Un bien fou

Bruges se positionne parfaitement.

Timmy Simons: C’est une délivrance pour nous. Et pour moi aussi, en ce sens que je n’avais jamais botté qu’un seul penalty dans ma carrière jusqu’ici. Pour le Club, en coupe d’Europe. Et, ce qui ne gâte rien, je l’avais loupé. Cela n’avait toutefois pas porté à conséquence, car nous l’avions emporté par 7 à 1. A présent, en l’absence des tireurs habituels, Rune Lange et Gert Verheyen, qui avaient déjà tous deux quitté le terrain au moment de la faute de Lamine Traoré sur Sandy Martens, il a bien fallu que quelqu’un prenne ses responsabilités. Comme j’étais bien dans le match, je n’ai pas hésité.

Quelle est l’importance de la conquête de ces trois unités face à un rival direct?

Je crois qu’au-delà des chiffres, elle nous fait surtout du bien du point de vue psychologique. Jusqu’à présent, nous avions manqué tous nos rendez-vous face aux ténors. Nous avons marqué des points précieux avant notre déplacement au Racing Genk. Pour peu que nous l’emportions là-bas, je suis d’avis que nous ferions un grand pas vers le titre.

Avant ce match au sommet contre Anderlecht, le Club Brugeois avait enduré la défaite sur son terrain contre le Racing Genk, le Standard et Lokeren. C’est beaucoup pour un candidat-champion, non?

Pourtant, malgré ces revers, nous n’en occupons pas moins la tête du classement. C’est dire si les rencontres face aux prétendus sans-grade sont très importantes elles aussi. Le Standard l’a vérifié à ses dépens en trébuchant tour à tour devant le RWDM et St-Trond, deux clubs théoriquement à sa portée. La saison passée, en dépit d’un premier tour fracassant, nous avions perdu le titre en concédant trop de points, après la trêve, devant des équipes de moindre envergure. A présent, nous sommes beaucoup plus réguliers que nos rivaux dans ces parties-là.

Comment expliquer qu’avant la venue des Mauves, déjà, vous aviez systématiquement loupé le coche face à vos rivaux?

Nous avons manqué de lucidité contre Genk et le Standard en attaquant à tout-va, puis en nous faisant surprendre de manière idiote en contre. En revanche, nous aurions mérité plus à Anderlecht. Il ne faut pas oublier que Gert Verheyen avait loupé la conversion d’un penalty au Parc Astrid alors que le score était de 1 à 0 et qu’il ne restait que quelques minutes à jouer. Pour le même prix, nous aurions fort bien pu arracher le nul ce soir-là.

« Notre travail de sape est rentable »

Le fameux système brugeois n’a-t-il pas prouvé ses limites cette saison? Chacun s’accorde à dire que votre jeu est prévisible?

C’est à la fois notre force et notre faiblesse. D’un côté, à force de répéter toujours les mêmes gestes, nous savons pertinemment bien à quoi nous attendre en toutes circonstances sur le terrain. Cette méthode a du bon aussi pour tous ceux qui ne font pas partie du 11 de base. Car dès l’instant où ces garçons sont appelés à s’exprimer, ils savent fort bien de quoi il en retourne. Mais c’est vrai que cette lisibilité fait aussi les choux gras d’un bon adversaire, qui sait alors comment nous contrer. Dans ce cas, il faut toutefois que l’opposition soit vraiment relevée. Comme contre une formation de pointe en Belgique ou un ténor étranger comme l’Olympique Lyon. Mais face à un team modeste, les faits ont prouvé que nous avons quasiment toujours le dernier mot. Je dirais même plus: dans ces matches-là, nous nous tirons souvent mieux d’affaire que nos concurrents directs. A force d’exercer un pressing constant sur l’équipe d’en face et de profiter au maximum de la géométrie du terrain, l’adversaire finit souvent par plier. Plus d’une fois, nous avons forcé la décision dans le dernier quart d’heure cette saison. C’est la preuve que ce travail de sape est rentable.

Mais il s’est déjà retourné contre vous aussi sur des ripostes meurtrières de l’adversaire. Le Club n’a-t-il pas péché quelquefois par naïveté cette saison?

Certains ont affirmé que nous laissions trop d’espaces à l’adversaire. Mais au vu des images des matches que nous avons perdus, il apparaît clairement que dans ces moments-là, nous massons toujours autant de monde derrière le ballon qu’en d’autres circonstances. Ce n’est donc pas tant l’occupation du terrain que les erreurs individuelles qu’il faut montrer du doigt: soit des fautes d’appréciation personnelles, comme ce fut le cas à Lyon, soit des erreurs de communication.

« Nos backs appuient davantage la manoeuvre »

A un moment donné, il fut question de crise au Club Brugeois, Tjörven De Brul et Philippe Clement mettant en doute le système de l’entraîneur Trond Sollied. A quel point le mal fut-il profond?

Quand une équipe perd des plumes, on cherche des raisons. Et, la plupart du temps, chez d’autres plutôt que chez soi. La vérité, c’est que les joueurs n’ont pas toujours été à l’abri de reproches. A quoi bon pointer le coach du doigt, dans ces conditions?

Comment jugez-vous votre saison?

L’année passée déjà, j’avais éprouvé plus de difficultés d’expression, au deuxième tour, dans la mesure où les adversaires savaient déjà mieux, à ce moment-là, comment répliquer à notre jeu. C’est ce qui explique, en partie, pourquoi notre avance avait fondu. A présent, c’est systématique: pour contrer le trio central que je forme avec Gaëtan Englebert et Birger Van de Ven, l’adversaire positionne lui aussi, le plus souvent, trois éléments dans le centre du jeu. Nous avons sans doute moins de liberté mais c’est tout profit pour les backs qui ont la faculté d’appuyer davantage la manoeuvre que dans le passé. Et, dans ce registre, un Peter Van der Heyden exprime pleinement ses qualités. Quant à moi, je laisserai à d’autres le soin de s’exprimer à mon propos.

Mais vous êtes titulaire chez les Diables Rouges à présent…

J’ai eu la chance, à l’époque des test-matches contre la Tchéquie, que Bruges carburait mieux qu’Anderlecht. C’est pourquoi j’ai probablement obtenu les faveurs de Robert Waseige en lieu et place d’Yves Vanderhaeghe. Mais celui-ci se rapproche de sa meilleure forme à présent. En plus, il a la chance de jouer chaque semaine avec Walter Baseggio à ses côtés. Moi, cela ne m’est arrivé qu’une fois: contre la Norvège. Ma consolation, c’est d’accuser sept ans de moins qu’Yves. Et de me dire que j’ai l’avenir devant moi.

Bruno Govers,

« Vanderhaeghe a de la chance de jouer chaque semaine avec Baseggio à ses côtés » (Timmy Simons)

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