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Un amateur en attendant un pro

Deux ans après avoir déjà essayé de l’éjecter, les clubs pros ont réussi. Exit François De Keersmaecker, bonjour Gérard Linard, le premier francophone à la tête de l’UB depuis Georges Hermesse, président de 1951 à 1967.

Il y a une semaine, un dirigeant de club a croisé François De Keersmaecker lors d’une réunion du tribunal sportif. Il a demandé au président de l’UB s’il était prêt pour un nouveau mandat de deux ans. L’homme a hésité. Il savait qu’on fomentait un coup d’état contre lui. La section pro du Comité exécutif avait demandé à Gérard Linard de se présenter contre lui. Il était convenu de ne l’annoncer qu’en dernière instance, juste avant le vote.

Mais De Keersmaecker, représentant des amateurs flamands, en avait entendu parler dès le mardi. Le jeudi, il s’est retiré, comprenant que la bataille était perdue d’avance. Gilbert Timmermans est entré dans la danse au nom des amateurs flamands mais sans pouvoir organiser de véritable campagne, en l’espace de deux jours. Exit De Keersmaecker, qui est resté serein face aux observateurs.

Son départ aurait dû se produire il y a deux ans. Dans le sillage d’un Mondial désastreux sur le plan financier, les pros voulaient déjà se débarrasser du président fédéral mais un de leurs membres, Philippe Collin, a torpillé Joseph Allijns. De Keersmaecker a sauvé sa peau pour deux ans mais sans jamais parvenir à rentrer en grâce. Avec un certain retard, il paie la responsabilité de la gestion financière du passé, quand il avait accordé trop de pouvoir en ce domaine à Steven Martens.

La nécessité d’un stade pour les Diables Rouges constitue un autre élément. La fédération y est favorable : elle a pris des engagements auprès de l’UEFA pour l’EURO et elle a besoin, financièrement, d’une arène de 40.000 places, compte tenu du projet NEO, près du stade Roi Baudouin. Faute d’autres grands stades, l’équipe nationale ne peut pas déménager. Sclessin est le plus grand stade actuel mais il ne peut accueillir que 30.000 personnes. Linard est conscient de la nécessité d’un nouveau stade mais pour lui, les Diables Rouges peuvent tout aussi bien se produire dans les installations d’un club, si possible à Bruxelles, sinon ailleurs, en alternance, comme Bart Verhaeghe le souhaite, afin de ne pas offrir d’avantage stratégique à Anderlecht – un stade qu’il devrait seulement louer.

Le fait que Linard ne parle que français importe peu. C’est le comité de gestion qui détermine la politique à mener et les hauts postes sont occupés par des néerlandophones. D’ailleurs, l’homme a été CEO pendant deux ans et son unilinguisme n’a choqué personne. Par contre, il faut s’atteler à la formation d’un solide département juridique car le dernier spécialiste, De Keersmaecker, est parti.

Linard et le CEO De Brabander sont des hommes de chiffres, qui ont corrigé les erreurs du passé récent. Le fait que Linard, âgé de 74 ans, n’est qu’un passant, signifie que tôt ou tard, un professionnel prendra la tête de la fédération. Allijns aurait dû être cet homme, Bart Verhaeghe le peut, à l’image de Michel D’Hooghe. Il l’est déjà, de facto, mais il a brusqué pas mal de dirigeants par son style, dans ses efforts pour moderniser la fédération. Le patron du Club se fâche quand quelqu’un n’est pas d’accord avec lui. S’il a l’ambition d’occuper ce poste, il aura besoin de temps pour dégager une majorité.

PETER T’KINT

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