Tragédie italienne

Franco Ballerini se tue en voiture.

PAR BENEDICT VANCLOOSTER

Dimanche dernier, à l’hôpital de Pistoia en Toscane, Paolo Bettini fut l’un des premiers à réconforter la veuve de Franco Ballerini, décédé tragiquement dans un accident de voiture. Bettini et Ballerini participèrent ces dernières années à de nombreux rallyes automobiles et devaient former un duo au rallye de Larciano. Bettini dut renoncer à cette course pour cause d’autres obligations et ne pouvait deviner qu’un crash serait fatal à son copilote attitré.

C’est en partie grâce à Bettini que Ballerini avait acquis une grande crédibilité en tant qu’entraîneur national de l’équipe d’Italie depuis août 2001. A l’occasion de sa médaille d’or olympique et de ses deux titres mondiaux, Bettini avait pu compter sur une Squadra Azzurra entièrement dévouée à sa cause. C’était le mérite de Ballerini qui avait su rassembler tous les égos en un bloc soudé. Une formule qui avait prouvé son succès à Zolder, où Mario Cipollini avait conquis le premier titre mondial italien de l’ère Ballerini.

En tant que coach national, Ballerini a connu davantage de succès que lors de sa carrière de coureur. En quinze ans de carrière professionnelle, il n’a jamais su accumuler les victoires. En partie à cause de diverses allergies, l’année cycliste de Ballerini se limitait aux classiques de printemps et d’automne. A part une victoire d’étape au Giro de 1991, il n’a jamais joué un rôle déterminant dans les courses à étapes.

Ballerini ne renâclait pas l’effort mais n’était pas le plus grand des tacticiens, surtout au début de sa carrière. Au sprint, il partait battu d’avance, comme en atteste sa deuxième place derrière Gilbert Duclos-Lassalle au vélodrome de Roubaix en 1993, un sprint qu’il aurait dû gagner.

Et pourtant c’est bien Paris-Roubaix que Ballerini choisit en 2001 pour mettre un terme à sa carrière, recevant une ovation debout sur la piste de Roubaix et dévoilant un t-shirt avec mention  » Merci Roubaix « . Ballerini doit son statut de champion à l’Enfer du Nord, qu’il remporta en 1995 et 1998 de manière impressionnante, après un effort en solitaire consécutif à un combat à l’usure. Lorsqu’on est le plus fort dans l’Enfer, il ne faut pas se réfugier derrière la tactique.

Au milieu des années 90, Ballero faisait partie de l’équipe Mapei, la formation à succès de Patrick Lefevere. Un team qui réduisait chaque année les concurrents au rang de figurants sur les pavés, grâce entre autres à Johan Museeuw et à Wilfried Peeters. Doté d’une carrure très athlétique – son appétit était légendaire – le Toscan formait une unité gracieuse avec son vélo. Le citoyen d’honneur de Roubaix ne subissait pas les pavés, il semblait planer au-dessus.

Même si le palmarès de Ballerini n’est pas pléthorique, il contient des belles victoires car outre Paris-Roubaix, il a également remporté le Circuit Het Volk, Paris-Bruxelles et une poignée de semi-classiques bien cotées en Italie. Ballerini venait de fêter ses 45 ans en décembre. Il laisse une femme et deux fils.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire