TROP DE MATCHES POUR DU BEURRE

1. Tous les clubs n’ont pas dû sprinter jusqu’au bout

Il y a eu l’une ou l’autre qualification sur le fil, comme ce fut le cas pour le Werder Brême ou Benfica, mais la plupart des autres matches de cette fin de première phase de la Ligue des Champions ont finalement compté pour du beurre. C’est évidemment dû au système des poules qui a été mis en place. Ainsi, entre autres, le rendez-vous entre le Betis Séville et Anderlecht ne pouvait pas avoir de saveur vraiment particulière. Les Espagnols espéraient tout au plus retrouver un sourire figé pour le moment en raison de leurs très gros problèmes en Liga. Anderlecht s’était promis de rajeunir ses cadres lors de ce voyage en Andalousie. Mais ces ambitions n’ont rien de commun avec la véritable dimension de la Ligue des Champions. La messe était dite avec la qualification de Liverpool et de Chelsea, le passage de Séville en Coupe de l’UEFA et l’élimination d’Anderlecht. Autrement dit, dans une optique européenne, cette rencontre ne servait à rien, était dépourvue du moindre enjeu, donc inintéressante.

J’ai également constaté que Schalke 04 a récolté 8 points dans le groupe E mais doit se contenter d’un modeste lot de consolation, une présence en Coupe de l’UEFA, alors que des équipes d’autres groupes (exemple : Brême 7 points, deuxième de la poule C) continueront leur chemin sur les terrains de la Ligue des Champions. Avec ses 6 unités, Manchester United se retrouve les mains vides alors que le FC Thoune (4 points) s’est qualifié pour la Coupe de l’UEFA. Ce n’est pas du tout logique. Tout en préservant la formule des groupes, il faudrait composer un classement général par points gagnés par chacune des 32 équipes de la première phase. Le Top 16 serait qualifié pour les huitièmes de finale. Et puis, il n’y aurait pas de tirage au sort dirigé. Le premier de ce Top 16 rencontrerait le seizième, le deuxième en ferait autant avec le quinzième, le troisième avec le quatorzième, etc. Les huit clubs classés entre la dix-septième à la vingt-quatrième place seraient versés en Coupe de l’UEFA. Ce serait, je crois, plus sportif et cela empêcherait des injustices comme celle dont Manchester United a été victime.

2. Le FC Barcelone n’a pas renié son style et ses racines

Quelques équipes ont récolté 16 points dans leur groupe : Arsenal, Barcelone, Lyon. Le Barça a nettement laissé la meilleure impression jusqu’à présent en Ligue des Champions. En fait, les Catalans n’ont pas renié leur style et leurs racines footballistiques. Avec son effectif actuel, le club du Camp Nou a bel et bien retrouvé un ensemble digne du Dream Team de Johan Cruijff. Les individualités et les richesses offensives sont tout à fait comparables même si les époques ne le sont plus tout à fait. On se souviendra longtemps du potentiel de ces redoutables attaquants qu’étaient Romario, Brian Laudrup ou Hristo Stojkov. Actuellement, ce secteur est animé par SamuelEto’o, LionelMessi et, évidemment, le Ballon d’Or, Ronaldinho. Le petit prodige brésilien a gagné le titre en Espagne mais pas encore une belle récompense européenne avec son club. Quand ce sera fait, son talent sera encore plus éclatant.

Avec 16 buts à son actif, Barcelone possède la division offensive la plus prolifique de la Ligue des Champions. Cette équipe est donc bien inscrite dans les grandes traditions du Barça. Et ce n’est pas un hasard que le Dream Team était entraîné par un Néerlandais, Johan Cruijff, et l’équipe actuelle par un de ses compatriotes, Frank Rijkaard. Ces deux grands noms du football international sont séparés dans le temps mais prouvent que le Barça a de la suite dans les idées. Frank Rijkaard assure la succession à distance, s’inscrit dans la tradition que Johan Cruijff avait installée dans ce club. Ils ont les mêmes racines, les mêmes ambitions et cela colle avec ce que ce club et ses spectateurs veulent voir sur la pelouse.

Je note cependant une différence assez importante en faveur de Frank Rijkaard. Les équipes de Johan Cruijff et de ses successeurs vivaient parfois des passages à vide à la récupération du ballon. La défense raturait sa copie et le Barça prenait occasionnellement une dégelée de façon aussi surprenante qu’inattendue comme ce fut le cas en finale de la Coupe des Champions contre Milan (4-0 en 93-94). Le Barça a visiblement corrigé ce défaut. Sa défense actuelle est plus stable, plus concentrée, ne lâche rien. Elle ne s’est retournée qu’à deux reprises lors de ses matches du groupe C face au Werder Brême, l’Udinese et le Panathinaikos. Cette imperméabilité défensive sera assurément un atout pour la suite des événements en Ligue des Champions.

3. Les clubs belges doivent s’inspirer des 16 qualifiés de la Ligue des Champions

Tous les clubs qui sont parvenus à franchir la barre de la première phase sont unis par un dénominateur commun. Il concerne l’organisation du bastion défensif. Tous sans exception ont présenté une ligne arrière à quatre. C’est indiscutablement la formule gagnante. Par rapport à ce système à la page, Bruges et Anderlecht ont préféré varier leurs plans défensifs. Ces oscillations ont même été incessantes. Nos formations sont passées, en fonction du moment ou des adversaires, du 4-4-2 au 3-5-2, au 5-3-2, etc. Il y a aussi eu un gros brassage des hommes dans les différents concepts. Je ne dis pas que ce fut, ou non, un tort. Et cette incessante recherche défensive ne suffit pas à expliquer les problèmes et les échecs des clubs belges. Mais cela n’a en tout cas pas permis de masquer nos manquements à ce niveau.

Cette quête aurait été une réussite si Bruges ou Anderlecht avait survécu aux épreuves de la première phase. Ce n’est pas le cas et il faut, je crois, en tirer les conclusions et changer notre fusil d’épaule. Sur la scène européenne, on ne peut pas se présenter, me semble-t-il, avec des plans insuffisamment rodés. Les équipes qui donnent le ton en Ligue des Champions jouent de la même façon, que ce soit dans leur championnat respectif ou à l’occasion de leurs matches européens. Elles gardent le même concept et on n’utilise pas sans cesse une litanie de joueurs différents. La défense à quatre occupe le haut du pavé et c’est indiscutablement la formule gagnante. A mon avis, les clubs belges doivent s’inspirer de l’exemple des 16 qualifiés de la Ligue des Champions.

PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE BILIC

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