Transferts : poker d’as ou poker d’ânes ?

Une foire, pas une politique. Une loterie, pas une gestion. C’est à cela que font penser les va-et-vient des transferts dans le monde du foot, à l’échelle du top comme à celle du belge. Prenons d’abord Chelsea, champion d’Europe et plein aux as. Est-ce conséquent, est-ce professionnel, d’avoir lâché pareil paquet de fric voici douze mois pour Romelu Lukaku sans jamais lui donner un temps de jeu décent ? Non. Soit Chelsea l’achetait bien moins cher et le formait patiemment, dans l’espoir d’une éclosion toujours aléatoire. Soit Chelsea claquait la somme mirobolante hier claquée, mais auscultait alors Romelu ailleurs qu’à l’entraînement ou en équipe B.

Ce ne fut ni l’un ni l’autre : à tort ou à raison, les décideurs sportifs des Blues n’ont pas jugé Romelu alignable en équipe-fanion, et un king de la presse british comme Mike Calvin l’identifie aujourd’hui comme le plus mauvais joueur à 20 millions de livres qu’il ait jamais vu. Gâchis royal au Royaume du foot business, et rarissimes sont ceux qui redescendent du top pour y revenir par la grande porte ! Gâchis poussant par ailleurs à croire que nos managers, £uvrant au nom du pèze en s’appuyant sur nos appréciations teintées de chauvinisme, gardent pas mal de pouvoir pour fourguer leur camelote sur ce marché de dupes. Y’a désormais peu de chances que Lukaku égale un jour Vincent Kompany, mais formons le v£u qu’elles soient tout aussi réduites d’égaler un jour Anthony Van Den Borre. Et souhaitons surtout à Romelu le plaisir de jouer et buter, beaucoup, au niveau qui s’avérera vraiment le sien ! Car y’a rien de plus triste qu’une carrière de footballeur réserviste fonctionnaire, palpant du blé sans rien glander : j’y pense chaque fois que j’aperçois Paulo Ferreira en position assise, lui qui fêtera bientôt ses dix ans de cul sur le banc à Chelsea…

Suite au contretemps de cette saison chômée, et même s’il est prêté à Fulham ou ailleurs, Lukaku s’est donc brûlé davantage qu’un Kevin De Bruyne, débarqué à Chelsea pour y sentir l’oignon et repartir aussitôt en location : mais en restant vierge de désillusions, subies comme provoquées ! Quant au flop/Lukaku, il n’empêche pas Chelsea de poursuivre son poker en claquant cette fois une fortune pour Eden Hazard… qui devrait peut-être craindre une lukalisation ! Quoique labellisé star davantage que Romelu, Eden se demande-t-il si le fûté n’est pas plutôt De Bruyne : qui ambitionne seulement d’être Thibaut Courtois ou Axel Witsel, sans rêver déjà de relayer Didier Drogba dans le c£ur du tout Stamford Bridge ?

Chelsea, Man City ou PSG, nombre de clubs richissimes jouent au poker pour décrocher la timbale suprême, et qu’importe le gaspi. Chelsea bradera Lukaku pour perdre le moins de fric possible, mais ce ne sera pas un drame s’il y perd un sacré paquet. Chelsea prête De Bruyne en espérant refaire le coup de Courtois (Thibaut étant la preuve qu’une progression, et la confirmation d’un talent, passent par un statut de titulaire, bien davantage que par une quelconque post-formation), mais ce ne sera pas un drame pour Chelsea si De Bruyne coule en cours de route…

Aux échelons inférieurs, tel le belge, on pourrait donc s’attendre à ce que nos clubs moins riches, pour tenter de rivaliser, soient contraints de réfléchir davantage, d’acheter mieux, d’avoir des noyaux moins pléthoriques. Ce n’est guère le cas : ils jouent aussi au poker… pour tenter de se rapprocher de la caste des richissimes ! Si Bruges, Anderlecht, et pas rien qu’eux, se retrouvent avec sur les bras une armée d’attaquants sous contrat, ce n’est pas qu’ils l’aient voulu, vu que le projet purement sportif l’exige (six attaquants de force similaire pour deux postes, c’est excédentaire quoi qu’on ânonne !) : c’est seulement qu’il faut acheter pas mal de chats dans des sacs, pour parfois découvrir en hurlant de plaisir – Poker d’as ! ! – que le matou était un tigre royal (argentin). Dès lors, quoi de plus humain de flipper lorsque, au moment de le revendre bien cher à un richissime Moscovite, le tigre fait tout foirer en se bousillant le tendon rotulien… Adieu veaux, vaches, cochons, et adieu par la bande à Niklas Moisander… Niklas qui ? C’était un nouveau chat qu’on désirait s’offrir, mais y’a même plus de sous pour le sac. L’occasion d’ ausculterOsama Hawsawi, pour être bien certain qu’il ne vaut pas tripette ?

Y’a peu de chances que Lukaku égale un jour Kompany, mais formons le v£u qu’elles soient aussi réduites d’égaler Van Den Borre.

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