TRANSFERT CAPITAL

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Un nouveau p’tit ket chez les boys d’Albert Cartier : choix gagnant ?

Out : De Camargoal. In : Sanogoal. Le Brussels a laissé filer son buteur brésilien de grande taille, Igor De Camargo. Désormais, le poids de la finition repose en partie sur les épaules d’un format de poche ivoirien, Moussa Sanogo (22 ans), arrivé de Beveren durant le mercato d’hiver et qui a signé pour trois ans et demi.

On le croyait pourtant en partance pour le championnat de Grèce.

Vouliez-vous absolument quitter Beveren ?

Moussa Sanogo Je tenais à ce que Jean-Marc Guillou récupère un peu d’argent grâce à mon transfert. J’arrivais en fin de contrat à Beveren, et si j’étais resté là-bas jusqu’à la fin de cette saison, Jean-Marc n’aurait rien touché. Beveren m’a proposé de resigner, mais j’ai passé plus de trois ans dans ce club et j’avais envie d’essayer autre chose.

Votre premier tour a été calamiteux : 3 buts seulement !

Je sais. Trois buts au mois de septembre, dont deux au Standard (mon seul bon souvenir du premier tour), puis plus rien. Mais j’ai eu tellement de problèmes… Un premier enfant et de nouvelles responsabilités : cela a eu une influence néfaste sur mon football. Il y a aussi eu un tas de problèmes à Beveren. On parlait d’un départ de Jean-Marc, on me proposait de prolonger mon contrat mais je ne savais plus où j’en étais et l’équipe ne tournait pas. Je suis en train de chercher des excuses et je n’en ai pas le droit : un attaquant est là pour marquer, point à la ligne. Il faut que je compense avec le Brussels. Si je ne marque pas au moins six buts d’ici le mois de mai, je considérerai que ma saison aura été un échec.

Le départ de N’Dri Romaric, l’été dernier, n’est-il pas une explication encore plus essentielle à votre baisse de régime ? Vous vous trouviez les yeux fermés : 13 buts chacun la saison passée.

Non, je marquais déjà avec Beveren avant de jouer aux côtés de Romaric. Et, après son départ, il y avait d’autres mecs pour le remplacer…

La saison dernière, quand Venance Zezeto ramait au Brussels, vous aviez déclaré :  » C’est normal, il est entouré de pieds cassés « .

(Il éclate de rire). J’ai dit ça ? Moi ? Non ! Impossible ! J’ai seulement dit que Zezeto ne pouvait pas réussir ici parce que les conditions n’étaient pas bonnes pour lui. Désolé, je n’ai jamais parlé de pieds cassés. (Il éclate à nouveau de rire).

Zezeto n’a jamais supporté d’être séparé de ses copains de Beveren : ne craignez-vous pas le même problème ?

Certainement pas. Dans ma tête, tout est clair depuis longtemps : je ne pouvais pas faire toute ma carrière dans la même équipe que les potes avec lesquels j’ai appris à jouer. J’en ai vu quitter Beveren chaque saison et cela ne m’a jamais perturbé. Aujourd’hui, c’est moi qui pars et je suis prêt.

On vous a déjà surnommé Sanogoal.

Ce surnom ne me dérange pas, mais si on commence à ne plus me voir que comme un joueur qui attend bêtement les ballons dans le rectangle et ne sait rien faire d’autre que les pousser dans le goal, non merci. Je vaux mieux que ça.

Vous devrez remplacer Igor De Camargo : quelle responsabilité !

Je n’ai jamais vu les choses comme ça. D’ailleurs, quand j’ai signé ici, son départ n’était pas encore certain. Je ne me suis donc jamais mis en tête que je devrais le remplacer.

Pas de pression particulière, donc ?

La pression ? (Il éclate de rire). La pression ? Mais vous ne me connaissez pas encore !

Cartier :  » Etre prêt 777demain, pas en avril ou en mai  »

Le message d’Albert Cartier à son transfert de la mi-saison est très clair : au boulot et pas de cadeaux !

Qu’attendez-vous de Moussa Sanogo ?

Albert Cartier : Depuis la reprise, je mise sur des attaquants rapides, avec Kristof Snelders et Mickaël Niçoise. Ça ne devrait pas être différent avec Sanogo.

Quelles sont les premières impressions que vous laisse Sanogo ?

D’abord, je lui accorde une circonstance atténuante : ce n’est jamais évident de débarquer dans un nouveau club en cours de saison. Mais il m’a déjà montré de belles choses : une aisance technique intéressante, un vrai instinct de buteur, le raisonnement d’un gars qui garde en permanence le but dans son champ de vision, une recherche continuelle de la profondeur, un bon sens du déplacement. Je suis bien d’accord avec le président sur un point : Moussa Sanogo est un diamant brut qu’il faudra simplement travailler de la meilleure façon.

Ses manquements ?

Il doit comprendre qu’il travaille désormais dans une culture qui est celle du FC Brussels et qui n’a peut-être pas grand-chose à voir avec celle de Beveren. Ici, le football collectif et le jeu sans ballon sont des paramètres prioritaires. Il doit apprendre à assumer sa part de travail défensif. Je ne peux pas me permettre d’avoir dans mon équipe ne fût-ce qu’un ou deux joueurs qui ne participeraient pas au boulot de récupération. Et il faut que Sanogo saisisse très vite cette évidence. Ce n’est pas en avril ou en mai qu’il devra être prêt, mais dès demain. Nous n’avons pas le temps d’attendre. A son premier entraînement chez nous, il s’est pris un tacle qui lui a valu une entorse et 10 jours d’arrêt. Je lui ai fait comprendre que, chez nous, ça se passait comme ça aux entraînements. Quand vous vous frottez tous les jours à des Alan Haydock, Mario Espartero, Richard Culek, Werry Sels ou Ibrahim Kargbo, vous avez intérêt à savoir encaisser les coups.

Zezeto :  » Le danger, c’est le président  »

Après des escapades décevantes à La Gantoise et au Brussels (la saison dernière), Zezeto a retrouvé la joie de vivre et de jouer à Beveren, le club qui l’avait révélé chez nous.

Sanogo ne risque-t-il pas de connaître les mêmes problèmes que vous au Brussels ?

Venance Zezeto : Son caractère est différent du mien, il laissera sans doute passer des choses que je n’acceptais pas. Moi, j’écoutais le président et cela ne m’a pas réussi. Johan Vermeersch m’a mis une pression énorme dès le premier jour et j’ai mal géré ces attentes. Si je ne devais donner qu’un conseil à Sanogo, ce serait : -Surtout, n’écoute pas trop le président…

Est-ce la seule explication de votre échec au Brussels ?

Non. Tout d’abord, j’étais tombé dans une mauvaise équipe, qui n’était pas soudée. Certains joueurs voulaient dès le début le départ d’Emilio Ferrera, d’autres le soutenaient à fond. En plus, Johan Vermeersch parlait beaucoup, il voulait coacher l’équipe. On a aussi traîné avant de me trouver un appartement, je me suis retrouvé dans le noyau B avec quelques autres joueurs pros et on me faisait remarquer que je coûtais cher. Bref, ça ne pouvait pas marcher. Aujourd’hui, on ne reconnaît plus cette équipe. On voit qu’elle est solidaire. Les résultats suivent. Ces gars-là jouent pour leur coach. Ils ne souhaitent pas son départ.

PIERRE DANVOYE

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire