» TROP PETITS pour la L.C. « 

Les Blauw en Zwart ont, comme l’année passée, profité de la trêve pour se renforcer mais leurs ambitions restent modestes.

A quelques kilomètres de Bruges, au pied de l’église de Sint-Andries, les soldes d’hiver se sont, une nouvelle fois, avérées fécondes. Le Club Bruges a profité de la trêve hivernale pour affûter ses armes. En vendant ce qui ne correspondait que très peu à l’identité locale pour affronter le deuxième tour, en l’occurrence Alin Stoica, et en farfouillant dans les échoppes des autres clubs belges pour pallier toute éventualité. Ce sont les vitrines louviéroises qui ont attiré l’£il des Blauw en Zwart. Ils y ont déniché l’arrière gauche canadien Michaël Klukowski et le centre-avant nigérian Manaseh Ishiaku.

Depuis deux ans, les dirigeants brugeois ont pris l’habitude de sortir du bois aux alentours de Noël avant de s’éclipser en juillet. Est-ce un changement de politique ou une obligation conjoncturelle ? Contrairement à l’année passée, ce renforcement n’a pas été dicté par la nécessité de muscler une équipe décevante. Non, en 2004, Bruges a dominé de la tête et des épaules la compétition belge. En engrangeant 88 points sur les 102 mis en jeu. Si cela ne leur a pas permis de décrocher les lauriers nationaux décernés fin mai, tant leur retard était important à la trêve la saison passée, la forme affichée cette année les a conduits au titre symbolique de champion d’automne. Avec 7 points d’avance sur son rival anderlechtois û qui compte un match en moins û, le Club a toutes les cartes en main. Pour expliquer sa vision et son jeu, quoi de plus normal que de demander son avis à son directeur technique, Marc Degryse, tout juste remis d’un gros refroidissement attrapé au retour du stage espagnol.

C’est la deuxième année que vous effectuez vos achats en décembre. Faut-il y voir un changement de politique de recrutement ?

On a agi de cette façon l’année passée car à ce moment-là, c’était nécessaire suite à notre mauvais début de championnat. Il fallait faire quelque chose. Et cela a bien marché puisqu’on a pris 44 points au 2e tour alors qu’on n’en avait pris que 16 lors du premier. Evidemment, cela n’était pas uniquement dû aux transferts mais ils ont joué. Et puis ces renforts de la trêve nous avaient permis d’anticiper la nouvelle saison. En été, on a vu que le groupe était formé et que ce n’était plus nécessaire d’acheter un joueur. Résultat : on a encore pris 44 points. Cette année, c’était moins urgent de recruter à cette période-ci de l’année mais comme l’expérience avait été concluante, on a pensé que c’était le moment d’attirer deux nouveaux joueurs d’autant plus que nous serons privés de Peter Van der Heyden et de Hans Cornelis dès juillet et que nous ne savons toujours pas si Rune Lange va re-signer. En faisant venir dès maintenant Manaseh Ishiaku et Michaël Klukowski, ils pourront avoir six mois d’acclimatation pour s’adapter et apprendre la manière de jouer. Et ce ne sera alors peut-être plus obligatoire de remanier l’équipe en été. Je ne peux pas dire que l’on va agir dorénavant systématiquement de la sorte mais pour cette année, on a pensé que c’était le bon moment d’opérer.

Le marché ne vous indique donc pas de désormais vous braquer sur le mercato de janvier ?

Il n’y a pas de règles. Dans le temps, on pouvait réaliser des affaires durant toute l’année mais depuis que l’on a limité les transferts à deux périodes, le mois de janvier acquiert plus d’importance et influence les résultats. Mais cela ne veut pas dire pour autant que cela est moins cher en janvier qu’en juillet. Cela change chaque année en corrélation avec la situation des joueurs.

