Tromsö, pôle d’attraction

Si Tromsö (69° de latitude nord) n’est devancée que par la seule Hammerfest en tant que ville la plus septentrionale d’Europe, elle abrite le club de football situé géographiquement le plus haut sur un planisphère. Et, ce qui ne gâte rien, l’un des plus performants aussi. Vainqueur de la coupe de Norvège en 1986 et 1996, l’ Idrettslag (IL) local présente aussi la particularité d’avoir formé bon nombre de joueurs de renom, le plus souvent des attaquants de surcroît. A cet égard, Ole-Martin Aarst n’a fait que perpétuer, en 1997, une tradition entamée par Sigurd Rushfeldt en 1992 (passé successivement à Rosenborg, puis au Racing Santander et actif à l’Austria Vienne aujourd’hui), puis poursuivie par Tore-Andre Flo en 1994 (Brann Bergen, Chelsea, Rangers et Sienne) et, plus tard (1998), par Rune Lange (Trabzonspor d’abord et, à présent, le Club Brugeois). En attendant, sans doute, le départ d’une autre fine lame, Peter Kovacs, qui s’est, lui, pleinement affirmé cette saison.

 » Je ne sais trop à quoi il faut attribuer ce phénomène « , observe Tore Rismo, ancien joueur du club devenu manager sportif aujourd’hui.  » Peut-être le fait d’évoluer en salle en raison des conditions climatiques extrêmes durant l’hiver, permet-il à nos attaquants d’affiner davantage leur technique qu’en d’autres endroits, où l’on n’est pas habitué à jouer sur un billard. Tous ceux qui se sont épanouis chez nous ont, en tout cas, longuement tapé la balle dans le Vaalhallen d’abord, puis dans la Tromsöhallen qui lui a succédé. Sans oublier que tout ce beau monde a eu droit à un formateur de choix en la personne d’ Harald Aabreck, un ancien attaquant de haut niveau lui aussi qui se plaît, depuis des années, à transmettre aux joueurs offensifs toutes les ficelles du métier. Il n’est d’ailleurs pas le seul guide hors pair que nous possédons, car nos entraîneurs de jeunes ont la cote dans le pays. Grâce à eux, nos meilleures promesses se retrouvent le plus souvent en Première avant de focaliser l’attention sur eux, en Norvège ou ailleurs. Cette année, c’était notamment le cas d’ Espen Minde, qui est allé effectuer un essai à Gand, et de Lars Iver Strand, testé naguère au Standard « .

Ces dernières années, les Ours polaires (surnom de Tromsö Il) ont invariablement dû vendre l’un ou l’autre joueur, à intervalles réguliers, afin de nouer les deux bouts. Car contrairement aux clubs de pointe, comme Rosenborg et Brann Bergen, qui jouent l’Europe chaque année et tablent sur une moyenne de 15.000 personnes, les Rouge et Blanc du grand Nord norvégien doivent se contenter d’une assistance quatre fois moindre. De même, les sponsors ne représentent que le tiers de leur budget de 30 millions de couronnes (à peu près 4 millions d’euros) alors que pour les monstres sacrés précités, leur intervention se monte à plus de 50 % du total. Ces deux dernières années, Tromsö, qui doit effectuer tous ses déplacements en avion puisque son adversaire le plus proche, Bodö Glimt, est distant de 400 kilomètres, a accusé un déficit d’un million d’euros, grosso modo. Pour nouer les deux bouts, la direction a obtenu de ses joueurs une diminution salariale de l’ordre de 10 %. La semaine passée, au moment de notre séjour sur place, des tractations étaient en cours pour une nouvelle baisse du même ordre.

 » Si le marché ne s’était pas écroulé, nous n’en serions jamais arrivés là « , dit Tore Rismo.  » Mais c’est une réalité avec laquelle nous devons malheureusement composer. Nous vivons une situation difficile actuellement. Mais j’ai bon espoir que certains de nos joueurs trouveront leur bonheur ailleurs en même temps qu’ils soulageront nos finances. Peter Kovacs est déjà dans le collimateur de quelques clubs et il en va de même pour notre latéral gauche, Morten Gamst. Je mets ma main au feu que ceux-là marcheront tôt ou tard sur les traces de leurs brillants aînés « .

Bruno Govers

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