Trop mou !

 » Mobylette  » toussote, mais la critique le motive depuis sa jeunesse.

D anny Boffin (38 ans) l’affirme :  » Je suis loin d’être usé. Je veux le prouver, rien que pour faire taire les critiques « .

On n’a pas encore vu un brillant Boffin cette saison. Ses éclairs sont moins nombreux, son jeu recèle moins de créativité et de dynamisme. Jusqu’à présent, il n’a marqué qu’un seul but. Et à un quart du championnat, il n’a encore délivré aucun assist. La plaque tournante de St-Trond s’essouffle-t-elle ?

L’intéressé nous accueille d’un  » Danny Boffin va très bien « , assorti d’une légère grimace.  » Sportivement, c’est un peu moins bien, pour le moment. Je dois bien avouer que ça ne marche pas comme je l’avais espéré. Je ne trouve pas que mes prestations sont en dessous de la moyenne mais je n’apporte pas à l’équipe ce que je peux. Mes inflammations à la cheville ont évidemment handicapé ma préparation mais il n’empêche : je suis vraiment en pleine forme, ce que souligne mon bilan sanguin. La Faculté m’a seulement prescrit des médicaments pour six mois, afin de lutter contre la décalcification, mais je n’ai ressenti de douleur à la cheville que contre le Club Brugeois. Simplement, ça ne tourne pas. C’est un peu comme si je jetais une pièce de monnaie. Elle tombe toujours du mauvais côté. Je travaille dur à l’entraînement, jour après jour, pour retrouver ce petit quelque chose qui provoquerait un revirement. Un peu partout, j’entends les mêmes rumeurs : ne joue-t-il pas la saison de trop ? Non. Je sais que je suis capable d’apporter la même chose à ce club que dans le passé « .

St-Trond grappille des points grâce à son caractère, en attendant.

Boffin :  » Notre football n’est pas chatoyant mais nous sommes quand même dans le top-cinq. Je n’approvisionne plus les attaquants comme avant, mais je ne pense pas être le seul responsable. Evidemment, je sais ce qu’on raconte : si le club ne tourne pas, c’est la faute de Boffin. Je ne me retourne plus là-dessus. C’est un fait : nous passons moins aisément de la défense à l’attaque, les automatismes ne sont pas aussi bien huilés que la saison passée. C’est parce que le dispositif habituel n’existe plus. MarcosPereira à droite, DésiréMbonabucya et Bram Van Geel à gauche, moi derrière : nous nous trouvions les yeux fermés. Las, aucun des trois n’a encore beaucoup joué cette saison. Marcos est revenu avec dix jours de retard et n’a pas encore retrouvé sa forme. Bram est entré au jeu deux fois, c’est tout. Et Désiré n’est pas encore très bien non plus. Après la finale de la Coupe, il a dû disputer des matches internationaux et n’a pas eu suffisamment de repos. Or, nous devons notre superbe saison passée à ces garçons. Il y a aussi Wouter Vrancken, qui a été re-titularisé pour la première fois contre le Germinal Beerschot. L’équipe n’a pas été épargnée par les problèmes jusqu’à présent mais malgré tout, nous avons pris des points. Nous commettons parfois des gaffes, comme ces buts cadeaux à Anderlecht et Charleroi mais la défense est bonne selon moi. C’est dans l’entrejeu que nous peinons.

Toute l’attaque a changé. Je pense que je jouais mieux avec les trois autres attaquants. Maintenant, devant, nous avons Jochen Janssen et Kris Buvens… Kris converge vers l’axe et demande le ballon dans les pieds, pas de loin. En fait, nous faisons la même chose lui et moi. C’est pour ça que nous nous marchons parfois sur les pieds. Il vaut mieux ne pas lui adresser de transversale car il revient toujours dans l’axe. Or, j’ai besoin de quelqu’un qui… (il soupire) Van Geel est capable d’éliminer un homme, Marcos exploite sa puissance dans les duels, Désiré est fort dans ses tirs, il plonge dans les brèches et est dangereux devant le but.

