Tradition FUN !

Favori de l’Ardenne Bleue, le champion de Belgique peut conserver son titre presque sans le vouloir.

La saison belge des rallyes débute ce week-end avec l’Ardenne Bleue qui remplace les défuntes Boucles de Spa. Disputé entre Verviers, Spa et Stavelot, ce nouveau rallye a pour favoris Pieter Tsjoen (Toyota Corolla WRC) et Bernard Munster (Subaru Impreza WRC). On attend environ 60 concurrents parmi lesquels Bernd Casier (Toyota Corolla WRC), Mélissa Debackere (Toyota Celica), Cédric Verhees et Hubert Deferm (Subaru Impreza), Kris Princen (Renault Clio), Bob Colsoul, Tim Van Parijs et Steve Matterne (Mitsubishi Lancer).

Tsjoen, champion de Belgique en titre, est le grandissime favori et pourtant, il affirme ne pas viser la première place :  » J’ai conquis trois titres nationaux et je ne vois pas ce qu’un quatrième m’apporterait. Au début de l’hiver, j’ai même évoqué avec quelques proches la possibilité d’arrêter la compétition… Mon agenda professionnel est de plus en plus chargé. La direction d’une entreprise employant 50 personnes exige une implication complète et de nombreux déplacements à l’étranger. Intégrer la préparation des rallyes dans mon planning n’est pas évident. De plus, je restais sur une mauvaise impression après ma mise hors course au Condroz, et mon oncle Steven Vergalle partageait ce sentiment.

Manifestement, ton oncle occupe une place importante dans ton parcours sportif…

Pieter Tsjoen : Ce n’est un secret pour personne, Steven dirige une société qui me sponsorise depuis des années et il a donc son mot à dire. N’ayant nullement apprécié de me voir rejeté sur la touche à Huy, il avait même affirmé qu’on ne verrait plus une auto portant ses couleurs dans une épreuve belge. Mais il est revenu sur cette décision, notamment après une longue conversation avec Michel Jodogne le directeur du RACB.

As-tu retrouvé la motivation ?

C’est comme une maladie : je me passe difficilement des sensations que réserve le pilotage d’une voiture de course !

Comment se présente ta saison 2005 ?

J’ai programmé environ une compétition par mois. A l’heure actuelle, je suis sûr de participer aux trois premiers rounds du calendrier belge : Ardenne Bleue, Hannut et Tielt. Normalement, je disputerai également le Wallonie car le pétrolier qui me soutient veut y être présent. La suite ? C’est toujours le flou. J’aimerais passer les frontières et m’aligner au Saarland en Allemagne ou au San Marino en Italie. J’ai également un projet concernant la manche anglaise du championnat mondial, et je voudrais finir l’année par deux participations en France, sur la terre. Peut-être serais-je aussi de la partie à l’ Omloop van Vlaanderen.

 » Je ne crains personne en Belgique  »

Les deux principaux rendez-vous belges ne figurent pas dans ces prévisions…

Exact. Tout dépend du choix que feront les organisateurs d’Ypres et du Condroz. Ces rallyes sont repris au championnat européen et donc réservés aux seules voitures Super 1600 et Groupe N, à l’exclusion des WRC comme ma Toyota Corolla. Mais l’an dernier déjà, les promoteurs de quelques épreuves européennes avaient mis sur pied une annexe nationale ouverte aux grosses 4×4. Si les dirigeants yprois et hutois suivent cet exemple, je serai de la partie avec ma fidèle Corolla. Dans le cas contraire, je resterai spectateur.

Pas question d’opter pour le Groupe N ou le Super 1600 ?

Non, notamment parce que je ne connais pas bien ces autos et que, pour m’aligner dans de bonnes conditions, je devrais effectuer de longs tests préliminaires ; je n’en ai ni le temps ni l’argent. D’autre part, lorsque j’ai piloté une Groupe N et une Super 1600 l’an dernier, je n’ai pas éprouvé le plaisir que je ressens à dompter ma WRC. Et celle-ci me revient moins cher.

Ne crains-tu pas les commentaires négatifs si tu es absent dans le Westhoek et en bord de Meuse ?

Les mauvaises langues prétendront que je refuse le combat. C’est faux, je ne crains personne en Belgique, quelle que soit ma monture : au Condroz avec la Mitsubishi, je me battais avec Patrick Snijers qui s’est classé deuxième, et à Ypres j’étais dans le coup avant ma violente sortie. Cela dit, je n’ai pas l’intention de disputer une compétition contre mon gré.

Ta saison 2005 est donc placée sous le signe du fun ?

Ce mot résume parfaitement mon état d’esprit : j’ai compris depuis belle lurette que je ne serai jamais numéro 1 mondial mais j’entends m’amuser au volant. Et je me fiche des censeurs qui affirment que je me bats contre moi-même, aucun adversaire ne disposant d’un matériel comparable au mien. Je n’ai de comptes à rendre à personne, si ce n’est à mes sponsors… et ils adhèrent totalement à mon approche.

Tu es le favori de l’Ardenne Bleue…

Cela me semble normal puisque je suis champion en titre et que j’ai gagné les Boucles de Spa 2004 qui se déroulaient dans la même région. Cependant, Bernard Munster annoncé sur une Subaru Impreza WRC 2002 me mènera la vie dure. J’espère que Patrick Snijers trouvera finalement les moyens de rouler sur une WRC de pointe. Mais on connaît Patrick : s’il garde une motivation de jeune loup, il prend parfois ses rêves pour des réalités. Aussi, j’attendrai le contrôle technique la veille du départ pour savoir si je dois effectivement le compter parmi mes rivaux. Enfin, je rappelle que Bernd Casier, champion de Belgique en Super 1600, disposera de la seconde Toyota Corolla du team Future World. Certes, il manque d’expérience à ce niveau mais il peut surprendre.

Si tu gagnes les quatre premiers rounds 2005, ne seras-tu pas tenté de viser quand même le titre ?

Nous n’en sommes pas encore là ! Je déciderai de la suite de ma campagne après en avoir discuté avec mes partenaires. Ceux-ci seront peut-être sensibles à l’impact d’une nouvelle couronne…

Quel regard portes-tu sur ta discipline ?

En Belgique, les temps sont durs, personne ne le conteste. La faute à la situation économique mais aussi à une législation de plus en plus restrictive qui place les organisateurs devant une série d’obligations très contraignantes. Cela dit, je trouve que le RACB réagit bien alors que sa mission n’est pas facile. Souvenons-nous qu’il y a deux ans, tout le monde ne jurait que par la catégorie Super 1600, de nombreux importateurs se disaient prêts à jouer le jeu à fond. Où sont-ils ? Disparus, évanouis dans la nature… Heureusement, il reste des privés pour perpétuer la tradition du rallye en Belgique. Des privés qui veulent s’amuser…

Eric Faure

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