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Tribune libre

Chaque semaine, une personnalité du foot s’exprime dans nos colonnes. Ce mercredi: David Steegen, Head of Public Affairs du RSC Anderlecht.

Saison 1985-1986. En ces temps lointains, le gardien peut saisir des mains une passe en retrait et les terrains de D1 sont des champs de boue à partir d’octobre. Chez moi, chaque week-end, on regarde le Sportweekend sur la BRTN (l’actuelle VRT). Courtrai a un nouvel attaquant, qui compte déjà 300 matches pour le HNK Rijeka, un club yougoslave. Il a suivi son meilleur ami Dusko Lukic chez les Flandriens, candidats à la relégation. Son entraîneur, Dimitri Davidovic, voit en lui un avant dynamique, extrêmement mobile, doté d’une brillante technique et du sens du but. La saison précédente, il a battu le grand Real Madrid de Sanchis, Butragueno et notre Juan Lozano. Il est resté à Courtrai jusqu’en 1990. Au début, on ne l’appréciait pas trop. Il lui a fallu un certain temps pour conquérir les coeurs courtraisiens.

Malgré le profond amour que je porte au RSC Anderlecht, j’ai immédiatement apprécié cet ailier. Il aurait sans doute mieux convenu à la capitale. Chaque semaine, je regardais les images du joueur du KVK, comme avant je suivais avec passion Marco van Basten à l’Ajax, dans l’émission néerlandaise Studio Sport. Une époque fantastique, sans internet: on attendait parfois les images des matches des jours durant.

L’attaquant aurait sans conteste pu se produire dans un championnat plus coté. Un dirigeant du KVK déclarera que: « Nous avons eu la chance qu’il ait un handicap et préfère suivre son ami Lukic. » Soyez attentifs au choix des mots. Handicap. Une autre époque.

L’homme a pourtant raison. Damir Desnica souffre d’un problème invisible. Sinon, les Kerels n’auraient eu aucune chance de le recruter. Desnica n’entend pas et se fait difficilement comprendre. Il mérite respect et admiration. Sur le terrain, il n’entend pas les coups de sifflet ni ce que lui crient ses coéquipiers. Il parvient à suivre les discussions tactiques en lisant sur les lèvres, mais il se heurte à la barrière linguistique. Sur le terrain, il ne peut jamais exprimer son mécontentement par des paroles. Un jour, un arbitre lui montre la rouge pour avoir craché à terre, mécontent. Pourtant, Desnica s’est aisément intégré à Courtrai. Nous pouvons être heureux qu’il ait joué chez nous.

Saison 2019-2020. Georges Kapin, un amateur bruxellois de football, suit les cours d’entraîneur. Il choisit un thème inhabituel pour sa thèse: il développe une méthode pour apprendre le foot aux jeunes malentendants, qui ne trouvent aucun club. Chaque semaine, ce coach exceptionnel rassemble des enfants dans un parc bruxellois pour leur apprendre à jouer avec un mix de langue des signes et de panneaux. C’est devenu l’oeuvre de la vie de Georges Kapin. Par amour. Son neveu est malentendant, mais fou de foot. Pour plus d’infos: www.ekhosport.com

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