Qu’est-ce qui fait la différence, aujourd’hui, en football ? Jouer vers l’avant, chercher des ouvertures et miser sur la profondeur, le plus vite possible. Sans ça, il est impossible de surprendre l’adversaire. La saison passée, nul n’était aussi rapide que nous, dans la transition de la récupération à l’attaque. Immédiatement, nous cherchions un homme libre dans l’entrejeu, puis un suivant… Ce n’est plus le cas. Nous sommes trop lents ou alors, nous passons l’entrejeu pour procéder par longs ballons. Et ce n’est pas vers Désiré mais vers Jochen, qui est un tout autre type de footballeur. Jochen a aussi besoin de recevoir le ballon dans les pieds pour courir. Nous nous entendons de mieux en mieux, mais si nous n’évoluons pas avec de véritables ailiers ou si aucun ballon ne vient des flancs, il reste planté là.

Mais ça va venir. Parfois, on me passe le ballon trop tard. Ça arrive à tout le monde. Je ne dois pas chercher d’excuse. Ce serait vraiment trop facile. Il est probable qu’il s’écoule maintenant une fraction de seconde là où avant, je tirais sur un réflexe. Bien que je ne sois pas encore revenu à mon meilleur niveau, je suis fréquemment couvert en individuelle, sur tout le terrain. Quand vous n’êtes pas dans une forme optimale et qu’en plus, comme à Charleroi, vous êtes suivi comme votre ombre par quelqu’un qui vous pousse et vous tire… Ça vous ronge « .

C’est dans la tête

Pour Madame Boffin, c’est dans la tête. Danny n’a pas été élu Soulier d’Or, il a perdu sa finale de la Coupe, il a souffert des chevilles, son fils a eu des problèmes intestinaux, sa fille accuse un retard de croissance, leur nouvelle construction a subi des retards et la petite famille a dû déménager dans un appartement, provisoirement.

Depuis deux ans, suite à tous ces problèmes, Danny n’a plus eu de vacances. Tout ça travaille Danny, d’après Marie-Christine. Lui, il n’est pas du même avis :  » Je n’ai pas de problème. Je suis mentalement fort. Evidemment, ceux qui ont des enfants peuvent me comprendre… Toujours les emmener consulter des professeurs à Louvain… Enfin, pour l’instant, nous sommes tranquillisés. Le Soulier d’Or et la finale de la Coupe m’ont beaucoup déçu, c’est clair. Ceux qui prétendent que disputer la finale est déjà beau ne savent pas ce qu’ils racontent. On joue toujours pour gagner.

Autre chose : personne n’est heureux dans l’appartement que nous occupons pour l’instant, ni nous ni les enfants ni les chiens. Nous avons l’impression d’être enfermés. En plus, nous habitons le dernier étage… La construction de notre maison a foiré de tous côtés mais elle est maintenant en bonne voie. Nous devrions y être depuis sept ou huit mois. Nous comptons déménager vers décembre ou janvier. Il est normal que tous ces événements, qui se sont abattus sur un homme, une famille, le mettent sous pression. En outre, au centre de la ville, où nous habitons maintenant, je ne peux pas me reposer « .

Les gens parlent beaucoup : Danny Boffin, chouchou du public et meilleur produit de marketing du STVV, reste un sujet de conversation même quand ça va moins bien. Ses prétendus problèmes conjugaux, ses dettes, sa faillite même nourrissent un véritable feuilleton.

 » Ce ne sont que ragots. Je me demande à quoi les gens passent leur temps. Ma femme a beaucoup souffert de ces ragots. Je lui ai conseillé de ne plus y prêter attention ni d’y réagir pour ne pas se démolir. Ça la touche beaucoup plus que moi. Je connais le revers de la médaille. Un footballeur doit rester au-dessus de la mêlée. Malgré tout, la lettre d’un supporter de Genk, dans le courrier des lecteurs d’un journal, m’a fait énormément plaisir. Il a écrit : Mais que se passe-t-il donc à St-Trond ? ! Danny Boffin mérite le respect pour ce qu’il a fait pour le football belge et pour St-Trond. Ce n’est pas parce qu’il joue un peu moins bien qu’il faut inventer toutes sortes d’histoires qui ne nous regardent pas. Qu’on lui fiche la paix « .

