Triumvirat

Le nouveau patron des Belgian Lions veut introduire une nouvelle structure.

Tony Van den Bosch coachera-t-il, le 23 contre l’Espagne et le 26 au Danemark, ses deux derniers matches à la tête de l’équipe nationale? Oui, si la nouvelle structure imaginée par Yvan Slangen se met en place pour la saison prochaine. Mais tout n’est pas aussi simple. Le nouveau patron des Belgian Lions rêve d’un triumvirat composé de Lucien Van Kersschaever, qui serait nommé manager général et serait responsable de toute l’organisation sur le plan sportif, et de deux coaches: Giovanni Bozzi et Eddy Casteels. Si la fonction paraît taillée sur mesure pour Van Kers, Bozzi et Casteels ont des obligations vis-à-vis de Charleroi et d’Ostende. Yves Defraigne et Jurgen Van Meerbeeck avaient également été pressentis, mais avant même qu’un contact ait pu être établi avec les intéressés, Yvan Slangen s’était heurté à une fin de non-recevoir de la part de Guy Lheureux, le président de Mons-Hainaut.

En outre, Tony Van den Bosch -qui prend son rôle de coach national très à coeur- s’accroche à son contrat qui court jusqu’en 2003 et la fédération ne serait pas très encline à payer l’indemnité de licenciement. « La presse a cité une somme de 13.000 euros », précise Yvan Slangen. « Je n’ai pas fait le calcul. Cela peut être moins… ou plus. Pour ma part, j’ai demandé à Tony Van den Bosch d’effectuer un pas en arrière. Pour diverses raisons, les personnes que j’ai consultées préféreraient qu’il ne soit plus le coach. Il l’a compris. Nous ne sommes pas en froid, il me téléphone encore régulièrement. Evidemment, il est déçu. Il constate qu’une structure est en train de se mettre en place autour de l’équipe nationale et qu’il n’en bénéficiera pas ».

Voilà en tout cas une drôle de situation, avec un coach national qui continuera à officier alors qu’il sait que son patron veut se débarrasser de lui, et des joueurs qui joueront sous la direction d’un coach en sursis.

Des subsides pour les francophones

Yvan Slangen fut arbitre de D1 jusqu’en 1999. Actuellement employé dans une compagnie d’assurance à Liège, il quittera son emploi en mars prochain pour devenir appointé à la fédération en tant que secrétaire-général de l’Association Wallonie-Bruxelles de Basket, la toute nouvelle aile francophone. Il est devenu le patron de l’équipe nationale en juillet 2001 au titre de président du département BNT (Belgian National Team).

« Au départ, j’ai été un peu poussé vers ce poste », confie-t-il. « Mon prédécesseur Christian Leloup ayant arrêté toutes ses activités au sein du Conseil d’Administration, quelqu’un devait reprendre le rôle. Sur l’insistance de plusieurs personnes, j’ai accepté de relever le défi ».

Son premier travail fut de trouver le lieu le plus approprié pour accueillir les matches à domicile de l’équipe nationale. « Roulers, où les Belgian Lions s’étaient produits lors de la campagne précédente, offrait l’avantage d’un package clef-sur-porte. La ville avait déjà l’expérience d’une telle organisation et peu de griefs pouvaient être formulés. Une alternance entre les deux communautés linguistiques était cependant souhaitée. Au Sart-Tilman, nous disposons d’un bel outil géré par l’Adeps. Je n’ai pas discuté avec beaucoup d’autres partenaires. Le 17 août, j’ai présenté l’estimation du coût de la campagne au bourgmestre de Liège, Willy Demeyer. Il a marché ».

Paradoxalement, l’organisation des matches de l’équipe nationale est plus facile à gérer sur le plan financier depuis la scission de la fédération en deux ailes linguistiques.

« Effectivement. Le fait d’avoir confié l’organisation à l’AWBB permet d’obtenir des subsides dont nous ne bénéficiions pas avant. Par exemple, l’hébergement des équipes adverses est pris en charge par la Communauté Française et nous disposons des infrastructures à moindre coût. En outre, tout joueur francophone qui fait partie d’une sélection nationale a droit à une intervention pour les déplacements à l’étranger. Dans la pré-sélection des 14 joueurs, il y avait huit francophones… ou assimilés, comme Herbert Baert qui joue à Liège ou Jim Potter qui joue à Charleroi ».

