Two minutes to win

La vieille se porte bien. Elle ne fait pas son âge. En fait, elle n’a pas d’âge. Normal, chaque année, elle renaît. Seule sa mémoire a du poids. Non pas le poids des ans mais celui des merveilleuses aventures qui ont fait d’elle la  » Cougar  » la plus convoitée du Royaume. Celle que tout le monde veut se faire mais qui, pour beaucoup, ne restera à jamais qu’un phantasme. Peu l’ont prise dans leurs bras et quelques-uns l’ont, paraît-il, mise dans leur lit. Mais elle reste très honorable parce que cette grande Dame ne se donne pas, elle se mérite.

La FA Cup, née en 1871, n’en finit plus de nous offrir des histoires à écrire debout. Vraies, touchantes, qui régénèrent notre amour de notre foot qui devient de moins en moins le… nôtre. Cette année direction Stevenage pour ouvrir un nouveau chapitre de :  » Sont crazy ces Britons « . 3e tour, 727 équipes ont déjà été éliminées. En reste 32. Parmi elles, Stevenage qui reçoit Everton.

Stevenage 24e sur 24 en League One. La D3. Leur D3. Rien à voir avec la nôtre. Depuis le début de la saison, ils sont 2.342.580 à avoir garni les usines à rêves. La moyenne de spectateurs est de 7.484 fidèles. Mieux que sept équipes de notre Jupiler Pro League. Wolverhampton, le leader, tourne à 20.000 par match. Seules cinq équipes de notre  » élite  » font mieux. Un autre monde.

A Stevenage, le beau monde, c’est sur la pelouse. Dans le 11 qui débute contre Everton, six joueurs ont été formés soit à Arsenal, Tottenham ou Chelsea. Tous ont été internationaux anglais chez les jeunes. Y a même l’arrière droit, JimmySmith, qui a été lancé en Premier League par un certain JoséMourinho. Lancé mais pas plus. De plus, c’est jouer que voulait Smith. Lui, à Chelsea depuis ses 9 ans, laisse tomber 20.000 € par mois pour jouer au foot. Pour être titulaire.

Maintenant il est à Stevenage. Lui et d’autres touchent jusqu’à 1200 € par… semaine. Eh oui, beaucoup de nos pros de D1 aimeraient gagner cela. Un autre monde on vous disait. Autre miracle de l’Angleterre : Stevenage est dans l’histoire pour être la première équipe à gagner une finale de coupe dans le New Wembley. C’était en 2007. C’était le FA Trophy. La Cup des clubs amateurs. Des amateurs qui avaient attiré, ce jour-là, 53.262 supporters. Pas de fautes de frappe. Le point est à sa place. Pas de faute de goût chez les fans, ils voulaient tous leur place. De vrais amateurs sur la pelouse et dans les tribunes. Formidable.

Formidable aussi la philosophie de leur coach, GrahamWestley. Un cas. De retour depuis mars pour son 3e passage. De retour parce que viré de Preston North End, il l’avait un peu cherché. Après un match perdu, il balance :  » Certains de mes joueurs sont des lâches. L’adversaire connaissait mon 11 de base et notre tactique. Il y a un ou des traîtres chez nous.  »

Fin de saison il lâche :  » La mentalité est médiocre. 21 joueurs doivent partir.  » C’est lui qui est parti. Avec ses idées et ses méthodes. Parfois savoureuses. Ce diplômé universitaire en Management et direction d’entreprise fait dans l’original. Lors de son arrivée il a instauré le  » Two minutes to win « . Chaque semaine un joueur doit faire un show devant ses coéquipiers.

Chanter, danser, raconter des blagues, faire des sketches. Être créatif quoi. Certains l’ont été plus que d’autres. L’un s’est rasé la tête. Un autre a tenté de battre le record du monde d’oeufs écrasés sur sa tête. Westley a aussi demandé que les joueurs décorent le vestiaire de photos de leur famille ou de gens qu’ils aiment. Il y a MuhammadAli au mur. Certains écrivent même des textes qu’ils affichent.

Créer l’alchimie, l’esprit de famille est le but. Ça a marché. Sauf sur le terrain. Ou pas encore parce que tous sont sûrs d’une chose : l’amour du prochain, l’amour du terrain finit toujours par l’emporter. Dernière précision, à Stevenage, certains gagnent 4800 € par mois mais tous doivent laver leurs équipements eux-mêmes. Y a pas de doute, l’Angleterre est le pays du foot.

A Stevenage, l’équivalent de notre D3, certains joueurs gagnent 4800 euros par mois. Mais ils doivent laver leurs équipements eux-mêmes.

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