TROP FORTS

Mousa Dembélé est beau, bon, délicieux, soyeux. Par son style en forme de prose poétique, il invite dans le football, l’expression :  » savoir lire entre les lignes « . C’est ce qu’il fait. Il lit à haute envolée. Il lie, balle au pied, le talent que Tottenham possède dans toutes ses lignes. Il permet aux autres d’exalter leur imaginaire, de rendre leur monde meilleur. Comme nous le faisons en rêvant entre les lignes des plus grands auteurs. Dembélé, c’est l’histoire d’un surdoué qu’on a vu souvent se blesser, plafonner et même se perdre quand il vient faire le Diable.

Mousa est le joueur le plus stylé du monde. Une sorte de prototype venu d’un autre monde. Le Mr. Fantastique des  » 4 fantastiques « . Souple comme un élastique. Dès qu’un adversaire approche, on a l’impression qu’il mesure 3 mètres. Qu’il dresse un mur. On dirait qu’il est fait en graphène, le matériau le plus léger et résistant du monde. Grâce et force.

Si le foot se jugeait par des notes artistiques, il recevrait 9 à chaque fois. Sauf que les chiffres en foot, ce sont ceux du marquoir et des stats. Et là, il y a comme une incohérence qui ne traduit pas la performance. C’est le néant. Depuis le début de la saison dernière, c’est-à-dire 56 matchs, son bilan est de 1 but et 1 assist. Et alors ? Son but à lui est d’assister les autres. Pour leur permettre de gonfler leurs stats à eux. Et donc, les résultats de son équipe. Dembélé est décisif… à sa façon. Il est indispensable pour les yeux des amateurs du beau et pour ses pros de coéquipiers.

Continuons avec des bienfaiteurs de l’humanité footballistique. Et restons dans le belge.

Notre Kevin national, lui, ne transpose pas une expression dans le monde footballistique. Il la redéfinit :  » Trouver un angle de passe « . De Bruyne n’a pas besoin d’angle. Il réinvente les trajectoires. Il a créé sa propre géométrie. Lui aussi rend les autres meilleurs. Car sa théorie du  » tout est possible et imaginable  » exalte l’imaginaire et l’audace de ses coéquipiers.

Même résultat que Mousa mais Kevin, lui, est de toutes les stats. Il a un don. Celui de voir en 17 dimensions…au moins. Lui aussi se perd parfois quand il se fait Diable. Il faudrait que l’angle de ses zygomatiques s’étire vers le haut. Qu’il se dise que toucher plus de 100 ballons par match, comme il le fait à Manchester City, ce ne sera pas possible. Que les centaines d’heures d’entraînement qui créent les automatismes en club, ça n’existe pas en sélection. Mousa et Kevin doivent emmener leur bonheur quotidien jusqu’en Russie. On aura bien besoin qu’en juin, dans un autre contexte, l’un et l’autre retrouvent leur chemin. Celui qui mène à l’absolu, à l’apogée du destin.

Du bonheur parlons-en. Collectif celui-là. Même s’il dépend beaucoup d’un seul homme. Liverpool fait du bien partout où il passe. Parfois en se faisant mal mais nous on a bon. Tout le temps. Là aussi, il est question d’expression :  » Les voyages forment la jeunesse « . Avec JürgenKlopp et sa bande, ils forment la genèse. La genèse est une manière dont une chose se forme, se développe. Ici on va parler d’un football dont on voudrait qu’il soit universel. Bercé par la franchise du plaisir.

Cette saison, en Premier League, les matchs en déplacement des Reds ont généré une moyenne de 4 buts. Vous êtes fans de foot, vous allez voir votre équipe quand elle reçoit Liverpool. Bonheur garanti car la défaites des vôtres n’est pas garantie. Les Reds ont le sens du partage. Trop pour espérer inquiéter Man City.

Klopp le sait mais il assume sa quête. Il est prêt à payer le prix de ses convictions. Les stats, il les laisse à ses joueurs qui, même en Ligue des Champions, jouent l’oeuvre à la perfection. Et à Porto, s’il vous plaît. Ce maître anesthésiste du beau jeu n’a rien pu faire. C’est sûr qu’avec Klopp, les Mousa, Kevin et autres nous offriraient tout le génie qui est en eux. Mais bon, là, je commence à lire entre mes lignes…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire