Troisième HOMME

La colonie belge de l’Ajax Amsterdam était déjà bien peuplée. Pourtant, l’année passée, un jeune joueur a montré le bout du nez au point de jouer une bonne partie des matches de préparation cette année et de s’inscrire comme un des grands talents belges en devenir. Son nom : Tom De Mul.

Quel souvenir as-tu de tes premiers contacts avec l’Ajax ?

Tom De Mul :J’ai joué un an avec la catégorie d’âge supérieure à la mienne au GBA, une équipe très forte de laquelle plusieurs joueurs sont déjà partis vers les Pays-Bas. J’ai reçu un coup de téléphone et un fax, et par la suite, deux hommes de l’Ajax, le coordinateur des jeunes et le maître d’études, sont venus m’expliquer comment cela fonctionnait chez eux. J’ai hésité : je n’avais que 16 ans, je devais quitter la maison sans savoir ce que l’avenir me réservait. Aller à l’Ajax semblait très beau mais la chance de faire partie de l’équipe Première était très mince. Cependant, cela m’a semblé un bon pas à franchir. A certains moments, tu commences à te dire qu’il faut viser plus haut. L’Ajax est un bon club pour moi car je jouais déjà sur le flanc droit et le club aime jouer avec des joueurs étrangers.

As-tu as reçu des propositions d’autres clubs ?

Je pouvais aussi aller au PSV, à Feyenoord et dans d’autres clubs en France et en Angleterre. A Anderlecht aussi. Mais j’ai choisi l’Ajax car ils jouent de manière offensive, parce qu’ils donnent la chance aux jeunes et parce que les Pays-Bas se situent juste à côte de la Belgique.

Quelle est d’après toi la valeur de la formation des jeunes à l’Ajax ?

On doit jouer très vite, la réception de balle doit être parfaite et ils s’occupent beaucoup de gommer les points faibles des joueurs. D’autres entraîneurs se chargent également de toi individuellement. Ils jouent toujours selon le même système et donnent souvent la chance aux jeunes en équipe Première. C’est bien de savoir que tu peux recevoir ta chance. Si tu joues avec les meilleurs joueurs autour de toi, tu deviens également meilleur.

Pas un Anversois typique

Le 20 mai 2003, quand tu as signé un contrat professionnel de trois ans, le directeur technique de l’époque, Leo Beenhakker, a expliqué que ton développement se déroulerait plus vite que d’usage. Que voulait-il dire ?

C’est simple. Je ne jouais seulement que depuis un an et demi à l’Ajax que j’étais versé déjà en équipe Première. La première année, je me trouvais dans l’équipe B1, mais je ne suis resté là que six mois car j’ai été promu en A1 d’où je suis parti à la moitié de l’année pour l’équipe Première. Une fois sur cinq, je vais jouer avec Jong Ajax, la deuxième équipe. La plupart des joueurs le disent toujours : on a besoin d’une année pour s’adapter à l’Ajax. Cela a donc été très vite avec moi.

Qu’as-tu appris par exemple de Van Basten et Van ‘t Schip, les deux entraîneurs qui s’occupaient de Jong Ajax et qui prennent maintenant en charge la sélection néerlandaise ?

Que je devais jouer en profondeur car j’étais rapide. Quand je reçois le ballon, je dois aller plus vite au but. Quelle est la meilleure façon de recevoir une balle, quel est le meilleur moment pour initier une action ? Comment trouver la juste mesure entre la profondeur et la circulation de balle, etc.

Quel est le souvenir de tes débuts, le 25 janvier contre le NEC ?

Ce fut fantastique d’effectuer ses débuts à 17 ans. Je n’avais pas de stress car je suis raisonnablement tendu. J’essaye simplement de faire de mon mieux et je n’aime pas me mettre trop de pression, ce n’est pas bon.

Tu es anversois avant tout, naturellement.

(Il rit). Mais je ne suis pas l’Anversois typique qui pense qu’il peut tout faire. Je suis né à Wilrijk et j’habite à Capellen.

Comment as-tu été reçu par les autres Belges du noyau ?

J’ai été très bien accueilli par eux. C’est quand même plus plaisant quand tu peux compter sur des compatriotes.

Qu’apprend-on dans la vie d’un grand club ?

Que je dois simplement jouer mon jeu et ne pas me laisser distraire par ce que les autres disent.

Comment prends-tu la critique ?

Autrefois, j’avais des difficultés, mais maintenant je la supporte mieux. A l’entraînement, les jeunes joueurs sont particulièrement attaqués et cela peut parfois être difficile à vivre même si les jeunes sont avant tout là pour apprendre beaucoup. Quand tu as bien joué, tu dois recevoir un compliment, et quand tu sors d’un mauvais match, être critiqué. Tu dois simplement savoir manier les deux paramètres.

L’Ajax compte six à sept milieux de terrain. La bataille pour une place va donc être furieuse. Ronald Koeman a déjà annoncé qu’il s’orientait vers trois médians avec deux milieux défensifs et un offensif. Dans quel système évolues-tu le mieux ?

Je n’ai pas grand-chose à dire mais je préfère jouer avec deux médians récupérateurs et un numéro 10. Comme flanc droit, c’est dans ce système que tu reçois le plus de ballons.

Comment juges-tu l’apport de Wesley Sonck dans cette équipe ?

Je ne vais pas le juger mais il a certainement des qualités. Nous nous trouvons facilement. Je pense qu’il aime bien son nouveau positionnement sur le terrain, derrière les deux attaquants. Moi-même, j’ai presque tout joué lors de la préparation et, à deux, on a marqué pas mal, ce qui est bon pour la confiance.

Quelle est la chance d’avoir une ligne avant 100 % belge avec De Mul-Sonck-Soetaers ?

Si on peut la voir en action quelques fois cette année, ce sera déjà beau (il rit). Mais il faudra compter avec d’autres attaquants comme Zlatan Ibrahimovic et Nicolae Mitea à gauche.

Des ressemblances avec Bergkamp

Comment vois-tu la concurrence à ton poste avec Daniël De Ridder et Steven Pienaar ?

La concurrence à l’Ajax est naturelle. Mais je ne regarde pas les autres joueurs. Je me concentre sur mon jeu et je vois après si je peux jouer ou pas. Koeman voit plus De Ridder et Pienaar comme des médians bien qu’ils peuvent jouer aussi sur le flanc droit. De Ridder peut également évoluer en numéro 10. Quand ces deux joueurs sont utilisés sur le flanc, ils ont tendance à repiquer souvent vers le centre. Moi, je suis un vrai ailier.

Ceux qui te connaissent bien voient en toi un vrai numéro 7 : vitesse, profondeur, facilité à rentrer dans le jeu et à marquer, bons centres.

C’est vrai que j’ai beaucoup appris. Je suis devenu un vrai joueur de l’Ajax : j’aime faire de belles actions, des ciseaux etc. C’est ainsi que je conçois le jeu. Un petit pont est la plus belle action qui puisse être entreprise. J’ai énormément joué dans la rue où tu apprends les gestes techniques. Je peux par exemple beaucoup mieux jouer avec mon pied gauche car c’est quand même important à mon poste. Cela te rend moins prévisible. De plus, depuis que je suis gamin, je cours très vite. Ma mère pensait même que j’allais me diriger vers l’athlétisme mais j’ai toujours voulu jouer au football.

Est ce que cela a toujours été ton rêve de jouer à cette position ?

A Capellen, nous jouions déjà en 4-3-3 et j’occupais déjà le flanc droit. Au GBA, nous utilisions le système de l’Ajax, donc il y avait toujours de la place pour un ailier. J’ai cependant évolué une certaine période au poste de numéro 10.

Nous avons lu récemment dans le NRC Handelsblad une déclaration de Koeman qui disait : -Nous savons que De Mul n’est pas encore arrivé mais on lui laisse la chance de se développer pas à pas. Peut-être attendons-nous déjà trop de lui. Est-ce que le pas vers une place dans le 11 de base est encore grand à faire ?

Engranger par-ci, par-là quelques minutes de jeu est bon pour moi. La composition d’équipe évolue assez souvent et lorsque tu joues bien, tu peux rester dans l’équipe, et si tu joues moins bien, tu es vite en dehors. Il y a ici assez de bons footballeurs mais j’espère quand même débuter de temps à autre dans le 11 de base.

On pense beaucoup à Dennis Bergkamp quand on te voit : talentueux mais un peu silencieux. T’y retrouves-tu ?

En dehors du terrain, je suis simplement calme, mais sur la pelouse, je deviens quelqu’un d’autre.

Comment s’est déroulée ton intégration ?

La différence entre les deux pays était au début très grande. A l’école, par exemple, en Belgique, tout est expliqué et tu dois écouter alors qu’ici, tu dois prendre l’initiative et réagir directement. Mais je m’y fais de mieux en mieux.

Ton caractère a-t-il changé depuis que tu vis ici ?

Oui, quand même. Mais positivement. Je trouve que je suis devenu plus ouvert et indépendant. J’exprime plus facilement ce que je ressens. Autrefois, j’étais plus renfermé. A l’entraînement, j’ose donner mon avis de temps en temps.

Qu’attends-tu de cette saison ?

J’espère disputer le plus de minutes de matches. Je compte grandir et essayer de devenir un joueur de base dès la saison prochaine. Mais tu vises toujours plus haut au fil de ta carrière.

Il n’y a pas eu, durant cet été, de transferts ronflants à l’Ajax, mais vous avez gagné le tournoi d’Amsterdam en proposant du bon football. De quoi l’Ajax est-il capable cette saison ?

On veut devenir champions comme la saison passée car on dispose de plus de talents que tous les autres clubs du pays. Normalement, on devrait y parvenir. La Coupe est également toujours un objectif. On veut aussi aller le plus loin possible en Ligue des Champions. Il y aura peut-être une surprise dans la compétition mais on s’oriente vers une lutte à trois avec l’Ajax, Feyenoord et le PSV. Nous avons effectué une bonne préparation et nous sommes donc prêts.

Raoul De Groote

 » Ma mère pensait que j’allais me diriger VERS L’ATHLÉTISME « 

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