Un cauchemar

Prêté par le Standard après deux graves blessures, l’attaquant belgo-marocain aspire à une revanche sur le sort.

Cédé sur base locative par le Standard au FC Brussels, mais arrivé blessé dans la capitale lors du dernier mercato, l’attaquant Hakim Bouchouari (28 ans) aura dû patienter jusqu’au récent match… contre les Rouches pour être titularisé pour la première fois. Une rencontre qu’il n’est pas près d’oublier puisque ses coéquipiers et lui-même furent battus sur la marque sévère de 0-3.

Hakim Bouchouari : Je m’étais imaginé ces retrouvailles d’une tout autre manière. Avant le coup d’envoi, je m’étais entretenu avec mon bon pote Frédéric Dupré, qui allait me surveiller et je lui avais dit que le Standard n’avait qu’à bien se tenir. Or, la partie fut une promenade de santé pour les footballeurs liégeois. Ce fut une démission collective de notre part. C’est d’autant plus étonnant que le Brussels s’était toujours plu, à donner pas mal de fil à retordre aux meilleurs. Contre Anderlecht, entre autres.

Faute d’attaquants valides, Ali Lukunku avait été repêché. Ce sort aurait pu vous être réservé si vous aviez encore été Standardman, non ?

Je ne pense pas. Tout d’abord, le Congolais est un véritable attaquant de pointe alors que je suis plus à l’aise dans une position légèrement en retrait de l’avant le plus avancé. Si Ali n’avait pas été déclaré bon pour le service, je présume que Sa Pinto aurait fait l’affaire. En réalité, je me suis trouvé confronté dès le départ, à Sclessin, à une très forte concurrence. Avec Johan Boskamp, j’ai encore obtenu à l’une ou l’autre reprise ma chance. Comme en Coupe d’Europe, face au Steaua Bucarest. Mais à partir du moment où Michel Preud’homme, a pris la relève et que tout le monde a été pleinement opérationnel, j’ai dû me contenter d’un statut de réserviste. Dans ces conditions, il valait mieux que je change d’air pour accumuler du temps de jeu. Et je n’ai pas hésité quand le Brussels m’a tendu la main.

Pourquoi la transaction ne s’était-elle pas déjà faite l’été passé ?

Albert Cartier aurait déjà aimé pouvoir compter sur mon concours à cette époque. J’ai effectivement sollicité un passage de Lokeren au Brussels. A priori, j’allais m’y retrouver tant sportivement que financièrement. Mais à l’heure de régler les derniers détails, j’ai constaté que certains engagements, sur le plan pécuniaire notamment, n’étaient pas respectés. Du coup, je préférais Sclessin.

Difficile d’aller vers un foot plus audacieux ?

Ce qui n’était cependant pas prévu, c’est votre blessure au genou ?

A la fin du premier tour, j’avais ressenti une gêne au genou lors d’une rencontre avec les doublures. J’en avais avisé le staff médical du Standard et il était prévu que je subisse une résonance magnétique à Liège. En raison des fêtes de fin d’année, le rendez-vous fut postposé. Moi-même, j’avais également l’impression que le plus dur était passé. Mais au moment de retâter du ballon, la douleur s’était à nouveau manifestée. J’ai alors passé des examens qui ont décelé une déchirure partielle du ménisque externe. Le tarif, pour ce genre d’intervention, est une indisponibilité de six à huit semaines. Le Brussels s’est dit prêt à m’enrôler à condition que les dirigeants du Standard honorent mon contrat jusqu’à ce que j’entre en ligne de compte pour une place en Première. Finalement, après 7 semaines, ce fut bel et bien le cas. Et le hasard a voulu que je reprenne contre mes anciennes couleurs.

Hormis le Brussels, d’autres étaient-ils disposés à vous louer ?

