Trop sportifs, les Belges ?

Vendredi dernier, le comité exécutif de l’Union Belge a pris deux mesures qui prouvent bien que la Belgique est une terre de fair-play. D’abord, on a admis l’idée de rejouer le match de Coupe du cinquième tour entre le Lierse et Millen, équipe de Promotion.

Rappel des faits : le troisième but déterminant du Lierse avait été marqué au terme d’une phase initiée par une remise en touche. Or, le gardien de Millen avait volontairement botté le ballon en touche, voyant un de ses défenseurs au sol. Normalement, le Lierse aurait dû redonner le ballon à Millen mais il le conserva.

Le président de Millen, Pierre Reynders, envoya une lettre recommandée à l’Union Belge pour demander le replay ; le président de cette dernière, Jan Peeters, fit la tête. Pas pour le principe, mais pour la procédure que pareille missive officielle engendrait.

L’ancien magistrat savait que, dans pareil cas, la demande devait être dirigée vers le comité sportif de la fédération qui ne se réunirait que le 26 novembre. Voulant aller plus vite (et éviter tout arriéré judiciaire ?), Peeters convainquit Reynders de retirer sa plainte officielle, ce qui lui permettait de proposer au comité exécutif de vendredi dernier la demande des deux clubs de rejouer. Le CE accepta et fixa la date du replay au 3 décembre.

L’arbitre du match, Yves Marchand, avait été critiqué par Reynders. Un de ses défenseurs étant blessé, au sol, l’homme en noir devait arrêter le jeu pour le faire évacuer vers la ligne de touche ou le faire soigner à même le terrain. Mais Marchand disait ne rien avoir à se reprocher :  » Le défenseur faisait la comédie, je n’avais pas à intervenir « . Marchand a fait son travail, et bien, puisque le joueur de Millen termina la rencontre. Mais l’affaire ne concerne pas l’arbitre.

Ce qui heurta tous les sportifs, c’était le fait que le Lierse ne rende pas le ballon que le gardien de Millen lui avait donné de bonne foi. Penser que le gardien capitalisait sur la comédie de son défenseur est excessif. Ne pas oublier que l’on parle ici d’un club de D1 et d’un autre de Promotion. Peeters a donc très intelligemment agi en ne laissant pas aller l’affaire jusqu’au comité sportif (qui aurait appliqué le règlement à la lettre ?). Il s’agissait de fair-play et c’était une bonne idée de laisser les deux équipes maîtresses de leur destin.

En refaisant signer Aimé Anthuenis comme coach des Diables pour deux saisons supplémentaires (de juin 2004, le contrat a été rallongé à juillet 2006, soit juste après le Mondial allemand), l’Union Belge persiste et signe. On rit de nous à l’étranger : -Vous gardez un coach qui n’a pas été capable de vous qualifier pour l’Euro 2004 ? Oui, et on en est fier. Enfin fier, c’est peut-être exagéré.

 » On ne peut rien reprocher au travail d’Aimé « , a affirmé Jan Peeters. Le coach a dû reconstruire l’équipe et y est parvenu. Après le départ des Marc Wilmots, Gert Verheyen et Johan Walem, il a fallu intégrer des jeunes et la campagne pour le Portugal s’est mieux terminée qu’elle n’avait commencé. Heureusement. Mais Peeters a aussi dit, en faisant référence à la prochaine Coupe du Monde :  » Cette fois, il faut se qualifier. On n’aura plus d’excuse. C’est un must « . Anthuenis est évidemment ravi de l’accord trouvé mais veut rassembler plus souvent ses internationaux. Un v£u pieu. Impossible. Sa seule consolation, c’est qu’il a de l’avance par rapport à ses débuts.

Bruges continue de s’écraser en championnat : trois défaites au cours des quatre dernières rencontres. L’horreur chez les supporters fait contraste à la froideur de Trond Sollied face aux critiques :  » On continuera en 4-3-3. Je ne vais pas changer mon système fondamentalement. Des petits détails, ok, mais pas plus. Je crois en ma méthode, vous voulez voir mon cv ? » Voilà qui est parlé.

Pourquoi paniquer, d’ailleurs ? Depuis l’accession de Michel D’Hooghe à la présidence à la mi-mars 2003, le tableau de marche du club en D1 est quasi identique. 12 points sur les huit derniers matches la saison passée et 21 sur les 13 journées de cette année. Ce n’est pas une marche de champions. On dit que D’Hooghe porte malheur, mais n’en croyez rien. C’est un bobard.

par John Baete

Peeters a très intelligemment agi en laissant le Lierse et Millen maîtres de leur destin.

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