Umpires and referee

Aujourd’hui, petit cours d’histoire footeuse. Obligatoire pour les arbitres. Vivement conseillé aux autres qui n’ont pas à ronchonner comme des cancres, ça ne leur fera pas de tort: le foot est comme tout patrimoine digne de conservation, il s’agit de bien connaître le passé pour mieux construire l’avenir! Je sors d’un article antédiluvien sur les origines de l’arbitrage: il a été écrit par Sir Stanley Roushimself en 1952, l’année où j’ai vagi pour obtenir mon colostrum…

Figurez-vous qu’à l’origine, il n’y avait pas d’arbitre. Quand je dis « origine », comprenons-nous, il s’agit vraiment de préhistoire: grosso modo entre 1850 et 1865, à l’époque où les poteaux de buts n’étaient espacés que de 4m57 sans limite verticale, où la longueur du terrain pouvait aller jusqu’à 180m, et où le goal-keeper n’était pas encore autorisé à se servir de ses mains. Je sais, ça vous en bouche un corner que je sache tout ça, ce n’est pourtant pas difficile: il suffit d’aimer le foot et de savoir que les livres sont nos amis. Mais revenons à nos moutons de footballeurs: les arbitres étaient superflus parce que le capitaine capitanait vraiment. C’était un mec charismatique, dégoulinant d’autorité morale dès qu’un de ses partenaires commençait de péter les plombs: il n’avait qu’à ouvrir la bouche pour que son joueur close la sienne, puis il s’excusait auprès de son alter ego qui était un super chic type comme lui. Et le jeu reprenait sans problème, vu qu’on ne jouait pas à l’époque pour une vache en or.

Ca n’a guère duré: l’apparition des compétitions entrouvrit l’appétit de victoires, et les arbitres passèrent de zéro …à deux! Chaque équipe choisissait son umpire : via le cricket, le mot était venu de l’ancien français nomper et signifiait joliment homme sans égal. Chaque umpire officiait dans la moitié de terrain de son équipe, et n’arrêtait le jeu qu’à la demande expresse (l’appel) du capitaine de l’équipe adverse: il consultait alors l’ umpire d’en face, et tous deux décidaient du mode de reprise du jeu. Lustucru hélas, il advint rapidos que les deux umpires divergeassent! Ils convinrent donc de choisir de concert un referee, lequel prit place sur une chaise à hauteur de la mi-terrain, et auquel les umpires se référaienten cas de désaccord. Mais ce ne fut pas encore suffisant pour endiguer le bordel grandissant: en effet, dès 1870, la liberté fut ôtée aux équipes de choisir leur umpire, et l’organisateur désigna lui-même ce qui était déjà un trio arbitral neutre!

Le mot referee apparut dans les lois en 1880, et les pouvoirs dudit allaient s’accroître en trois temps. Dès 1889, le referee pouvait intervenir sans l’avis des umpires. Dès 1892, permutation capitale, le referee rentrait sur le terrain tandis que les umpires en sortaient: pour devenir des linesmen, des subordonnés jusqu’à nos jours. Dès 1895 enfin, l’appel des capitaines cessait d’exister: le referee n’était plus obligé d’arrêter le jeu à leur demande, il ordonnait. Il était devenu ce qu’il est toujours aujourd’hui: maître absolu, sans avoir à justifier ses décisions.

Thanks, Sir Stanley. Vous nous dites tout ça pour nous dire quoi? Qu’il y eut un grand rêve de fraternité originel vers 1860, duquel on avait totalement déchanté vers 1890. Si depuis (et cela fait plus d’un siècle), en dépit de textes de lois équivoques et en dépit de la voracité croissante des acteurs, le foot a su croître en popularité, il le doit au despotisme absolu d’un mec: le referee, acceptant stoïquement que se concentrent sur lui toutes les rancoeurs. Alors, vouloir demain un deuxième arbitre sur le terrain, un autre derrière le but, un autre derrière un écran vidéo, vouloir en fin de compte une nouvelle collégialité des décisions sans toujours rien toucher aux textes, …ne sera-ce pas revenir comme de gros bêtas au chaos?

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