Oui, mais ma priorité allait aux Coalisés. Leur mentor croyait en moi et ils avaient un problème de finition où je pouvais être d’un apport précieux au même titre que Sambegou Bangoura ou Mickaël Citony. Les premiers matches de 2007, auxquels j’ai assisté en tant que spectateur, m’ont conforté dans cette opinion. L’équipe a pris 8 points sur 12 et les nouveaux venus s’étaient illustrés. Par après, bizarrement, il y a eu ces deux coups d’arrêt contre le Germinal Beerschot et le Standard avant le déplacement à Westerlo. C’est étonnant… Je me demande dans quelle mesure le passage vers un football plus audacieux ne nous a pas joué un mauvais tour. Lors du premier volet de la saison, le club a surtout tablé sur une défense solide. Mais la transition ne s’effectue pas en un tournemain. Ce qui m’a étonné, face à mes anciens partenaires, c’est le nombre extrêmement limité de ballons jouables pour un attaquant, chez nous. Je suis conscient d’être passé à côté de mon sujet mais même Bangoura a éprouvé de la peine à s’exprimer. Une consolation quand même : ce n’est pas chaque semaine qu’on jouera contre un club du calibre du liégeois.

Pas question de relégation

Le Standard peut-il être champion ?

Les Liégeois sont capables du meilleur comme du pire. Ce n’est évidemment pas l’idéal quand on brigue la victoire dans une épreuve de longue haleine comme le championnat. Genk m’a laissé la meilleure impression depuis le début de la saison. Mais il faudra voir comment elle va digérer l’uppercut qu’elle vient de se voir infliger, en Coupe de Belgique, par Anderlecht. Les Mauves ont peut-être manqué souvent de panache ces derniers mois mais quand il s’agit de faire un résultat, ils répondent souvent présents. Ce fut le cas au Standard, à Bruges et, à présent, à Genk. Pour moi, ils font figure de principal candidat au titre.

Que peut-on attendre du Brussels ?

L’équipe ne descendra pas car elle recèle trop de qualité pour être menacée. Mais le même raisonnement vaut également pour Lokeren, qui est classé à une position peu en rapport avec ses possibilités réelles. Et pour Beveren, c’est du pareil au même. Quel dommage que cette équipe ne traduise que trop rarement en buts la qualité de football qu’elle dispense sur le terrain. A mes yeux, les deux matches les plus difficiles de l’année se déroulent face aux Waeslandiens. Contre eux, c’est toujours du 70-30 en matière de possession du ballon. Mais, les Jaune et Bleu ne parviennent que rarement à faire la différence malgré leur monopolisation du ballon. Ajoutez à cette équipe un buteur de la trempe de Romaric et elle joue l’Europe. Je ne cache pas que si le Brussels ne m’avait pas fait les yeux doux, il ne m’aurait pas déplu de jouer au Freethiel, histoire d’essayer de mettre une touche finale au beau jeu dispensé là-bas.

Qu’attendez-vous, d’un point de vue personnel, de ces quelques mois dans la capitale ?

Retrouver toutes mes sensations… L’année passée, à la faveur de mes débuts en D1 avec Lokeren, j’avais franchement vécu une saison de rêve avec 30 matches et six buts. La deuxième s’est malheureusement résumée jusqu’ici à un cauchemar. J’ai d’abord loupé l’essentiel de la période de préparation d’été en raison d’une sérieuse blessure à la cheville et, à présent, j’ai raté également la préparation foncière du deuxième tour. Je dois essayer de rattraper le temps perdu et je me suis astreint à de longues séances de rééducation, en compagnie d’Alan Haydock d’ailleurs, chez le kiné Lieven Maesschalck. Même si ma présence n’était pas requise au club, je suis régulièrement passé là-bas pour saluer les copains et pour faire de la musculation au Stadium. Un jour, je suis tombé sur Albert Cartier là-bas qui m’a dit : -Hakim, tu as vraiment un c£ur de lion. C’était un chouette compliment de la part du coach.

A propos de Lions, songez-vous parfois à ceux de l’Atlas ?

Tout joueur d’origine marocaine ne peut rester insensible à l’équipe nationale. Mais j’ai 28 ans… De toute façon, je viens déjà de loin. Si je n’avais pas eu la chance d’être repéré par hasard, tout porte à croire que j’aurais effectué l’essentiel de ma carrière dans les divisions inférieures. Là où j’ai côtoyé pendant toutes ces années bon nombre de joueurs qui étaient au moins aussi doués que moi mais qui n’ont pas eu la même baraka. Par rapport à eux, je suis déjà un privilégié.

par bruno govers – photos: reporters/buissin

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