On a l’impression qu’il est arrivé hier et pourtant cela fait maintenant huit ans que le Ghanéen George Blay (25 ans) a rejoint notre pays. En 1997, il avait 17 ans et avait été placé au Standard. Quelques saisons plus tard, le voilà à La Louvière où on oublie qu’il est l’élément le plus fidèle au club puisqu’il a entamé sa troisième saison dans le Centre. Il a tout connu : la courte épopée européenne, la dernière saison d’ Ariel Jacobs, l’arrivée d’ Albert Cartier, les secousses de l’ultime campagne, les tactiques d’ Emilio Ferrera et enfin, le parachutage de Gilbert Bodart.

Il fait désormais figure d’ancien du village que l’on vient rencontrer pour évoquer des souvenirs. Pourtant, ce serviteur des Loups n’est que très peu éclairé par les lumières de la reconnaissance. Sa timidité le fait fuir :  » Je suis comme je suis. C’est vrai que j’ai un caractère timide. Quand je ne connais pas quelqu’un, je ne vois pas ce que je pourrais lui dire « .

En juin, il arrivera déjà au bout de son contrat de trois ans. Débarqué avec une étiquette flatteuse, il n’allait pas démériter, trouvant grâce aux yeux de tous les entraîneurs qu’il a côtoyés, sans pour autant décoller au point d’attirer les regards de formations plus huppées.  » On disait de moi que j’étais un très grand espoir. Je ne suis plus un espoir. Cette période est révolue même si j’estime que l’on apprend encore chaque jour. C’est peut-être une surprise d’être demeuré trois ans à La Louvière mais en football, tout est possible. Tout le monde veut aller le plus haut possible mais cela ne veut pas dire que tu peux y arriver. Cependant, j’estime avoir progressé durant toute cette période et le fait que je sois resté au Tivoli ne signifie pas que je sois en échec. Au contraire « .

Jacobs, Cartier, Ferrera et Bodart

George Blay est arrivé de Malines, où il avait vécu la faillite du Kavé, en juillet 2003, quelques semaines après la victoire des Loups en Coupe de Belgique.  » Ma première saison s’est très bien déroulée. On a terminé à une confortable neuvième place. Tout entraîneur a son style mais Ariel Jacobs m’a donné énormément de confiance. Il parlait beaucoup avec les joueurs et il disposait d’un bon groupe « . Puis est arrivé Cartier qui décida de se passer des services du Ghanéen en début de compétition :  » Au départ, c’était difficile entre nous deux. Le courant ne passait pas et il y avait une certaine incompréhension sans qu’il y ait une véritable raison. Puis, il a vu tout le travail que j’effectuais à l’entraînement et il m’a redonné une place de titulaire. Dans le vestiaire, il a dit que c’était moi qui méritais cette place de back droit et tout est rentré dans l’ordre. Malheureusement, je me suis blessé en fin de saison et Cartier m’a dit que je ne devais pas prendre trop de risques et qu’il valait mieux que je me prépare pour la reprise « . Ce qu’il a fait en Afrique :  » Le médecin m’avait donné des médicaments mais je me suis également soigné à la méthode africaine, avec des plantes. Cela fonctionne toujours « .

Et une nouvelle fois, malgré la concurrence de Fritz Emeran, emmené dans les bagages d’Emilio Ferrera, Blay s’est imposé au poste d’arrière droit.  » Il s’agit de ma place de prédilection. C’est à cette position que je me sens le mieux car elle me permet d’avancer et de prendre part de temps en temps à des actions offensives « . D’Emilio Ferrera, il retient surtout ses séances tactiques :  » Il ne comprend pas quelqu’un qui ne respecte pas la tactique. Je suis en Belgique depuis huit ans et c’est tactique tout le temps ( il sourit) mais j’ai eu le temps de m’y habituer. Je ne sais pas pourquoi Ferrera n’a pas réussi et je ne comprends pas davantage pourquoi le groupe s’est mis à tourner une fois Gilbert Bodart en place. Ferrera a fait tout son possible et peut-être que si on l’avait conservé, cela aurait également fonctionné « .

Désormais, c’est Bodart qui lui fait confiance au poste d’arrière droit :  » Avec lui, tout le monde est libre de discuter que ce soit de la rencontre ou de la tactique. Je le connaissais déjà à l’époque où j’évoluais au Standard. J’avais 17 ans mais ce n’est plus le même homme. A l’époque, lorsqu’il était gardien, les défenseurs avaient pour mission de l’entraîner lors des échauffements. C’était terrible car on se faisait enguirlander lorsqu’on tirait à côté. Maintenant, même s’il continue à avoir la rage de vaincre, il est devenu plus calme « .

 » On change trop  »

Témoin de tous les changements d’entraîneur, il l’a été également pour toutes les reformations du noyau.  » Quand je suis arrivé, on disposait d’un bon groupe et puis, on a décidé d’effectuer tous ces changements. A La Louvière, chaque année, il faut vendre. C’est le principal problème, ici. On enregistre chaque saison cinq ou six départs et il faut tout recommencer. Je suis content de mon évolution mais pour avancer, il faut que le club garde un noyau plus ou moins stable. Je peux admettre un ou deux départs mais pas six ! C’est comme changer d’entraîneur chaque saison. Pour moi, ce n’est pas une bonne idée « .

En fin de contrat en juin, ce passionné de reggae et de films qu’il dévore en DVD ne sait pas encore s’il va prolonger. Son avenir ne passera en tout cas pas par une possible participation à la Coupe du Monde. Sélectionné à 11 reprises pour le Ghana, il n’a plus été appelé pour les Black Stars depuis 2002 :  » Je n’éprouve aucune tristesse de n’avoir pas pu participer à cette première qualification de mon pays pour la Coupe du Monde. Il y a un temps pour tout… Pour certains, notre présence en Allemagne constitue une surprise ; pas pour moi. Quand on regarde notre groupe éliminatoire, avec le Nigeria, nous avons mérité notre ticket. Quand le Ghana s’est qualifié, beaucoup de gens m’ont téléphoné. Même des amis qui n’étaient pas ghanéens. Cependant, si j’ai l’occasion d’aller à la Coupe du Monde et qu’on m’appelle, je répondrai présent. Mais je préfère ne pas trop y penser car que se passerait-il si l’entraîneur ne me convoquait pas ? »

Désormais, c’est concentration sur La Louvière :  » Le club a vécu des moments sombres. Ce n’est jamais facile de voir débarquer la police et d’entendre des histoires de matches truqués. Je ne comprends pas. On dit des choses, on entend des choses mais on ne voit rien. Il faut faire abstraction de tout ce qui se trame en coulisses. Même l’année dernière, je n’ai pas réagi lorsque par exemple Stéphane Pauwels a été limogé. Je suis joueur et ce n’est pas moi qui décide comment le club doit être géré « .

Pourtant, les bruits de transferts agitent le club :  » Non, ce n’est pas vrai. Il n’y a que le cas d’ AlexandreTeklak qui restait en suspens. Pas de quoi nous déstabiliser. Maintenant, on doit se focaliser sur notre jeu. On manque de combativité à certains moments. On doit y aller à fond. Certes, on a pris des points ces derniers mois mais on ne doit pas croire que l’on est meilleur qu’en début de saison. Si cela était le cas, on ne lutterait pas contre la relégation. On n’est pas mauvais, c’est tout !  »

STÉPHANE VANDE VELDE

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