Quelle année !

Boffin vit sa saison la plus difficile. Il sera un homme heureux quand l’année sera achevée.  » C’est la pire de ma carrière. Je ne veux pas partir sur pareille note. Non, je n’effectuerai pas mes adieux de la sorte. Je ne suis pas encore usé. J’en suis certain. Ma force physique et mentale est intacte. Je le prouverai, pour les gens qui me sourient mais qui, derrière mon dos, racontent que je ferais mieux de raccrocher mes studs. Je veux montrer que je n’ai pas perdu ma rage de vaincre. J’ai toujours dû me battre pour tout. Je n’ai jamais eu de cadeau de la vie. Dès mon enfance, j’ai été en proie à l’injustice. C’est ainsi que j’ai appris à lutter et c’est pour ça que je dure aussi longtemps en football. Ça me renforce dans ma conviction que je vais retrouver ma dynamique. Du jour au lendemain.

Rien que pour répondre à tous ces critiques, je veux refaire mes preuves. Ce n’est pas parce que je suis Danny Boffin et que j’ai 38 ans que je ne dois plus me battre. Foutaises ! On raconte : il va avoir 39 ans et il s’est peut-être vidé au profit de St-Trond pendant deux ans ? D’accord. Dans ce cas, j’ai fait mon devoir. Mais je ne veux pas finir ainsi car je sais que je suis capable de partir en beauté. J’ai toujours dépensé énormément d’énergie sur les terrains. D’ailleurs, depuis mes débuts, on me reproche de trop courir. Je continuerai. Le jour où, en me levant, je n’aurai plus envie d’aller à l’entraînement parce qu’il fait mauvais, ce sera différent. Je me dirai : – C’était bien. Et sans doute assez « .

Quel avenir ?

Boffin arrive en fin en contrat à St-Trond en juin. Quel avenir a-t-il ?  » Je dispose d’une option d’un an, à condition que les deux parties soient d’accord. Cette saison peut être éventuellement combinée à une autre fonction au sein du club. Ça peut être une tâche commerciale ou technique. Je peux très bien entraîner les Juniors. Rien n’est concret car je préfère rester entre les quatre lignes et les deux buts. Naturellement, je sais que je peux me blesser gravement et à mon âge, ce serait fatal. Mais si je me braque là-dessus… Mieux vaut faire une croix sur le football « .

De fait. Mais quelle tournure va prendre l’après-football, qui s’approche quand même à grands pas, et quelles seront ses rentrées ? Car Boffin vit sur un grand pied. Ainsi, il aime conduire une Porsche. Sa nouvelle maison, à Binderveld, n’est pas une simple chaumière. Entre la cuisine et le living, il y a une piscine… Et ainsi de suite. Une fois les feux de la rampe éteints, le joueur perdra-t-il son goût du luxe ? C’est fort peu probable. Bien sûr, il y a déjà songé !

 » Ces derniers temps, je suis souvent en contact avec Marc Wilmots. J’entraîne les Diablotins de Nieuwerkerken. Mon fils et celui de Marc sont dans l’équipe. Ils ont tous deux sept ans. Le mien est un pur gaucher, celui de Marc un droitier. Marc aime à rappeler que nous étions ainsi, nous-mêmes. Nous nous sommes déjà promis de suivre ensemble les cours d’entraîneurs et éventuellement la Pro Licence afin de pouvoir entraîner à l’étranger aussi. Je pense que nous pourrions former un bon duo. Nous sommes originaires du même coin, nous avons joué ensemble en équipe fanion et nous sommes sur la même longueur d’ondes. Il pourrait être entraîneur principal et moi adjoint. Après tout, il a déjà entraîné Schalke 04. Pourquoi ne pourrions-nous pas entraîner St-Trond un jour ? »

 » Pourquoi Marc Wilmots et moi n’entraînerions-nous pas St. Trond, un jour ? »

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