TROP COURT chez les grands

Bruno Govers

Le défenseur blessé des Mauves analyse les matches au sommet de son club.

Héros malheureux du Club Brugeois-Anderlecht de la saison dernière car exclu en cours de première mi-temps, Glen De Boeck n’aura pu savourer sa revanche sur le terrain, dimanche passé. En cause, sa récente opération aux ligaments croisés du genou (v. cadre), qui le contraint à une inactivité forcée jusqu’à la fin de la saison. La jambe complètement immobilisée, c’est chez lui, à Schelle, qu’il a suivi en compagnie de ses proches et de quelques connaissances le choc de la 25e journée du championnat.

 » Pour des raisons évidentes, ce haut fait de la saison n’avait pas la même importance qu’au cours des éditions précédentes, lorsqu’il influait réellement sur la course au titre « , dit-il.  » Cette fois, compte tenu de l’avance substantielle du Sporting au classement, il n’avait pas la même portée. Mais il n’en était pas, pour autant, ravalé à un simple rendez-vous du calendrier. Si Anderlecht avait connu quelques frayeurs, au cours des semaines antérieures, comme à Beveren ou contre Lokeren, par exemple, c’était dû, entre autres, à un petit relâchement coupable au niveau de la concentration dans le chef de plusieurs joueurs. Avec 16 points de plus que le deuxième classé, il n’y avait pas de quoi s’étonner vraiment en la matière. Un ressort s’était tout simplement détendu dans l’intervalle. Le match à Westerlo, de funeste mémoire pour moi car je m’y suis blessé en retombant, avait été une indication en ce sens. Ce soir-là, l’équité commande de dire que nous avions engrangé un point très heureux. La remise du match contre Heusden-Zolder, puis la perspective d’en découdre avec le Club sont sans doute tombés à point nommé pour que tout le monde reparte du bon pied… même si je n’y ai pas assisté !

Mais j’ai clairement perçu à travers les dires de tous ceux qui m’ont téléphoné ces derniers jours que la motivation était bel et bien revenue à l’entraînement. Ce n’est pas anormal car malgré l’écart séparant les deux formations, il y va toujours du prestige lors d’une partie entre les Flandriens et nous. Dans ces conditions, chacun est gonflé à bloc. D’autant plus qu’il y avait quand même, pour la plupart des Sportingmen, une revanche à prendre vis-à-vis d’un match qui avait signifié la fin de nos illusions il y a un an « .

Un but évitable

 » Toutes les bonnes résolutions perçues en semaine se sont bel et bien vérifiées dans ce match, où l’équipe anderlechtoise a indéniablement fait preuve de beaucoup plus de répondant, sur tous les plans, que durant les semaines précédentes « , poursuit Glen De Boeck.  » Il est simplement dommage qu’elles ont été stupidement gâchées par une entame de match calamiteuse, au cours de laquelle mes coéquipiers ont pris un but tout à fait évitable. Franchement, je ne m’explique pas bien ce laxisme dans le marquage : chacun sait pertinemment bien, chez nous, que le Club excelle dans le trafic aérien. Au même titre qu’ Andres Mendoza ou Gert Verheyen, Rune Lange et Philippe Clement l’ont démontré à suffisance par le passé. Et pas plus tard que mercredi dernier encore, à Debrecen, quand Phil a été à deux cheveux d’offrir la victoire aux siens sur un vigoureux coup de tête consécutif à un corner de Nastja Ceh. Malgré cet avertissement, les deux compères brugeois ont repassé le plus gentiment du monde le même plat contre nous. Il n’aurait toutefois pas porté à conséquence si l’attaquant norvégien avait fait l’objet d’une garde étroite sur le prolongement de cette phase. Mais il était étrangement seul au deuxième piquet, sur sa reprise. Ce moment d’égarement nous aura finalement coûté très cher puisqu’il scella, après trois minutes à peine, le sort de la partie. Hormis le penalty sifflé pour une faute d’ Olivier De- schacht sur Gert Verheyen et une reprise au-dessus du goal de Victor en deuxième période, il faut bien avouer que les occasions brugeoises furent rares sur l’ensemble de la partie. De notre côté, nous aurions sans doute pu prétendre à plus si les tentatives d’ Oleg Iachtchouk et de Nenad Jestrovic n’avaient pas échoué chaque fois d’un fifrelin après la pause. Si ces deux-là, qui reviennent de loin, avaient été au sommet de leurs possibilités, à l’instar d’ Aruna Dindane d’ailleurs, Anderlecht ne serait jamais revenu de Bruges les mains vides, c’est certain « .

