UN BON TIRAGE

Comme d’habitude en pareilles circonstances, former les huit poules du tour final de la Coupe du Monde 2002 n’a pas été une affaire simple, samedi à Busan. Il n’en était pas autrement dans le passé mais il y avait bien plus de mystères. Selon l’importance de leur équipe représentative et la position de leurs dirigeants dans la hiérarchie mondiale, on acceptait ou on repoussait les souhaits et exigences des différents pays et continents.

Ensuite, pendant qu’on tirait de l’urne les différents noms, on parlait de lobbying ou de l’influence que tel ou tel dirigeant pouvait exercer sur ses collègues. Ce temps est révolu. Si la Chine va évoluer en Corée du Sud, c’est en effet pour des motifs géo-économiques. Surtout si l’Arabie Saoudite, en échange, est ravie de pouvoir dépenser ses pétrodollars au très onéreux Japon. Le fait que les Européens ne puissent affronter plus d’une nation de leur continent lors du premier tour est parfaitement logique, tout comme le fait que les pays sud-américains et africains soient répartis dans des poules différentes. On l’annonce avant le début du tirage au sort. Michel D’Hooghe, membre du Comité Exécutif de la FIFA et du comité d’organisation du Mondial, préfère cette clarté, même si, à d’autres occasions, il a aidé les Diables Rouges à obtenir une place privilégiée. Dorénavant, tout est transparent, nul ne peut s’estimer trahi, si ce n’est quand le tirage est dur, comme pour l’Angleterre.

On ne peut que louer une autre décision: ne plus qualifier automatiquement le champion du monde en titre pour l’édition suivante. Pendant deux ans, celui-ci n’a rien d’autre à se mettre sous la dent que des matches amicaux. Ce changement permet également à un continent défavorisé d’obtenir un ticket de plus. L’Asie pourrait avoir une place supplémentaire, à moins que l’Océanie n’en obtienne une sans devoir passer par des barrages intercontinentaux. L’Australie a déjà tenté maintes fois, en vain, de se qualifier de cette façon pour un tour final, ce qui freine sérieusement le développement et la promotion du football dans le plus jeune continent footballistique. On peut comprendre le découragement de Frank Farina, l’actuel sélectionneur.

Enfin, tout s’est bien déroulé à Busan et tout le monde est plus ou moins content de ce qui est sorti des petites boules. Les Belges peuvent être ravis. Toutefois, il reste ce qu’on peut appeler un groupe de la mort, avec l’Angleterre dans le rôle de la victime. Elle doit affronter le pays natal de Sven-Göran Eriksson, contre lequel elle n’a plus gagné depuis 1968. C’est assez traumatisant. Sans oublier l’Argentine. Les matches les opposant ont été parsemés d’incidents. Jugez plutôt.

Mondial 1966 à Londres: au terme d’un match brutal (1-0), Sir Alf Ramsey qualifie les joueurs argentins d’ animals.

Mondial 1986 à Mexico: Diego Maradona inscrit le but victorieux (2-1) avec l’aide de « la main de Dieu », en quarts de finale.

Mondial 1998 à Lyon: David Beckham est exclu de quarts de finale tumultueux et l’Argentine s’impose aux penalties (2-2 et 4-3).

Troisième adversaire, le Nigeria, qui a terminé premier de son groupe lors de l’édition précédente, avant que ses joueurs ne lèvent le pied contre le Danemark, pour des questions d’ordre financier. Le Nigeria reste la meilleure nation africaine.

Si on étudie toutes ces données, l’Angleterre a 50% de chances d’atteindre les seizièmes de finale, contre la France, tenante du titre.

Eriksson lui-même a tenu à dédramatiser la situation après le tirage: « Si nous remportons tous nos matches, nous pourrons séjourner dans le même hôtel japonais jusqu’à la finale ».

Les Français étaient tout aussi optimistes à Busan: « Une chose est déjà assurée: nous ne pourrons affronter le Brésil en finale ».

Seul Robert Waseige ne pense pas aussi loin, même si le Brésil se trouvera peut-être sur le chemin des Belges, un moment donné.

Mick Michels

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