Traitement de fils

Quand l’équipe de Jan Ceulemans surclasse un adversaire, c’est généralement grâce à son attaquant nigérian.

T osinDosunmu se fait attendre, ce midi. Il n’avait pas entraînement le matin car il était retenu par une affaire autrement importante : son permis de conduire théorique ! D’ailleurs, quand, après le dîner, Dosunmu conduit son Opel Corsa, sur le parking, le groupe s’agite :  » Ah, tu as réussi !  »

Et ?  » Hou ! « , Tosin se dissimule le visage des mains et exhibe le document du centre d’examens. Fautes graves : trois. Fautes simples : huit. Aïe.  » Mais l’examen se déroule sur ordinateur, et en néerlandais, une langue que je comprends à peine. They don’t do it in English. Donc, ce n’était pas simple. Je vais devoir étudier un peu plus. Je vais bientôt avoir un professeur et en janvier, je vais repasser l’examen « .

Il conduit quand même, entre-temps :  » J’ai un permis de conduire nigérian mais le manager de Westerlo veut que j’obtienne un permis européen car un document étranger n’est valable que six mois. C’est pour ça que le club ne m’a donné aucune voiture. Celle avec laquelle je me déplace appartient à un ami qui réside aux Pays-Bas mais il revient bientôt de vacances et il va pouvoir me conduire. D’ici là, je conduis, mais seulement à Westerlo, becauseit’s only a very small village ( il rit) « .

Il a maintenant 23 ans, six de plus que quand il a débarqué en Belgique via son premier manager africain, un frère du joueur SundayOliseh.  » Je n’étais de retour au Nigeria que depuis six mois, après un stage de trois semaines en Italie et au Portugal, avec l’équipe nationale. Avant le match, on m’avait demandé si j’étais rapide. ûJe ne sais pas, ai-je répondu « . Il rit.  » Ils ont rétorqué : – Si tu n’es pas rapide, tu ne peux pas jouer en Belgique. J’ai appris que c’était vrai : il faut vraiment être rapide pour évoluer en Belgique « .

C’est JeanPierreKindermans, le responsable de la presse à Anderlecht, qui a accueilli Dosunmu à l’aéroport et lui a offert son premier petit-déjeuner belge :  » Il m’a emmené chez lui et sa femme m’a cuisiné des trucs. Il s’occupait aussi d’un autre Nigérian, qui devait effectuer des tests à Anderlecht mais qui est depuis retourné au pays « .

Dosunmu était à l’essai à Molenbeek. Il a d’abord atterri en Réserves.  » Nous effectuions des séries de 200 mètres au moment où MisterAndréDenul, mon manager actuel, m’a vu. Il avait transféré BlessingKaku au RWDM. Il s’est écrié : – Wouaw, ce garçon court plus vite que les autres ! Quand WesleySonck a rejoint le GBA et que Molenbeek a été relégué, GuyVandersmissen m’a repris en équipe fanion. Puis, sous Ariel Jacobs, je suis resté un an et demi dans l’équipe mais durant ma troisième saison, le club a voulu me transférer en Chine car il avait besoin d’argent. Je ne voulais pas et Mister André non plus. J’ai donc été loué un an à Denderhoutem « .

Dosunmu est rapide mais il sait marquer, aussi. Ça n’avait pas échappé à AaddeMos. Comme le RWDM n’avait plus payé d’impôts depuis six mois et que Malines s’y était engagé, Dosunmu s’est retrouvé au matricule 25.  » Mais à mon arrivée, j’ai entendu les joueurs se plaindre. Parfois, ils n’étaient pas payés, parfois, on donnait un peu d’argent cash à certains. Moi, je n’ai jamais eu de problèmes financiers. Je ne sais pas tout ce qui s’est passé. Mais, comme vous le savez, dans la vie, il faut saisir sa chance « .

Westerlo s’est présenté en décembre.  » J’ai été accueilli avec tellement de chaleur par le groupe, en janvier. On m’a traité comme un fils « .

Ceulemans le met sous pression

Un large sourire étire son visage :  » A Denderhoutem, on rigolait de moi parce que je saluais chacun des deux mains et à Molenbeek, on m’a demandé pourquoi je riais tout le temps. En fait, j’ai été élevé dans le respect de mes aînés. On m’a aussi appris à être toujours positif « .

C’est pour ça que son adaptation dans ses différents clubs s’est déroulée sans heurts.  » Mais mes quatre premiers matches à Westerlo n’ont pas été bons. J’ai raté un grand nombre d’occasions. – What is this ?, m’a demandé l’entraîneur. J’étais sous pression. Il m’a expliqué que mon problème, c’était que je faisais une fixation sur ce premier but. Il m’a dit que je n’y arriverais jamais comme ça, que je devais cesser d’y penser, que ça viendrait tout seul. Je suis capable de tirer très dur. Il m’a conseillé de placer le ballon au lieu d’armer mon tir avec autant de violence dans le rectangle. Il m’apprend beaucoup de choses de ce genre. Je fais de mon mieux chaque semaine mais quand je baisse les bras à l’entraînement, je l’entends « .

Il rit en frappant la table du poing.  » – Hey, Tosin ! Boum ! – Tu n’es pas sérieux ! Boum ! Hey, pas trop relax ! Boum !  »

Son contrat à Westerlo court jusqu’en 2005.  » Avant le match contre le Club, Westerlo a dit à mon manager qu’il souhaitait discuter de mon contrat. Je pense qu’on va m’offrir une prolongation d’un an. Kindermans m’a récemment téléphoné : un manager le priait de me demander si je voulais aller en Chine. Mister André ne laisserait pas faire ça. Je dois aussi songer à l’avenir. Après ma carrière, je souhaite reprendre des études. J’aime lire et je me vois bien dans le management. Je pourrais être de bon conseil et expliquer tout ce qu’il faut faire quand on arrive ici. Pendant mes loisirs, je lis énormément. Des romans, des magazines ramenés du Nigeria, rien de particulier, c’est simplement pour étoffer mon vocabulaire. Je me rends régulièrement au bowling aussi. J’ai appris à y jouer à Molenbeek. Là, j’avais des amis et j’allais souvent à l’église. Ce n’est pas le cas ici, même si j’ai d’excellents voisins qui tentent de m’y entraîner. A Bruxelles, je comprenais le français, que j’ai d’ailleurs appris à ce moment « .

Se sent-il seul, s’ennuie-t-il ? Non, il est trop gai pour ça.  » Je bavarde régulièrement avec mes voisins ou nous mangeons ensemble. C’est agréable mais pour être franc, j’aime me coucher très tôt. Demandez à CheikGadiaga. J’ai habité avec lui à Molenbeek. Je me couche à dix heures, voire à neuf. J’en ai pris l’habitude. Au Nigeria, nous devions toujours nous lever tôt pour aller à l’école, donc, nous nous couchions tôt aussi « .

En sortant, il sourit et nous enserre la main des deux siennes.  » It was nice talking to you « .

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