Travail de fourmi

Le directeur technique de l’équipe nationale dévoile ses projets pour amener la Belgique à l’EURO 2005.

L’Espagne, ce soir à Murcie. Puis le Danemark, samedi à Liège. Avec ces deux affrontements, les Belgian Lions clôtureront leur campagne de qualification pour l’EURO 2003. Deux matches pour l’honneur, en réalité, puisque la qualification est hors de portée. Les choses importantes commenceront en juin, avec la préparation en vue des éliminatoires pour l’EURO 2005, auquel la Belgique s’est promise de participer. Qu’est-ce qui permet d’être plus optimiste que par le passé? Nous l’avons demandé à Lucien Van Kersschaever, le directeur technique maître d’oeuvre de la nouvelle organisation sportive.

Ces deux matches contre l’Espagne et le Danemark se résumeront-ils à une revue des troupes?

LucienVanKersschaever: D’abord, il faut les jouer puisqu’ils figurent au programme. Ensuite, ils doivent permettre d’entretenir le bon esprit constaté en novembre. Ils permettront aussi de voir en action Jean-Marc Jaumin et Roel Moors, blessés il y a deux mois. Fin janvier, une évaluation pourra être faite. On verra alors sur quelle base nous pourrons travailler.

Qu’y a-t-il de prévu pour l’été?

En juin, nous aurons une première phase de préparation en Belgique, puis nous poursuivrons par un stage en Italie où nous aurons l’occasion d’affronter la Squadra Azzurra. Nous laisserons ensuite les internationaux tranquilles pendant un mois. Fin juillet, nous recommencerons par un nouveau stage en Belgique. Début août, nous avons la possibilité d’aller jouer en France. Les 8, 9 et 10 août, un tournoi sera organisé à Liège avec la Croatie, l’Allemagne et probablement la France. Le 11 août, les joueurs retourneront dans leur club pour la reprise des entraînements.

Les clubs sont d’accord?

Oui. La grosse différence avec le passé, c’est que nous leur avons proposé le programme largement à l’avance. Personne n’a été pris au dépourvu. Nous avons aussi discuté de l’opportunité d’offrir un week-end libre avant ou après les matches de l’équipe nationale mais les clubs préfèrent recommencer tout de suite, parce qu’ils veulent avoir un match de championnat dans les jambes avant de recommencer la Coupe d’Europe.Assez de talent… en devenir

Réunir les joueurs trois jours ou cinq jours avant les échéances de l’équipe nationale ne change pas grand-chose. C’est pendant l’été qu’il faut travailler. Ce que les autres pays font, parce qu’ils doivent préparer un Championnat d’Europe ou du Monde. Mais comme la Belgique n’était plus concernée par ce genre de rendez-vous depuis 1993, les joueurs avaient trois mois de congé.

Exactement. A l’avenir, nous essayerons de concocter un programme similaire à celui des pays qui participent aux grandes compétitions internationales. Cette année, nous affronterons en match amical des équipes qui se préparent pour l’EURO 2003 en Suède. L’an prochain, nous essayerons de rencontrer des participants aux Jeux Olympiques d’Athènes.

Le point de mire, c’est désormais l’EURO 2005. Un discours entendu après chaque tentative manquée. Mais la Belgique dispose-t-elle d’assez de talents pour encore envisager une qualification à un Championnat d’Europe?

Je le crois, oui. Les joueurs actuels ne sont pas dépourvus de qualité. Mais, pour s’affirmer au plus haut niveau, ils doivent avoir l’opportunité de se mesurer à des équipes comme l’Italie, l’Espagne, la Grèce ou la Croatie. Peu importe qu’ils soient battus: c’est dans ces matches-là qu’ils apprendront. Dans deux ou trois ans, ils auront l’habitude d’affronter des équipes de ce niveau.

Eric Struelens, qui a joué quatre ans au Real Madrid, a mis un terme à sa carrière internationale. Mais Jean-Marc Jaumin a remporté une Coupe d’Europe avec Malaga et Tomas Van den Spiegel commence à s’affirmer dans le championnat d’Italie. Et les autres?

Des jeunes pointent le bout du nez. Axel Hervelle et Sacha Massot ont encore une belle marge de progression. J’espère récupérer un Sébastien Buja compétitif et je compte sur la naturalisation de Didier M’Benga. Duke Tshomba et Hugo Sterk pourraient également s’affirmer dans les années à venir.

On annonce aussi la génération des joueurs nés en 1986 et 1987 comme très prometteuse…

L’équipe des « 87 » entraînée par Joël Froment compte un très grand talent en ses rangs. Celle des « 86 » entraînée par Walter Van Mieghem en compte trois ou quatre. Pour cette dernière équipe, un programme très alléchant a été mis sur pied. Elle disputera un tournoi en Italie, se frottera à plusieurs formations transalpines de Série B et disputera encore trois ou quatre tournois dans le Nord de la France. Les joueurs demeureront ensemble durant pratiquement tous le mois de juillet.

Que faut-il faire pour que ces joueurs ne restent pas d’éternels espoirs?

Continuer à travailler. Les clubs doivent aussi leur offrir l’opportunité de se développer. A 18 ans, pour bien faire, ces jeunes devraient se retrouver en D1. Pas nécessairement pour jouer 20 minutes par match, mais pour tâter de ce niveau.Pourquoi Jorssen joue-t-il aussi peu?

En attendant, Tomas Van den Spiegel a annoncé son forfait pour les deux matches de cette semaine.

J’avais eu un entretien téléphonique avec Tomas précédemment. Il m’avait effectivement confié qu’il ressentait une douleur au genou et je peux comprendre que Bologne émette des réticences à libérer un joueur pour deux rencontres internationales qui n’ont plus aucune signification. D’accord, c’est ennuyeux. Mais derrière Van den Spiegel, au pivot, on a tout de même Dimitri Jorssen et Yves Dupont.

C’est bien d’être optimiste, mais lorsque Dimitri Jorssen doit se mesurer à Jorge Garbajosa, le combat n’est-il pas inégal?

S’il continue à jouer aussi peu à Charleroi, forcément qu’il éprouvera des difficultés. Les joueurs espagnols ont des confrontations de niveau international deux fois par semaines. Lui doit se contenter de cinq minutes en Coupe ULEB. Mais je ne peux pas obliger Savo Vucevic à lui accorder plus de temps de jeu.

D’autres internationaux belges évoluent à Tournai et à Louvain. Sans le moindre contact avec le basket européen.

Effectivement. Mais au moins, ils jouent. A un certain stade de sa carrière, il est préférable de se faire les dents dans une équipe de milieu de classement. Après, on peut franchir le pas vers un club du top. Mais seulement si l’on a la chance de jouer. Pour faire banquette, c’est inutile.

Giovanni Bozzi retravaille dans un club et n’est donc plus disponible à plein temps pour l’équipe nationale. Est-ce ennuyeux?

Se contenter de coacher l’équipe nationale une semaine en novembre et une autre semaine en janvier, c’est trop peu. On risque de perdre ses sensations. Combiner le club et l’équipe nationale, à la longue, c’est peut être beaucoup pour un même homme. Il faut donc s’organiser pour qu’au moment où Giovanni Bozzi part en équipe nationale, il n’ait pas de souci avec son club. C’est le rôle des adjoints.

Daniel Devos

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire