» Trop facile avant « 

Ce coureur prometteur, qui doit apprendre à s’épargner, entamera samedi sa deuxième Vuelta.

Lors des championnats de Belgique à Vilvorde, en juin, de nombreux observateurs estimèrent que Jurgen Van Goolen (22 ans) avait été le meilleur du peloton. Mais le maillot tricolore lui échappa et revint à Gert Omloop. Van Goolen termina deuxième. Il réédita cette deuxième place lors du récent Tour du Danemark. Celui qui remporta de nombreuses courses chez les jeunes, et non des moindres, est sans aucun doute l’un de nos grands espoirs. Il a décroché cette saison de nombreuses places d’honneur, mais tout comme lors de sa première saison chez les professionnels, il n’a pas encore goûté à la victoire.

L’an dernier, lors de la Vuelta, vous vous êtes fait remarquer, via une longue échappée. Choisirez-vous d’attaquer cette fois aussi ?

Jurgen Van Goolen : Non, je ne vais pas me brûler les premiers jours. Aussi longtemps que je peux viser un classement honorable, je garderai cet objectif. Je n’y donne toutefois pas la priorité parce que je suis conscient des difficultés de la course. En premier lieu, je tenterai de remporter une étape. Dans la montagne, je ne pourrai sans doute pas suivre les meilleurs, mais cela devrait être possible dans les étapes dites de transition.

Vous êtes en forme : 4 kilos de moins qu’en début de saison…

Oui, peut-être même cinq (il grimace). Au Critérium International, en mars, j’ai dû lâcher prise durant le dernier kilomètre de l’ascension finale. Cela ne se produirait plus aujourd’hui. Au Tour de la Région wallonne, j’ai constaté que je grimpais plus facilement. Je pouvais la plupart du temps rester aux côtés de Dave Bruylandts, cela ne m’aurait pas réussi l’an dernier. D’un autre côté, ces kilos perdus me donnent moins de puissance sur le plat, comme en atteste ma 6e place lors des championnats de Belgique contre-la-montre. Mais cette petite déception est vite passée, parce que la direction de l’équipe trouvait que ce n’était pas si mal que cela. Et puis le parcours n’était pas assez sélectif pour moi..

Un problème que vous avez aussi rencontré lors de l’épreuve sur route…

Oui, parce que la course était très fermée. Les trois échappés ont été rattrapés à 60 km de l’arrivée et l’épreuve n’a démarré qu’à ce moment précis. Sans fausse modestie, je pense pouvoir affirmer que j’ai fait une grande partie de la course. C’est dommage de perdre une course de cette manière, car je me sentais le plus fort.

Le plus costaud, mais pas le plus malin ?

Je ne sais pas. Si je n’avais pas attaqué, je n’aurais sans doute pas terminé deuxième. Nous étions deux de l’équipe dans le groupe de tête. Sven Vantourenhout comptait sur sa pointe de vitesse, moi je devais m’échapper. Je l’ai fait mais un coureur est resté dans ma roue, marquez pas de chance. Je ne vois pas pourquoi j’ai couru bêtement. Je suis parti à 50 km de l’arrivée parce que je pensais que d’autres allaient suivre. J’étais parmi les favoris, tout le monde m’avait à l’£il.

Pas assez explosif

Plusieurs fois, vous avez lancé des attaques. Ne valait-il pas mieux réserver ses forces pour un démarrage laissant les autres coureurs sur place ?

Pour cela, le parcours aurait dû être plus sélectif. Je manque d’ailleurs encore d’explosivité. J’ai tenté d’user les autres par plusieurs contres, sans succès. Tout le monde savait que j’allais tenter quelque chose lors de la dernière montée, j’aurais pu spéculer si un autre favori avait été devant, mais ce n’était pas le cas. Cette deuxième place est difficile à avaler, surtout juste après la course.

Vous ne préférez pas un maillot arc-en-ciel ? On peut lire sur votre site internet (www.jurgenvangoolen.be) à la rubrique  » Course favorite  » : le championnat du monde.

Comment cette info est arrivée là, je l’ignore. Ce site est tenu à jour par mes supporters. Mais c’est vrai que j’aimerais participer à l’épreuve. Au service de Bruylandts ou peut-être dans un rôle plus libre. J’entends et je lis partout que le parcours est éprouvant. Des coureurs comme moi pourraient en tirer profit.

L’an dernier, vous avez participé à 90 courses de janvier à octobre. N’est-ce pas trop pour un néo-professionnel ?

Peut-être avez-vous raison. Nous avions beaucoup de malades et de blessés en début de saison, raison pour laquelle j’ai dû souvent jouer les intérims. Honnêtement, je ne pense pas que j’étais prêt à ce moment. Mais je ne veux rien reprocher à la direction, j’ai simplement forcé la dose. Chez les pros, c’est un nouveau monde qui s’ouvre et je ne savais pas comment l’appréhender. Je devais trouver mon chemin, car dans ma famille personne ne connaît le milieu cycliste. Ajoutez à cela de piètres prestations, surtout dans les courses printanières, et vous comprendrez que j’ai vécu des difficultés d’adaptation pendant trois à quatre mois.

Pour quelqu’un qui n’avait connu aucune concurrence ou presque chez les jeunes, c’était dur ?

Oui, au début on se demande si on est vraiment fait pour une carrière professionnelle. Mais la direction de l’équipe m’a rassuré. Au même moment, il y a tout de même eu les prestations remarquables d’un autre jeune de ma génération, Tom Boonen. En atteignant une troisième place à Paris-Roubaix, il méritait l’attention des médias, mais c’est vrai qu’à ce moment-là je me disais : pourquoi pas moi ? La réussite de Boonen est stimulante. Si l’on fait le bilan de l’évolution de Tom et de moi-même, on constate que nous sommes deux cyclistes différents. Les courses d’un jour lui conviennent mieux alors que moi je privilégie les courses à étapes. Je pense avoir quasi comblé mon retard sur lui depuis la saison dernière. La différence de niveau ne se voit plus trop. Tom s’est sans doute adapté plus rapidement grâce à sa famille qui est issue du milieu du vélo.

Adaptations professionnelles

Quelle a été la plus grande adaptation en passant chez les pros ?

L’entraînement, l’alimentation, le mental. Tout, en fait ! Mes débuts furent difficiles, j’ai traversé une période de doutes mais lorsque les résultats ont commencé à s’améliorer û la période de la Route du Sud, du championnat de Belgique û j’ai repris confiance en moi. C’est évidemment encore mieux cette année. Il ne manque plus que les victoires à présent. En deux ans, aucun succès alors que des coureurs moins doués ont déjà vécu ce bonheur. Mais lorsque l’on roule comme moi dans des courses d’importance, c’est un peu moins facile.

Et votre manière de rouler ? Patrick Lefevere déclarait que votre point faible était justement votre manque de vision tactique.

Je dois apprendre à m’épargner. Au sein de l’équipe, j’ai aussi reçu la remarque que je devais mieux détecter les opportunités et ainsi obtenir un meilleur classement. Depuis le Tour de la Région wallonne, j’ai appris à anticiper, à attendre et tout doucement cela porte ses fruits. Tout le contraire du Tour de Suisse, où j’ai attaqué dans la seule étape qui devait forcément se terminer par un sprint massif.

Chez les Espoirs, vous aviez déclaré préférer rouler beaucoup de courses et détester les entraînements…

Avant, je devais disputer de nombreuses courses pour atteindre ma meilleure forme, à présent je peaufine ma condition normalement. Le cyclisme est devenu mon métier, mon rythme d’entraînement a par conséquent augmenté. Mais en tant que jeune coureur, il ne faut pas exagérer, je pense. Là aussi, j’ai encore de la marge de progression. J’essaie de me motiver grâce aux compliments de José De Cauwer par exemple qui a déclaré qu’il me verrait bien dans le top 10 du Tour de France dans quelques années. Cela doit être possible si je persiste à m’améliorer, je ne suis pas très vite satisfait, donc…

 » Je manque encore d’explosivité « 

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