Sur les rotules

 » Un nul vierge à Westerlo suivi d’une nouvelle rencontre sans la moindre réalisation au Club : c’est vrai que nous marquons un peu le pas, actuellement, dans le domaine offensif « , renchérit Glen De Boeck.  » Contre des sans-grade, cet effacement ne porte pas à conséquence mais il en va bien sûr tout autrement face à des équipes du dessus du tableau, comme ces deux-là. Avant la trêve, notre Ivoirien faisait la différence avec la complicité d’ Ivica Mornar. Vu les blessures qui ont décimé l’effectif entre-temps et le besoin de souffler, légitime, du Soulier d’Or, qui est vraiment sur les rotules, je ne suis pas surpris par notre moindre passe depuis deux semaines. Mais elle ne doit pas non plus nous inquiéter. Au vu de ce que l’équipe a montré à Bruges, elle devrait pouvoir repartir du bon pied dès le week-end prochain, face aux Zèbres. Compte tenu de notre avance, il n’est pas interdit de penser que le RSCA fêtera son 27e titre lors de son déplacement au Standard dans la deuxième semaine d’avril. Ce match-là doit de toute façon nous interpeller pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il s’agira de lever l’affront subi au match aller, quand les Rouches nous avaient battus 1-4. Ensuite, il est temps, aussi, de réaliser une performance de choix en dehors de nos terres. Du moins chez un ténor. Car si nous avons réalisé une série impressionnante de 11 succès away, il nous manque toujours un résultat probant chez un adversaire de valeur. En Ligue des Champions, nous ne sommes pas parvenus à prendre la moindre unité lors de nos déplacements à Lyon, au Celtic Glasgow et au Bayern Munich. En compétition, la seule victoire vraiment marquante à l’extérieur, contre un adversaire de renom, nous l’avons obtenue à Genk. Mais c’était limite : 0-1. Malgré une saison euphorique, j’estime qu’il y a toujours une lacune à laquelle il nous faut remédier : nous n’engrangeons tout simplement pas assez de points chez les grands. Nous pouvons déjà nous y atteler cette saison, à Sclessin, qui est notre dernier rendez-vous majeur en déplacement. A nous de ne pas le louper et d’y jeter les bases d’une récolte plus fructueuse pour l’avenir « .

Bruges deuxième

 » Le titre ne peut pas nous échapper « , conclut Glen De Boeck.  » Vu l’écart qui nous sépare du Club, il faudrait un cataclysme pour que nous soyons encore coiffés sur le poteau. Pour la deuxième place, je ne crois pas qu’il y aura photo non plus : Bruges fera la différence par rapport au petit peloton constitué du Standard, Mouscron, Westerlo et Genk. Le parcours du Club me fait songer au nôtre la saison passée. Timmy Simons et les siens en sont à sept victoires d’affilée actuellement. Nous-mêmes avions réalisé une série de dix succès consécutifs, en 2002-03, avant d’être stoppés par Beveren, lors de la dernière journée, au moment où notre qualification pour la Ligue des Champions était acquise. Les Bleu et Noir ne devront pas attendre si longtemps : ils seront assurés de ce viatique dès avant cette date. Par rapport au Standard, ils sont beaucoup plus constants. Cette régularité, qu’ils affichent depuis le tout début du deuxième tour, les récompensera dans la quête pour la deuxième place. Tout comme elle nous primera d’ailleurs pour l’ensemble de notre £uvre cette saison « .

Bruno Govers

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