Une intervention dont -particularité de notre pays- les six joueurs flamands ne bénéficient donc pas! « Cela vaut aussi pour l’encadrement. J’ai d’ailleurs dit à Tony Van den Bosch, sous forme de boutade: -Empresse-toi de t’affilier à Liège! »

Après avoir solutionné le problème du lieu, il restait trois mois à Yvan Slangen pour régler les détails pratiques avant le premier match. « Pour l’encadrement de l’équipe et l’organisation, je me suis basé sur la routine de Claude Dujardin et de Hugo Daemen. Je n’ai décelé aucun problème latent, si ce n’est le fait que Tony Van den Bosch a voulu changer d’assistant-coach: il ne désirait plus travailler avec Walter Van Mieghem et Luc Boon, ses adjoints précédents. C’est son droit et j’ai tenté de me plier à sa volonté. J’ai rencontré Lucien Van Kersschaever à la Coupe du Roi et il a accepté de s’occuper du scouting. Eddy Casteels était pressenti comme assistant-coach. Je l’ai rencontré à Charleroi en compagnie de Van Kers. Il avait manifesté beaucoup d’intérêt pour un travail avec les Aspirants: des joueurs de 20 ou 21 ans qui frappent à la porte de l’équipe nationale. Malheureusement, la nuit-même, en rentrant, il a eu un appel d’Ostende pour succéder à Aaron McCarthy« .

Un pot commun pour toutes les sélections

La suite, on la connaît: Tony Van den Bosch dut travailler sans assistant-coach en novembre, les joueurs se plaignirent de divers manquements au niveau de l’organisation et la Belgique subit trois défaites en autant de rencontres.

« Ces résultats négatifs ont un peu accéléré les tractations pour mettre en place la nouvelle structure », poursuit Yvan Slangen. « L’idée était de former un groupe de coaches interactifs, avec Bozzi et Casteels, mais éventuellement aussi avec Tony Souveryns et même avec Tony Van den Bosch. J’aimerais aussi intégrer d’anciens joueurs, comme Rik Samaey ou Marc Deheneffe« .

L’un des grands problèmes de l’équipe nationale est son manque de moyens financiers. L’idée d’Yvan Slangen est de constituer un pot commun pour toutes les sélections nationales masculines.

« Aujourd’hui, chaque sélection se voit octroyer un certain budget. Mais, en fonction des échéances, les besoins ne sont pas identiques pour chaque catégorie. Mon idée découle du principe des vases communicants. Je veux réunir 500.000 euros (20 millions de francs) pour l’ensemble des catégories. Les Cadets, qui préparent le Championnat d’Europe, pourraient par exemple puiser dans le pot commun et bénéficier de l’argent dont les Juniors n’ont pas besoin. Idem pour les Seniors, qui pourraient utiliser l’argent que les jeunes n’ont pas dépensé ».

Pour les Seniors, le coût d’une saison est estimé par Yvan Slangen à 200.000 euros (huit millions de francs). La fédération lui alloue cinq millions de francs. La différence doit être trouvée auprès du privé. Or, les sponsors ne se bousculent pas au portillon.

« C’est l’une des raisons pour lesquelles il faut parfois se serrer la ceinture et éviter des dépenses dans certains domaines. D’où les problèmes surgis en novembre. C’est triste à dire, mais les trois défaites ont apporté un peu d’air car elles ont permis d’économiser des primes de victoire ».

Pourquoi la fédération se montre-t-elle toujours aussi chiche envers l’équipe nationale?

« C’est simple. D’où vient l’argent de la fédération? Essentiellement des cotisations des clubs. L’approbation du budget est soumise au vote des représentants des clubs -les fameux « parlementaires »- dont certains sont affiliés à des clubs de 4e Provinciale. Ces gens estiment régulièrement que l’équipe nationale leur coûte trop cher ».

Yvan Slangen est allé frapper à la porte du COIB, qui a été séduit par le projet de nouvelle structure. Mais l’avenir demeure flou. « Pour le déplacement au Danemark, je tiens en tout cas à mettre les joueurs dans les meilleures conditions. D’abord, parce que je veux absolument laisser le Danemark et la Roumanie derrière nous au classement, histoire d’éviter un éventuel repêchage. Et aussi, parce qu’en terme d’image d’équipe victorieuse, il y a peut-être un signe à donner aux candidats-sponsors. Jusqu’à présent, on n’a jamais été trop capables de vendre le produit équipe nationale« .

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Daniel Devos

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