Vous parlez de votre précédente campagne de transferts en affirmant qu’elle est réussie. Mais Victor et Blondel ont très peu joué cette saison…

Si on regarde sur l’ensemble de l’année, on peut voir que Blondel et Victor ont joué plus de rencontres que Balaban… De plus, le plus important, cela reste le groupe. Et l’apport des trois nouveaux joueurs sur le collectif a été prépondérant. Ces joueurs doivent compter avec la concurrence. Si Blondel ne joue pas dans l’entrejeu, c’est parce que Nastja Ceh a fait un premier tour spectaculaire.

Un peu juste en attaque

Cette année, vous avez attiré deux joueurs de La Louvière : Michaël Klukowski pour remplacer Peter Van der Heyden et Manaseh Ishiaku pour pallier le départ de Rune Lange ?

Ishiaku ne remplacera pas nécessairement Rune Lange que nous essayons encore de conserver. Mais nous ne possédions pas assez d’attaquants. Dans tous les secteurs, on dispose d’assez de solutions alors qu’en attaque, on était un peu juste. Plutôt que de parler de remplacement, il convient de parler de renforcement. Ishiaku doit apporter plus de concurrence pour que l’entraîneur puisse avoir davantage de possibilités en cas de suspension et de blessures. En outre, il est encore jeune. Comme d’ailleurs tous les transferts que nous avons effectués cette année et la saison passée. Il s’agit de cinq joueurs qui ont moins de 25 ans. Ils possèdent donc encore beaucoup de marge de progression.

L’année passée, vous teniez le même discours sur la pauvreté de votre secteur offensif. C’est dans cette optique que vous aviez attiré deux attaquants (Victor et Balaban) et un milieu offensif (Blondel). Pourquoi donc encore parler de la justesse du nombre des attaquants alors que les solutions existent et que Bruges possède la meilleure attaque avec 45 buts inscrits, soit dix de plus qu’Anderlecht ?

Il faut voir qui est parti ces deux dernières saisons. Andrés Mendoza, Tim Smolders, Bengt Saeternes et Sandy Martens nous ont quittés. Et quand il y a des joueurs qui partent, il faut les remplacer.

Peter Van der Heyden et Hans Cornelis iront chercher fortune ailleurs. N’est- ce pas un aveu de faiblesse de votre part ?

Ce sont les joueurs qui font leur carrière. A un moment, ils voient leur futur dans un autre club. Ce sont les lois du marché et on ne peut pas les empêcher de partir. On a fait une bonne proposition aux deux joueurs et ils ont refusé de signer. Sur le plan financier, ils étaient satisfaits avec ce qu’on leur proposait mais sur le plan sportif, ils pensent que dans un autre club, ils trouveront mieux. Cornelis était encore jeune mais on doit comprendre qu’après cinq ans, la patience des jeunes joueurs a une limite. On savait que si Olivier De Cock re-signait, Cornelis ne voudrait plus rester. Et inversement. Si Cornelis restait, De Cock s’en allait. Et on a choisi De Cock.

Le futur de Bruges passe-t-il par un mélange entre jeunes et transferts ?

L’année passée, quatre jeunes sont venus renforcer le noyau A. En été, ils seront rejoints par deux nouveaux jeunes. On recherche l’équilibre entre achats et jeunesse. En deux ans, on a effectué cinq transferts et promu six jeunes. Maintenant, ils doivent prouver leur valeur. On leur donne des possibilités pour percer mais après, c’est à eux de se battre. Cependant, le niveau des autres joueurs est si haut que ce n’est pas évident de trouver sa place. Même les transferts doivent se battre pour se forger du temps de jeu. D’ailleurs, à ce niveau-là, je suis bien content que l’équilibre existe également. Il ne faudrait pas qu’un joueur acheté trouve tout de suite sa place. Quant aux jeunes, ils ne doivent pas seulement être à 100 %. Il faut qu’ils soient meilleurs que ceux qui jouent. Or, ils intègrent une équipe qui évolue depuis cinq ans ensemble. Ceux qui sont présents depuis le début de l’ère Sollied ont naturellement un avantage sur les autres car ils savent exactement comment ils doivent jouer ensemble.

