UN CAPITAINE EN RÉDEMPTION

Il a retrouvé sa place de titulaire après une saison compliquée. A lui de prouver qu’il la mérite.

Pour la première fois depuis qu’il est arrivé au Standard, en janvier 2011, Jelle Van Damme a connu une saison difficile. Isolé dans le vestiaire (pas top pour un capitaine), parfois perdu sur le terrain, il a même dû laisser sa place de titulaire à Darwin Andrade la saison passée. Au total, il n’aura disputé que 26 matches de championnat (contre 38 la saison d’avant, 34 en 2012-2013 et 30 en 2011-2012). Alors qu’on l’annonçait sur le départ, il est toujours bien présent au Standard.

La faute un peu à un contrat trop lourd à supporter pour certaines équipes, mais surtout à l’envie de la direction de le conserver et du joueur de prouver qu’il n’était pas fini. Et c’est tout naturellement qu’il a repris sa place au poste de back gauche, et son brassard. Slavo Muslin compte sur lui. Est-ce donc l’année de la rédemption pour le joueur présent dans le noyau du Standard depuis le plus longtemps ?

POURQUOI A-T-IL TOUJOURS LE BRASSARD ?

On a beaucoup parlé de son contrat. Lourd et pesant. A plus d’un million d’euros. Tant qu’il n’y avait pas d’acquéreurs susceptibles de mettre le même salaire, Van Damme n’était pas demandeur d’un transfert.  » J’ai lu les rumeurs qui m’envoyaient à Gand, Ostende, Genk. Je n’y ai pas prêté attention. Il y a juste un truc qui était correct, c’est l’offre du Panathinaikos mais je l’ai refusée car je suis très bien au Standard. Je n’ai jamais envisagé un départ « , a-t-il expliqué récemment dans une interview à la DH.  » Il n’a jamais vraiment parlé d’un départ « , corrobore son agent, Nico Vaesen.

Même si Van Damme était un protégé de Roland Duchâtelet, les nouveaux dirigeants du Standard n’avaient pas spécialement envie de s’en séparer, si ce n’est pour alléger la masse salariale. Car malgré tout, ce joueur représente plus que quiconque l’esprit Standard. Pas étonnant que les entraîneurs successifs lui aient confié le brassard de capitaine, malgré d’autres postulants comme Sébastien Pocognoli, Réginal Goreux ou Laurent Ciman, qui avaient la cote dans le vestiaire. Van Damme, c’est un combattant qui ne lâche rien, capable de défendre de manière rugueuse s’il le faut, et de se porter à l’offensive comme si sa vie en dépendait. C’est donc un modèle sur un terrain.

POURQUOI LE STANDARD L’A-T-IL GARDÉ ?

Alors que le Standard débute un nouveau cycle, avec peu de joueurs d’expérience et peu de vrais connaisseurs du club depuis les départs, en un an, de Ciman, Paul-José Mpoku, Mehdi Carcela et Igor de Camargo (voire même, dans une moindre mesure, Eiji Kawashima), il a bien besoin d’un guide. Van Damme doit incarner cette voie-là.  » Pour qu’il y ait un transfert, il faut que toutes les parties soient intéressées et lui ne l’était pas « , explique le directeur sportif du Standard, Axel Lawarée.

 » Certains veulent partir dès que cela devient plus compliqué pour eux. Lui, pas. Il a fait une bonne préparation et a recommencé le championnat très motivé. Est-ce qu’on s’est posé des questions à son sujet ? Bien sûr, d’autant plus qu’il dispose d’un bon contrat et que les attentes sont donc plus grandes. Mais la meilleure réponse qu’il peut nous donner, c’est sur le terrain. Il a déjà mieux terminé sa saison et on a besoin de vrais meneurs, tant dans le vestiaire que sur le terrain. On veut qu’il prenne ce rôle à fond.  »

COMMENT EXPLIQUER SA MAUVAISE SAISON ?

 » Il y a beaucoup d’explications « , dit Vaesen.  » Il y a des éléments de la sphère privée (NDLR : son couple a battu de l’aile avant de se stabiliser). Il ne se sentait pas bien dans sa peau. Et puis, il y a le contexte général. Le Standard ne jouait pas bien, alternait les hauts et les bas et les changements d’entraîneur n’ont pas aidé Jelle à se stabiliser. Enfin, il ne se retrouvait pas dans la mentalité qui régnait dans le vestiaire. Ce n’était pas toujours professionnel et il y avait beaucoup d’égoïsme.  »

Certains ont avancé également son âge. A 31 ans (il en aura 32 en octobre), Van Damme file petit à petit vers sa fin de carrière. Son style de jeu généreux repose sur une forme physique optimale. Certes, il a sans doute déjà connu sa (ses) meilleure(s) année(s) mais un déclin se veut progressif, pas brutal. Cela tend donc à valider la thèse d’une année sans. La thèse du joueur has been ne tarderait pas à ressortir en cas d’une nouvelle succession de prestations moroses.

L’arrivée de Muslin, dont le style axé sur le travail et la discipline lui plaît, lui a redonné confiance. Le départ de certains joueurs a également apporté une meilleure mentalité dans le vestiaire.

DOIT-IL CRAINDRE LA CONCURRENCE ?

Le début du championnat l’a démontré : c’est lui le choix numéro un de Slavo Muslinau back gauche. Mais Andrade a clairement prouvé sa valeur la saison dernière. A part dans les play-offs (où la tactique défensive joue un rôle prépondérant), Andrade a pris le pas sur Van Damme qui n’était plus aussi tranchant offensivement. C’est la preuve que Van Damme ne peut pas se permettre un quelconque relâchement, sans quoi Andrade redeviendrait titulaire.  » Aujourd’hui, dans deux styles très différents, nous disposons de deux très bons joueurs au back gauche « , reconnaît d’ailleurs Lawarée. Ses prestations contre Courtrai et Zeljeznicar ne plaident pas en sa faveur mais c’est toute l’équipe du Standard qui peine.

En fin de contrat, Van Damme a tout intérêt à se montrer. S’il joue 30 matches, son contrat est renouvelé d’office. Mais s’il en dispute moins, cela signifie qu’Andrade aura pris le dessus. Et on voit mal la direction du Standard lui offrir un nouveau contrat alors qu’il resterait sur deux saisons moins bonnes.  » Nous allons regarder les premiers mois et voir comment ça se déroule « , temporise Lawarée.  » Ce n’est pas notre volonté d’entamer déjà les discussions pour une prolongation mais cela ne veut rien dire. A un certain âge, la prolongation de contrat se discute toujours plus tard dans la saison.  » Son agent corrobore cette version :  » Il n’y a pas de raison de se mettre autour de la table dans les prochaines semaines à partir du moment où le contrat actuel prévoit une prolongation automatique « , conclut Vaesen.

PAR STÉPHANE VANDE VELDE – PHOTO BELGAIMAGE

 » Le Standard a besoin de meneurs auprès des jeunes. On veut qu’il prenne ce rôle.  » AXEL LAWAREE

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