TRAVAUX D’ÉTÉ

Départs, arrivées, les réseaux de Daniel Van Buyten, la nouvelle politique de jeunes, révélations sur ce qui devrait bouger du côté de Sclessin.

« Cette année, c’était les chips, l’année prochaine ce sera la bière  » ; le tweet, certes quelque peu euphorique de Bruno Venanzi après la victoire en Coupe de Belgique, était annonciateur de grandes ambition pour la saison à venir. Deux semaines plus tard dans nos colonnes, le jeune président des Rouches maintenait sa position :  » Daniel Van Buyten veut emmener le Standard en Ligue des Champions.  » Ou :  » L’objectif c’est le titre ou, en tout cas, essayer de jouer jusqu’au bout.  » Mais le Standard a-t-il les moyens de ses ambitions ? Car Venanzi reconnaissait aussi dans la foulée :  » On sait qu’on ne peut pas rivaliser avec quelques clubs au niveau financier, en montant de transferts, en salaires.  » Après une première saison mitigée, sauvée par la qualification en Europa League grâce à la victoire en Coupe, comment la direction compte-t-elle s’y prendre pour ramener le Standard vers les hautes sphères ? Enquête.

FERRERA ENFIN RECONNU ?

Le président Venanzi avait été très clair après le succès du stade Roi Baudouin.  » Je veux jouer la Coupe d’Europe avec Yannick Ferrera.  » Et pourtant, une semaine avant le succès en Coupe, le Standard s’était pris une gifle d’envergure derrière les casernes malinoises synonyme de non-qualification pour les PO1. La pilule fut difficile à avaler pour un club qui espérait d’une part ennuyer les meilleurs jusqu’au bout et bénéficier de la manne financière liée à cette qualification. Pour la première fois, Yannick Ferrera s’est réellement senti en difficulté du côté de Sclessin.

Le 0 sur 6 face à Saint-Trond et Westerlo avait déjà jeté un froid entre le coach et ses supérieurs hierarchiques. Mircea Rednic avait été mis au parfum d’un intérêt du Standard à quelques jours de la finale. Aujourd’hui, personne n’imagine Ferrera quitter le navire. Et même si la rumeur l’a envoyé à Bruges pour reprendre le rôle de son mentor et ex-collègue à Al Shabab, Michel Preud’homme, que l’on prédit l’année prochaine dans un rôle de directeur technique voire de manager à l’anglaise ? Un raccourci facilité par l’excellente relation qu’entretient l’agent de Yannick Ferrera, Jacques Lichtenstein, et la direction brugeoise.

Si Ferrera a connu une saison mouvementée, elle s’explique par la situation de déliquescence à la reprise de l’équipe en septembre 2015. S’il n’a pas toujours joui d’une confiance totale, Ferrera était le choix numéro un de la direction qui l’avait approché une première fois par l’intermédiaire du duo Bob Claes-Axel Lawarée avant de négocier dans un second temps avec la paire BrunoVenanziDanielVanBuyten. Au-delà de la victoire en Coupe, tout le monde s’accorde désormais à reconnaître la qualité de son travail sur fond de professionnalisme, de grinta et d’une fraîcheur revigorante.

Les suspicions qui ont entouré les dernières semaines précédant la finale semblent aujourd’hui classées. On se rappelle notamment de la descente dans le vestiaire de Daniel Van Buyten et Olivier Renard qui l’aurait fragilisé auprès du groupe. On a raconté également que le nouveau directeur technique du Standard avait rejeté son dossier quand il occupait ce poste du temps de Malines.  » Je n’avais jamais rencontré Yannick « , tient à préciser Olivier Renard.  » Il est vrai qu’il y a deux ans, Yannick faisait partie d’une liste de 25 coaches qui nous ont été proposés pour succéder à Harm van Veldhoven. Mais vu qu’à Malines, on n’a pas pour habitude d’attirer un entraîneur sous contrat, ce qui était le cas de Yannick à Saint-Trond, sa candidature n’avait pas été retenue.  »

VAN BUYTEN AU CoeUR DU MERCATO

Médiatiquement en retrait, Daniel van Buyten l’est beaucoup moins en coulisses. A son arrivée au club l’été dernier, Daniel Van Buyten, accompagné de son ex-agent et ami Christophe Henrotay, avait pour habitude de scruter les entraînements de l’équipe première du haut de la terrasse de l’académie. Big Dan prenait alors ses marques avant de procéder à un screening complet du club. Jugé distant par certains au sein du club, son attitude passe difficilement auprès du groupe des joueurs qui lui ont donné le surnom de  » L’Allemand « . A l’inverse, Olivier Renard nommé directeur technique par surprise en février dernier, a réussi rapidement à nouer un contact avec les joueurs et leurs agents respectifs.

Van Buyten se multiplie ces dernières semaines afin de faire profiter le Standard de son réseau (le jeune défenseur allemand des U19 de Leverkusen, David Putz, actuellement en test au Standard est le dernier exemple en date). L’ex-joueur du Bayern Munich sait qu’il sera jugé plus sévèrement lors du prochain mercato, alors que le précédent ne fut pas une réussite. Surtout au niveau des arrivées directement liées à son réseau (et à celui de Christophe Henrotay) : Gabriel Boschilia et Giannis Maniatis.

Deux joueurs, au même titre que VictorValdés qui ne correspondaient pas au profil demandé mais jugés comme de belles opportunités sur le marché. Le club dit avoir tiré les leçons de ces échecs et tentera d’attirer des joueurs correspondant à un profil bien spécifique.  » Au niveau sportif, tout passe par moi « , précise Olivier Renard.  » Avec Daniel, on évoque tous nos contacts respectifs, on travaille ensemble.  » Des décisions à sa tête, même lors de réunions où l’on retrouve autour de la table Bruno Venanzi, Daniel van Buyten, Bob Claes, Yannick Ferrera et Olivier Renard.

STANDARD LOW COST ?

Quels sont les profils susceptibles de renforcer les différents secteurs ? D’une part, un gardien pour remplacer Valdés, sorte de concurrent direct à GuillaumeHubert, deux milieux centraux expérimentés et athlétiques sont également attendus, tout comme un défenseur central pour apporter de la concurrence au duo Kosanovic et Scholz dont l’association n’a jamais permis de garder le zéro cette saison, plus un attaquant capable d’éliminer et de prendre la profondeur et pouvant évoluer seul devant.

 » On a besoin de leadership, de gars morts de faim « , a déclaré la semaine dernière Yannick Ferrera en conférence de presse.  » Des gagneurs qui peuvent emmener tout un groupe avec eux et pas seulement des gars qui viennent toucher leur gros contrat. Avec des leaders de qualité, qui ont faim, on peut alors espérer gagner un titre.  »

Depuis novembre dernier, des profils types ont été établis. Rob Schoofs, John Bostock faisaient notamment partie de cette short-list. Mais le Standard n’a pas pu concurrencer Gand financièrement pour Schoofs et a préféré se tourner vers le prêt moins couteux de Maniatis après avoir laissé partir l’indispensable Yattabaré. La priorité du recrutement du Standard est aujourd’hui tournée vers ce poste de numéro 6. La venue de Viktor Angban, qui avait capoté en hiver, est à nouveau envisagée.

Mais le Standard dispose-t-il des moyens de ses ambitions ? La question revient régulièrement sur le tapis alors que les finances semblent très serrées. Dans cette logique, le capitaine du Standard, Adrien Trebel, dont la saison n’est pas une grande réussite, pourrait partir en cas d’offre intéressante. Le Standard n’est en tout cas pas opposé à son départ alors que le joueur souhaiterait aller voir ailleurs. La perte de Matthieu Dossevi est aussi envisageable mais serait bien plus ennuyeuse.

Autre contrat important de l’effectif, avec Scholz dont la rumeur d’un départ vers la Russie semble s’être évaporé, Ivan Santini a reçu récemment quelques coups de fil de la part de Christophe Henrotay en vue d’un transfert vers l’étranger. Mais l’intéressé lui-même semble décidé à rester à Sclessin. Olivier Renard se veut pourtant rassurant :  » Aucun joueur ne doit partir à tout prix. Il y a déjà eu un dégraissage de la masse salariale en janvier, ce n’est plus une obligation cette fois. On a, certes, plusieurs profils en tête mais le but n’est pas de chambouler une nouvelle fois tout l’effectif. Il est impensable que 6 à 7 titulaires en puissance arrivent par exemple.  »

Il faudra toutefois être inventif afin de dénicher les perles rares car les finances du club principautaire lui permettent difficilement de transférer un élément confirmé de notre championnat à l’image de Sofiane Hanni dont une première proposition de contrat était bien en dessous des normes anderlechtoises.

Parmi les noms qui ont circulé dernièrement du côté de Sclessin, on retrouve celui de Thibaut Moulin, Viktor Angban (voir plus haut), Ezekiel, Mpoku ou Pocognoli, trois ex-Rouches cités en interne mais dont les dossiers ne devraient pas aboutir.

Rayon départs, Gabriel Boschilia ne sera pas conservé. Beni Badibanga qui a régulièrement reçu sa chance cette saison mais dont les stats sont faméliques (1 but/0 assist) pourrait être prêté au même titre que Benjamin Tetteh qui a stagné ces derniers mois. Alors que Dino Arslanagic, dont les absences défensives pendant un match sont jugées trop récurrentes, ou Renaud Eymond, dont le profil ne correspond pas au système, pourraient définitivement quitter Sclessin.

PAR THOMAS BRICMONT – PHOTOS BELGAIMAGE

 » Il est impensable que 6 à 7 titulaires en puissance arrivent cet été.  » OLIVIER RENARD

Jugé distant par certains au sein du club, l’attitude de Van Buyten passe difficilement auprès du groupe des joueurs.

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