La stabilité reste la marque de fabrique et la force de Bruges ?

Certainement. Une équipe, cela ne se forme pas sur six mois. Une fois que la bonne formation est trouvée, il faut la conserver. Naturellement, il y a toujours des changements. Mais il faut éviter d’en faire trop.

Vous ne craignez pas une certaine lassitude ?

On a entendu cela la saison passée mais l’équipe a quand même réalisé un très bon deuxième tour tout en gagnant la Coupe. Sans oublier le bon parcours en Ligue des Champions. Et puis, on n’a pas réalisé de transferts cette saison mais on a quand même engrangé 44 points. Et c’est impossible de fournir ces résultats sans motivation. Simplement, si la saison passée, on a connu un passage à vide, il faut le mettre sur le compte de différents facteurs : l’euphorie de la Ligue des Champions, les blessures et un manque de concentration à certains moments. Mais on s’est bien repris en janvier.

L’élimination en Coupe UEFA : une déception

Par contre, cette saison, Bruges vit le scénario inverse : très fort en championnat mais décevant en Coupe d’Europe. Comment expliquer cet échec européen ?

D’abord, on a joué contre une bonne équipe en Ukraine. On a vu que le Shakhtar Donetsk avait des arguments puisqu’il s’est qualifié en Coupe UEFA en terminant 3e d’une poule de Ligue des Champions comprenant Barcelone, Milan et le Celtic. Tout le monde a sous-estimé cette équipe qui a beaucoup plus de moyens que nous. Par contre, ne pas se qualifier pour le prochain tour en UEFA, c’est une déception. On possédait le meilleur coefficient et on doit se montrer déçu de ne pas y être arrivé. Il est aussi opportun de se rendre compte que nous n’avons pas notre place en Ligue des Champions. Nous sommes trop petits. Cela reste un objectif mais cela ne peut devenir une obligation. On ne fait même pas partie du top-200 des budgets des clubs européens. On ne peut donc pas nous demander de faire partie chaque année des 32 derniers qualifiés pour la Ligue des Champions. C’est comme si en Belgique, on demandait à Ostende de lutter pour le titre.

Financièrement, l’élimination en UEFA vous coûte combien ?

Par rapport à la saison passée, on voit une différence de 4 à 5 millions d’euros au point de vue des rentrées. Dans le passé, le club calculait quand même son budget en fonction d’un bon parcours européen. Ceci nous oblige à faire des économies depuis deux ans. Ce qui explique les nombreux départs (13) en deux ans. Le dernier exemple, c’est Stoica. Et quand les moyens diminuent, ce n’est pas évident de revoir les ambitions à la hausse.

Vous le voyez comment le 2e tour ?

Il faut essayer de reproduire les performances de l’année passée et de conserver l’ambiance. Il faut garder cette régularité pour jouer le titre et arracher la Coupe. Mais il faudra rester concentré et éviter de penser que tout va aller de soi-même. C’est à partir du moment où l’on commence à penser que l’on va gagner facilement les petits matches que la machine se met à coincer. On y est arrivé à force de travail, il est indispensable de continuer à travailler.

Vous êtes maintenant bien installé dans votre fauteuil. On a longtemps dit que vous ne sauriez pas travailler longtemps avec Trond Sollied. Or vous êtes tous les deux encore présents au club…

Les médias nous ont opposés mais Sollied a encore un contrat d’un an et demi et il restera avec nous jusqu’au bout. Je le connaissais déjà à Gand et cela s’est toujours bien passé entre nous. On ne s’est jamais critiqué dans la presse. Si on ne s’entendait pas, les résultats ne suivraient pas. Car un entraîneur qui ne sait pas travailler à son aise ne sait pas obtenir ces résultats.

Stéphane Vande Velde

 » Ceux qui jouent avec Sollied depuis le début ont un avantage sur les autres car ILS CONNAISSENT LE SYSTèME  »

 » Demander à Bruges de faire partie chaque année de la L.C., c’est DEMANDER à OSTENDE DE JOUER LE TITRE  »

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