, onze ans après son dernier titre. Cela ressemblait à une passation de pouvoirs. Le Club jouait fidèlement à ses anciennes valeurs : en bloc soudé, avec un mélange de puissance physique, d’abattage, de créativité, d’inventivité et d’opportunisme. Il était dirigé par un entraîneur si vanté qu’on avait presque l’impression que seul Michel Preud’homme était champion.

Anderlecht a pansé ses plaies, après une saison décevante, achevée avec un entraîneur, Besnik Hasi, qui ne travaillait plus dans un climat de confiance depuis des semaines, avec un groupe qui n’avait pas assez de force mentale pour se battre une fois mené, avec des joueurs qui se disputaient sur le terrain, avec un onze sans structure. Comment fallait-il remédier à tout ça ? La question s’est posée avec plus d’insistance encore quand Michel Preud’homme a annoncé qu’il restait à Bruges.

Rien n’est plus vite balayé que de telles conclusions. Le Club Bruges a zéro point sur neuf en Champions League. Il est retombé dans les péchés qui avaient tant énervé Preud’homme pendant l’année du titre mais à d’autres moments, il jouait bien. Ceci n’est qu’un remake de la saison précédente.

Le Club Bruges se redresse et retombe. Dimanche, il a brillamment débuté contre Anderlecht, il a ensuite quelque peu fléchi avant d’accélérer en seconde mi-temps, sublimé par l’inépuisable Ruud Vormer, qui personnifie plus que jamais le véritable Club Bruges. En plus, Bruges a présenté un superbe diamant, Anthony Limbombe. Avant le début de la saison, Preud’homme avait demandé au médian s’il pourrait s’accommoder de toute une saison en espoirs, pour apprendre. Limbombe a tout assimilé bien plus vite que prévu.

Anderlecht a désormais un entraîneur qui s’exprime comme un professeur. Un professeur de football, comme l’interview que nous avons publiée la semaine dernière le montre. Mais René Weiler a manifestement besoin de temps pour implémenter ses idées. Ça expliquerait les hauts et les bas de son équipe. Dimanche, le Suisse a invoqué la fatigue comme excuse à la défaite. C’est bizarre dans la bouche d’un homme issu du football allemand. Les formations qui ne sont pas capables de disputer deux matches en trois jours doivent se remettre en question. Jamais on n’entend ce genre d’excuses en Angleterre ou en Allemagne alors que le rythme y est nettement plus élevé.

Les failles de la défense ont été le phénomène le plus inquiétant à Bruges. Aligner le gaucher Olivier Deschacht à droite d’un trio défensif était bizarre, même si ce choix est dû à l’indisponibilité des extérieurs. Pour le moment, on ne distingue pas de ligne dans le jeu des Bruxellois mais on découvre des parallèles avec la saison passée, même si on a l’impression que l’équipe prend une nouvelle direction. Jusqu’à présent, ça n’a pas donné lieu à un football chatoyant.

Le manque de stabilité est un fil rouge dans ce championnat. Par exemple, le RC Genk est brillant sur la scène européenne mais trouve moins facilement ses marques en championnat. C’est inhérent à l’apprentissage de cette jeune formation. Samedi soir, contre Saint-Trond, neuf joueurs avaient 24 ans ou moins. Les deux plus âgés, le gardien Marco Bizot et le chef d’orchestre Alejandro Pozuelo, n’ont que 25 ans. Cela explique l’irrégularité des prestations et la fragilité de l’équipe en déplacement : Genk n’a pris que quatre points sur quinze en dehors de ses terres. Même Mouscron fait mieux de ce point de vue : le club hennuyer est le plus fécond en déplacement, après Zulte Waregem.

Gand n’échappe pas à la règle. Sa défaite 5-0 au Shakhtar Donetsk a été une leçon de modestie. C’est la pire raclée subie par Hein Vanhaezebrouck avec les Buffalos. Il a fait remarquer que Gand n’était qu’une équipe banale quand chacun ne donnait pas le meilleur de lui-même. La saison passée déjà, le coach gantois voulait améliorer la concentration et la forme de ses joueurs.

Il semble donc que l’histoire se répète au sein de nombreux clubs. A Eupen, les Buffalos ont donné l’impression de contrôler le match, jusqu’à ce que leur défense trébuche en fin de partie. Hein Vanhaezebrouck a laissé éclater sa fureur. Ce n’est pas la première fois qu’il déclare que les joueurs doivent se remettre en question.

PAR JACQUES SYS

René Weiler a manifestement besoin de temps pour implémenter ses idées.

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